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Je m'étais souvent inquiété du jour où j'aurais eu à rencontrer les parents d'Hugo. Bien qu'on soit ensemble, hum, qu'on ai été ensemble durant plus d'une année, je ne les ai jamais vus. Mille questions tournaient dans ma tête ; est-ce qu'ils m'auraient accepté après que leur fils ai avoué que j'étais son petit ami, que non il n'était pas gay, que c'était juste moi ? Est-ce qu'ils m'auraient apprécié ? Ou plutôt haï ? Est-ce qu'ils auraient pu m'empêcher de voir Hugo après ça ? Est-ce qu'ils s'en doutaient ?
Je me suis posé ces questions durant un an, je me demandais même comment j'aurais dû m'habiller ce jour-là.

Mais je n'aurais jamais pensé que j'aurais eu à les rencontrer à l'enterrement d'Hugo. Je n'aurais jamais pensé non plus que mes premiers mots envers eux auraient été « toutes mes condoléances ». Jamais je n'aurais pu imaginer ça. Même dans mes pires cauchemars.

J'ai dû me présenter, comme le petit ami du fils qu'ils étaient sur le point d'enterrer.

Cette journée restera gravée dans ma tête comme l'une des plus horribles de ma vie. Tous ses proches étaient là, j'ai rencontré tous les membres de sa famille dont Hugo me parlait. Seulement eux, ne savaient absolument pas qui j'étais. Et c'était douloureux. Je crois que je lui en veux un peu, à Hugo.
Il était la plus grande partie de ma vie, il savait tout de moi et je savais tout de lui, chaque personne qui m'approchait étaient au courant qu'il était mon petit ami. Alors que ses proches à lui ne connaissaient même pas mon prénom.
J'ai donc eu l'impression de ne pas être légitime d'être là. Que ma tristesse ne valait pas celle des autres. Que mon mal-être n'avait pas lieu d'être, puisque, personne ne savait qui j'étais, je ne devais pas être si important que ça, alors je n'avais pas à être si triste.

Je suis resté longtemps dans le cimetière, le soleil était couché depuis des heures mais je n'arrivais pas à partir du cimetière. Je déteste l'idée qu'il soit enfermé là, seul. Qu'il se sente abandonné. Alors, j'ai fait les cent pas dans cet endroit maudit, en regardant les noms sur toutes les plaques, imaginant ce qu'étaient leurs vies.
Leurs vies.
C'est douloureux. Vraiment douloureux. Des vies qui se résument maintenant seulement à une plaque indiquant prénom, nom et les années où cette personne était en vie.

Je n'ai pas envie qu'Hugo ne soit plus qu'un nom sur une tombe. Je veux qu'il soit plus. Je veux que chaque personnes ai un bout de lui dans sa vie, qu'il continue à illuminer des existences. Je veux pas oublier, je ne veux qu'aucun détails de sa personne ne m'échappe.

Alors je suis rentré. J'ai prit une feuille, un crayon, et j'ai dessiné. J'ai dessiné sa douleur. Son visage. Nos souvenirs. Ses maux. Nos mots.

J'y ai passé la nuit. Chaque coup de crayon retirait une épine dans mon cœur, mais le brisait aussi un peu plus.
Il est partout sur le papier. Il est partout sur le sol de ma chambre.

Mon regard se perd dans la pièce, je le vois partout. Sur mon lit en train de lire. Sur le bureau à me regarder travailler. Assis par terre lorsqu'on jouait au monopoly. Sur le bord de ma fenêtre avec sa clope à la main. Contre les murs lorsque je l'embrassais. Il est partout. Vraiment partout.

Sauf avec moi.

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⏰ Last updated: Nov 18, 2018 ⏰

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