Chapitre seize

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Lorsque Newt se regarda une dernière fois dans la glace avant de partir au lycée ce lundi-là, il jura qu'il aurait pu sentir son estomac se nouer et se tordre de manières inhumaines. Il devait faire face aux gens, à nouveau. Il devait faire face à Thomas en portant cette horrible sensation de mensonge sur ses épaules.

C'est pour cette raison que ce matin-là, il jura de ne plus répondre à Alby. Jamais. Il devait le retirer de son téléphone, de son esprit, de sa vie. Thomas était là, gentil et sincère. Il l'aimait. Alby n'avait plus rien à lui offrir, pas même de belles paroles qu'il avait vomi toute la semaine.

« C'était pas ce que je voulais. »

« Je m'en veux toujours. »

« Je n'ai jamais pensé ce que je t'ai dit. »

« Je ne pensais pas que ça irait aussi loin, je lui faisais confiance pour ne pas le répéter. »

« Je t'aime toujours. »

« Reviens moi, s'il te plait. »

Newt se mordit les lèvres, les yeux soudainement humides et piquants. C'était tout ce qu'il avait toujours rêvé d'entendre d'Alby. Il lui avait enfin dit ce que Newt s'était imaginé dans sa tête. Une partie de son cœur voulait lui répondre « Je t'aime aussi » mais la grande majorité de son être réclamait Thomas. Son sourire, ses yeux, son odeur. Il était clair qu'il ne pouvait pas ruiner tout ça pour une infime minorité influencée par des fantaisies.

Mais c'était aussi pour cette raison qu'il devait tout avouer. Qui il était et ce qu'il avait fait. Les secrets devenaient trop lourds à porter et l'enfonçaient chaque jour plus profondément.

Thomas était heureux et anxieux à la fois. Pour la première fois depuis un peu plus d'une semaine, il pouvait enfin attendre le garçon qu'il aimait au portail de l'école. Mais malgré tout, il ne pouvait se défaire de l'idée que Newt s'éloignait de lui. Il avait imaginé cette scène encore et encore et maintenant il avait peur que le blond ne soit pas aussi enthousiaste à l'idée de le revoir qu'il ne l'avait anticipé. Il vérifia l'heure sur son portable non sans une once d'impatience. Les minutes défilaient et ils allaient finir par être en retard en cours (chose que Thomas ne voulait pas, étant déjà dans le collimateur de pas mal de profs). La pensée que Newt ne vint pas ce matin lui croisa l'esprit. Il aurait alors espéré un sms, juste de quoi le prévenir. Trois fois rien. La sonnerie avait déjà sonné et il était toujours là, à attendre. Des surveillants allaient bientôt venir fermer le portail. Thomas soupira de déception (et probablement de tristesse également) et rentra dans la cour du lycée. Il ne viendrait pas. Un soufflement long et bruyant s'échappa de ses poumons. Ses mains s'enfoncèrent dans ses poches et ses pieds trainaient au sol lorsqu'une main agrippa son bras droit. Il eut un léger sursaut et se retourna, plein d'espoir.

« Désolé pour le retard. » C'était Newt. Il était en face de lui, en chair et en os. Il esquissait un léger sourire, presque gêné.

Thomas l'entoura de ses bras et le serra contre lui.

« Tu m'as manqué. » chuchota-t-il dans la chevelure blonde de Newt. Son odeur emplissait ses navires et enivrait ses sens. Thomas réalisa à quel point il lui avait manqué, bien plus que ce qu'il pensait. Il ne pouvait le laisser partir. Son seul désir était de le garder dans ses bras et de l'embrasser, encore et encore. Mais Newt se défit de son emprise.

« On est en retard. » Un autre sourire gêné.

La journée de cours s'était déroulée ainsi : Newt était là sans être là. Avec les autres, ça semblait aller mais avec Thomas, il y avait comme un mur invisible entre les deux. Newt était incapable de se montrer aussi proche de Thomas qu'habituellement. Il avait essayé pourtant mais ses pensées lui hurlaient à chaque fois que Thomas allait savoir, qu'il allait le rejeter, que ça serait Alby une seconde fois. La peur prenait le dessus et l'éloignait du garçon.

Ces choses que tu caches [NEWTMAS]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora