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Après une bonne journée, il est temps que je rentre. Je traîne des pieds jusqu'à chez moi. En entrant, ma mère m'appelle :

-Anna ! J'ai encore reçu un appel du lycée ! T'a pas été à l'école ?!

Durement, je répond. 

-Non.

-Mais qu'est ce que t'a dans la tête, enfin ?! Pourquoi tu fais ça ? Tu est irresponsable ! [elle s'est mise à crier] Qu'est ce qu'on va faire de toi ?! Si tu rate ton année, où tu va aller !? Personne ne voudras de toi.

Je lance mon sac, soudainement secouée de frissons dont je connais très bien la source. 

-Laisse moi, dis je d'une voix qui n'a rien à voir avec ma voix habituelle. 

-Non ! Je ne te laisserais pas pourrir ton avenir pour tes conneries ! 

Sans le vouloir, elle réveille ce qui sommeillait en moi jusque là. 

-Mes conneries ! Quelles conneries ? Toi et tes discours à la con ne feront rien à ce que je suis ! T'entend ?!! [je tremble et commence à avoir la nausée] Tu ne comprend rien, t'es qu'une sale humaine, comme tout les autres !

Je l'a regarde dans les yeux. Mon instinct m'oblige à rester, à la défier. Des larmes de colère coulent sur mes joue. Elle se calme, et dit simplement : 

-Je ne veux que ton bonheur et ta réussite. Mais là, tu va trop loin. Tu est humaine, chérie...

Je ne la laisse pas finir sa phrase qui me met hors de moi. J'avance de quelques pas vers elle en grognant.
-Nous allons t'emmener voir quelqu'un. Quelqu'un qui va t'aider pour ta maladie.
J'ai cru tomber. Ma mère me traite de folle !
-Je ne suis pas malade, et je n'irais voir personne.
-C'est ce qu'il faut Anna !
Mon regard doit lui sembler de glace. J'ai appris à ne pas montrer mes émotions, ni mes faiblesses. Je secoue la tête, empoigne mon sac et dit méchamment :
-C'est plutôt à toi d'aller voir quelqu'un, moi j'irais nul part !
Et je monte dans ma chambre en courant.
Je m'assoit sur mon lit, et naturellement, ma main attrape mon pendentif. Solidement fixé autour de mon cou, ce pendentif, une tête de loup en acier, est attaché à une jolie cordelette en cuir. L'agripper me calme, me faisant oublier ma colère.

Je reste plusieurs minutes là, à réfléchi lorsqu'une idée me vient. Je me lève, prend mes écouteurs et descend mettre mes chaussures. Ma mère me regarde de la cuisine, mais j'ignore son regard et je sors. Le froid mordant de cette fin Novembre à apporté une neige précoce. Je pars en direction de ma forêt.
Avec le temps, j'ai appris à marcher vite, même dans vingts centimètres de neiges.
Après quelques centaines de mètres, mon élan est stoppé net. D'abord une empreinte -ou plutôt une série d'empreintes- puis une odeur. Mon sang ne fait qu'un tour. Des pas de loups, une odeur de loups... J'ignorais que des loups vivaient ici !! Je suis leurs traces. Une heure de marche acharnée à travers ce qui est maintenant une immensité de sapins enneigés. Soudain, leur fumet se fait mille fois plus intense. J'approche. Je me fait un passage à travers les buissons, et la.. Rien ! Plus de traces, ni d'odeurs ! Comment est-ce possible ?? Je me met à pleurer, détruite... 

Ce n'est qu'après un moment que je la remarque. Une maison, ou plutôt un chalet, se dresse à quelques mètres de moi, la cheminée fumante et les lumière allumées. Sans que je m'en sois rendu compte, la nuit est tombée, et je me retrouve au milieu de cette forêt où je ne me suis jamais aventurée, devant ce chalet inconnue. Je ne peux pas prendre le risque de rentrer, la forêt est bien trop dangereuse la nuit, même pour moi.
Je n'ai plus le choix.
J'avance vers le chalet, mais un craquement derrière moi m'arrête. Quand je me retourne, je reste figée. Un loup. Je suis immobile, fascinée par cet animal à la taille égale à celle d'un dogue allemand. Une taille inhabituelle pour un loup ! Sa belle fourrure grise est parsemée de givre léger. Je tremble tant cette créature m'impressionne. C'est la première fois que j'en vois un en vrai, et j'aimerais que ce moment ne se termine jamais.

Mais d'un bond gracieux, il disparu derrière la maison, et je ne le vit plus.
En côte troublée par cette rencontre, et par ce regard jaune que je n'oublierais jamais, je frappe à la porte. 

J'entend quelqu'un marcher à l'intérieur, puis un garçon d'une vingtaine d'années m'ouvre. Je frissonne. Ai-je peur ? Ou juste froid ? Moi même je ne peut le dire. Il me sourit :
-Bonsoir.
-Bon-bonsoir. Excusez moi de vous déranger, mais.. Je me suis perdue et il fait nuit alors quand j'ai vu la lumière j'ai... bredouillais-je.
-Entre, chuchote-il.
La chaleur de la pièce m'envahit d'un coup, me rassurant presque assez pour baisser ma garde. Le jeune homme m'amène dans ce qui semble être le salon. Une énorme cheminée, adossée au mur, chauffe sans doute toute la maison. Deux grands canapé en cuir recouverts de plaids en fausse fourrure sont placés au milieu de la pièce, face à une table basse en chêne. L'atmosphère est si agréable que je me surprend à sourire, à m'abandonner en fermant les yeux, lâchant prise pour de bon. Il fait si chaud !

Stop ! Je secoue la tête et quand je rouvre les yeux, une autre personne avait fait son apparition. Merde, Anna, fais plus attention ! Mon instinct hurle désormais au danger dans ma tête. Un semblant de frisson parcours ma peau, dévoilant ma peur naissante. Le nouveau venu, un garçon, doit avoir mon âge. Il est assit sur l'un des canapés, un mug fumant entre les mains. Ses cheveux blonds mal coiffés lui donne l'air gentil, doux. Sauf qu'il ne faut jamais ne se fier aux apparences.

C'est quand il lève la tête pour me regarder que je voit ses yeux. Jaunes. Des yeux jaunes. J'ai malgré moi, détourné le regard.
-Ne t'inquiète pas, c'est mon frère, Tate. Moi c'est Paul.
Sa main sur mon épaule me fait reculer.
-Je ne veux pas déranger plus longtemps...

Mon cœur s'emballe, l'angoisse commence doucement à m'envahir.
Tate s'exclame soudainement :
-Je la connais, c'est Anna Liam.
Pardon ???? 

Avant que je ne puisse demander quoi que ce soit son odeur s'accentue. Paul s'avance, et ses yeux noir deviennent jaune, comme ceux de son frère. Mais je suis tombé où là putain !?
-Tate, arrête. Va nous attendre dans la voiture, s'il te plait.
L'autorité qu'il dégage fait froid dans le dos ...
-Excuse le. Tu sais.. ça fait longtemps qu'il me parle de toi, et je ne pensais pas que.. Que tu existait vraiment...
Je le fixe sans rien comprendre. C'est quoi ce fou ? Qu'est ce qu'il sait de moi ?! Mais encore une fois, je n'ai le temps de poser aucunes questions. Le plus vieux me pousse vers la sortie.
- Allez viens, je te ramène chez toi.

Le Temps des LoupsWhere stories live. Discover now