Chapitre 2

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Mes bagages étaient pratiquement prêts. Demain je prenais mon bus direction Forks. Mes trois semaines de travail s'étaient bien passées et j'avais assez d'argent en poche pour profiter de mes vacances sans rendre des comptes à mes parents.

Paula la vétérinaire était vraiment super sympa avec moi. Nous nous entendions très bien et elle m'a demandé de revenir dès la prochaine rentrée pour donner un coup de main. J'avais adoré m'occuper des animaux, j'avais un bon feeling avec eux.

Mon père avait fait le point avec ma tante sur les règles que je devais respecter. Un point me hantait était-elle le double de son frère ? Je ne pouvais plus faire machine arrière j'irais chez elle.

La froideur de mes parents m'avait blessé. Pas un mot de toute la soirée, comme si je ne devais pas partir, comme si je n'étais qu'un boulet qu'on se débarrassait pour quelque temps. Ma mère n'eut aucun geste maternel pour moi, de toute façon je n'avais aucun souvenir d'une attention particulière qu'elle aurait eu à mon égard. Je ne me rappelais même plus quand je l'avais embrassé pour la dernière fois. Est-ce qu'un jour je rencontrerais quelqu'un qui prendrait soin de moi, qui m'apporterait l'amour et l'attention qui me manquait tant.

Cette nuit là je dormi très peu. Je pensais à mes vacances, à mon avenir, à ma nouvelle vie futur, me retournant encore et encore dans un semblant de sommeil.  J'étais levée depuis une demi-heure lorsque le réveil sonna. Je quittais ma chambre portant péniblement mon sac. Je vérifiais une dernière fois si je n'avais pas oublié quelque chose mais tout à ce à quoi je tenais je l'emportais avec moi.

Quelque chose clochait lorsque j'arrivais dans la cuisine. Ma mère était seule.

- Où est père ?

- Parti à son travail. Pourquoi ?

- Et bien il devait me conduire à la gare routière.

- Je pense que ce n'était pas prévu à son programme. Il n'a pas que ça à faire, il travaille dur et n'a pas de temps à perdre.

Quoi ? Pas de temps à perdre ! J'avais les larmes aux yeux. S'il n'avait pas voulu avoir d'enfants, il fallait me faire adopter. J'avais envie de lui dire le fond de ma pensée mais me retint pour éviter tout drame qui permettrait à ma mère de m'interdire de partir.

J'avançais sur le trottoir sans un regard sur ma maison. C'était un peu comme si je partais définitivement, comme l'intuition que je disais adieu à cette vie. Et si c'était vraiment la dernière fois que marchait dans cette rue ?

Non ! Reprends-toi ma vieille, tu allais en vacances et reviendrais très vite reprendre le cours de ton existence.

Une de mes amies n'habitait pas très loin et je voulais lui demander si elle pouvait me déposer à la gare. Mon bus partait dans une heure et il était hors de question que je le laisse partir sans moi. Sa mère accepta de me conduire malgré son jour de repos. Tout le trajet se passa en silence mais je sentais son regard se poser régulièrement sur moi. J'imaginais qu'elle n'aimait pas particulièrement mes parents comme tout le monde dans notre quartier.

J'avais mon billet en main et je m'apprêtais à monter dans l'autobus. Je ne pensais pas qu'autant de monde pouvait prendre la direction d'un endroit si peu attractif. C'était clair que les agences de voyages faisaient plutôt de la pub pour la Californie ou la Floride. Je m'installais au fond attendant patiemment que le bus démarre.

Il faisait déjà très chaud mais je m'en moquais, rien ne viendrait gâcher cette journée qui commençait.

J'étais enfin en vacances. J'étais assise dans un bus bondé qui m'emmenait chez ma tante et dans quelques heures je ne serais plus aussi ravie de ce voyage lorsque le véhicule se remplirait de l'odeur de transpiration inconfortable.

Pour le moment personne ne s'était installé à côté de moi, ça me convenait très bien. Je pris mon cahier fétiche, je voulais en profiter pour écrire un peu, mon histoire avançait doucement selon l'inspiration. Je cherchais au fond de mon sac mon stylo qui s'échappa de mes mains afin de rouler sur le plancher du bus.

J'essayais de le prendre sous le siège devant moi mais il avait certainement roulé plus loin.

- Je crois que c'est à vous ! me dit un garçon en me tendant le stylo fugueur au-dessus du siège.

- Merci ! lui répondis-je.

J'essayais de reprendre là où j'en étais mais ma curiosité avait encore une fois pris le dessus sur ma raison. Cette voix était charmante et j'essayais de m'imaginer à quel type de personne elle pouvait appartenir. Etait-il blond ou brun ? Des cheveux courts ou longs ? Quel était la couleur de ses yeux ? Ce fut en réfléchissant aux plusieurs possibilités que je m'endormis. Lorsque j'ai ouvert les yeux, j'étais arrivée à Forks. Je soupirais. Qui venait passer ses vacances ici je me le demandais ?

Évidemment j'avais une préférence pour la Californie mais je n'avais pas eu le choix. Je n'avais pas les moyens de me payer de superbes vacances et surtout je n'y connaissais personne. Le soleil n'était pas toujours au rendez-vous et les températures extérieures ne battaient pas des records mais au moins ça me permettait de m'échapper de mon quotidien, de mes parents.

J'espérais vraiment que ma tante Kristen soit moins stricte et me laisserais plus de liberté que je n'en avais eue jusqu'à présent. J'avais envie de vivre sans contrainte.

Je me dépêchais de regrouper mes affaires, j'avais besoin de sortir d'ici, de me dégourdir enfin les jambes. Je regardais les personnes debout devant moi espérant que l'inconnu à la voix si charmante se retourne et me sourit afin que je puisse le reconnaitre. Mais j'étais dans les dernières à descendre du bus.

Je respirais profondément afin de faire rentrer dans mes poumons le plus d'air pur possible. J'allais récupérer mes bagages dans la soute et m'éloignais légèrement.

- Luna ! Luna !

Je cherchais des yeux la personne qui m'appelait et mon regard s'arrêta sur une très belle jeune femme. Elle se précipitait vers moi en me faisant de grands signes me souriant.

- Tante Kristen !

- S'il te plait ici appelle-moi juste Kristen ou Kris. Dépêche-toi je me suis garée en double file et je n'ai pas vraiment envie d'avoir une amende.

Elle prit mes bagages et filait vers ce qui était me semblait-il la rue principale. Je me demandais si nous allions encore courir longtemps avant d'arriver à sa voiture.

Le jour où tout changea dans ma vieWhere stories live. Discover now