s i x

62 9 6
                                    

    Cela faisait plusieurs semaines que Jimin et Yoongi travaillaient ensemble. Et pour le pianiste, cela semblait toujours aussi irréaliste.

    Il s'était pourtant rapproché du chanteur. Du moins, suffisamment pour réussir à ne plus être aussi gêné lorsqu'il lui parlait ou le regardait. Mais il avait toujours l'impression de rêver. Et il redoutait le moment où il allait se réveiller.

    Il lui arrivait souvent de regarder discrètement son idole, de détailler son visage, son corps, et de se demander comment un être aussi parfait pouvait exister sur cette Terre. Surtout lorsqu'il dansait.

    Yoongi avait toujours été fasciné par les mouvements gracieux, précis et impeccablement maîtrisés de Jimin. Parfois énergiques et fougueux, parfois plus lents et sensuels, ou alors doux et tendres, ils resplendissaient tous d'une puissance, d'une légèreté presque surhumaine. Il aimait s'asseoir par terre, dans la salle de danse, et assister à ses entraînements. Ça ne le dérangeait pas de revoir plusieurs fois le même mouvement parce que le chanteur le jugeait raté. Au contraire, il adorait le voir progresser.

    Souvent, à la fin de ses heures d'entraînement, Jimin restait un instant sans bouger, les yeux fermés pour reprendre son souffle. Il se relevait, essuyait sa sueur et passait sa main dans ses cheveux, comme pour les décoiffer davantage. Puis il tournait la tête vers Yoongi.

    - Tu en penses quoi ? Ça t'a plu ?

    Le musicien hochait la tête. Évidemment, que ça lui avait plu. Il n'avait même pas les mots pour décrire ce qu'il ressentait lorsque Jimin dansait.

    Alors le danseur souriait, de son sourire qui faisait disparaître ses yeux. Yoongi adorait ce joli sourire. C'était comme si Jimin resplendissait de l'intérieur. Comme si son visage tout entier participait à ce sourire. Pour voir cette merveille, le pianiste aurait donné tout l'or du monde.

    Le chanteur aimait beaucoup taquiner son aîné. Il lui envoyait souvent des piques verbales, une petite lueur de malice brillant dans ses yeux sombres. Le plus vieux répliquait en faisant semblant d'être ennuyé par les gamineries de son cadet, mais en réalité il adorait le voir ainsi. Et il le laissait souvent gagner leurs petites batailles de paroles juste pour le plaisir de l'entendre rire.

    Jimin aussi venait souvent voir Yoongi s'entraîner. Lorsque le brun s'installait à son piano, le chanteur faisait de son mieux pour s'installer à côté de lui et le regarder jouer. Si, au début, cela avait profondément déconcentré le musicien, il avait fini par s'y habituer.

    Surtout que, souvent, la douce voix de Jimin se mêlait aux notes mélodieuses du piano.

     Dans ces moments-là, Yoongi fermait les yeux pour mieux écouter. Il se laissait emporter dans un univers lointain, tissé par la musique et le chant, par leurs deux âmes entrelacées. Il se sentait bien. Apaisé.

    Il avait souvent du mal à revenir sur Terre après ces instants magiques. Il flottait encore un peu dans l'espace tandis que les le dernier écho des notes résonnait dans le silence. Il ouvrait les yeux, lentement, pour ne pas briser le charme.

    Il aurait voulu rendre ces moments éternels.

    Justement, c'était un soir d'avril, alors qu'ils étaient tous les deux encore un peu enivrés de cette sensation unique, que Jimin prit la parole.

    - Yoongi... je voulais te demander...

    Sa voix tremblait légèrement, ce qui n'était pas dans ses habitudes. Le pianiste se retourna aussitôt pour le fixer avec attention, un peu inquiet.

    Assis par terre non loin de là, le chanteur était légèrement recroquevillé sur lui-même. Ses mains enserraient ses genoux avec force, blanchissant les jointures de ses doigts. Il fixait un point sur le sol. Ses cheveux roses retombaient devant ses yeux, mais il n'y prêtait pas attention.

    Il semblait soudainement plus fragile, plus vulnérable, et Yoongi sentit une pointe d'inquiétude égratigner son cœur.

    Il n'aimait pas le voir dans cet état.Celalui faisait mal, d'une douleur qui lui avait été jusqu'alors étrangère. Il avait presquel'impression que c'était lui qui ressentait cette tristesse, comme si Jimin etlui n'étaient qu'un.

    - Oui ? demanda le pianiste d'une voix douce, ne voulant pas le brusquer.

    Le danseur ne répondit pas tout de suite. Pendant un long moment, il ne bougea pas, et seul le léger bruit de sa respiration prouvait qu'il n'était pas une statue.

     Puis il reprit d'une toute petite voix, presque inaudible, et murmura les mots qui transpercèrent Yoongi de part en part.

    - Est-ce que... tu me trouves gros ?

Tombent les masques - y o o n m i nWhere stories live. Discover now