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En marchant vers la voiture, je repense à ce que "Paul" m'a confié un peu avant. Son frère m'observe ?! Et depuis pas mal de temps apparemment. Je jurerais pourtant ne l'avoir jamais vu. Je pense que ses yeux m'auraient marqués d'avantage.

Paul m'ouvre la portière avant de la refermer derrière moi. Je m'étonne à voir Tate à l'arrière, ses yeux noir tournés vers la forêt. Une seconde.. Ses yeux sont noirs maintenant ?? C'est un peu perdue que je me reconcentre sur son frère qui vient s'asseoir au volant et démarre.

-Tu m'indiqueras la route, quand on seras sorti du bois, d'accord ? Il sourit.

-Pas de problèmes.

J'essaye de paraître à l'aise, mais mon sang bouillonne dans mes veines, mon esprit me criant de m'enfuir de cette voiture remplie d'hommes inconnus. Tate ne parle pas, mais son odeur devient de plus en plus forte. Les yeux de Paul pâlirent.

-Tate, calme.

Il s'agite, émettant des bruits d'une nature qui me semble tout sauf humaine. Puis soudainement, il semble exploser. Sa masse se retrouve d'un coup entre Paul et moi.

-Tate ! Retourne derrière, je conduis bordel ! Hurle Paul, enragé.

Mais le jeune homme ne parle pas. Il se contente de fixer son frère, me tournant le dos. D'un coup maîtrisé, Paul renvoi Tate à l'arrière.

-Bravo, t'as réussi à lui faire peur, gros débile !

C'est vrai, Tate me fait peur, là, à l'instant.

~

Le reste de la route se fit sans interruptions. Paul se gare devant chez moi, et vient ouvrir ma portière. Il me sourit malgré l'incident de tout à l'heure.

-Revient quand tu veux, Anna ! Tu es la bienvenue chez nous !

Je souris poliment, ne comptant absolument pas retourner là bas. Je ne les connait pas, et le comportement insolent de Tate ne m'en donne pas envie.

Un signe de la tête, et le 4x4 s'éloigne. Je l'observe jusqu'à ce que celui ci ne ressemble plus qu'à un petit point dans l'horizon enneigé.

Mon père est rentré à la maison, et ça, c'est pas très bon signe. Doucement, je pénètre dans l'entrée, et suis désespérée par l'heure affichée par l'horloge : 19h13 !

Mes parents doivent être assez inquiets.

Ils sont dans le salon. En me voyant, ma mère s'écrie :

-Anna !!! T'étais où ? T'as vu l'heure ?!

-Je me suis perdue dans une partie de la forêt que je ne connais pas. Mais c'est bon, je suis là, et j'ai faim !

Mon père s'avance, avant de dire d'une voix grave :

-T'es virée du lycée, Anna.

Ma mère m'en veut pour ça, je le sent. Son regard triste posé sur moi me rend malade. Je déteste ça. Encore plus que je ne l'a déteste elle, pourtant..

Je mange doucement, et reste toute la soirée vers mes parents pour regarder ma série préférée avec eux même sil'ambiance n'est pas la meilleure qui puisse être. Au alentours des minuit, je leurs dit bonne nuit et monte dans ma chambre. Je m'allonge sous mes couettes, et je réfléchi à ma journée. Ma rencontre avec Paul et Tate, l'odeur des loups... Je m'endors alors avec cette odeur dans le nez.

~

6h25. Mon réveil sonne. Je l'éteint sans même ouvrir les yeux. Aucune utilité, je n'ai plus d'école !

Une heure passe, mais impossible de me rendormir. Saloperie de réveil !

Bon, j'ai plus qu'à me levé.. Je m'habille et me pose devant mon ordinateur. Je regarde mes messages mais ne trouve rien d'intéressant. Mes pensées vont soudainement à Tate. Il m'intrigue beaucoup, c'est assez étrange. Je suis à la fois totalement repoussée par ses actes, mais plus je songe à notre rapide rencontre, plus j'ai envie d'en savoir plus sur lui.

Ma mère entre avec une pile de linge, interrompant mes pensées.

-Anna, tu est déjà debout ?

-J'arrive plus a dormir..

-Je vois. En faite, qui t'as ramené hier ? Me dit-elle en rangeant les vêtements dans mon armoire.

-Euh..

Je ne peut pas tout lui raconter. C'est une histoire d'une intimité que je n'ai pas avec elle, ou plus autant qu'avant du moins.

-... Le frère d'un pote.

-D'accord.

Elle sort aussi vite qu'elle est entrée. Ça prouve qu'elle m'en veut encore... Je soupire et décide à aller faire un tour dehors.

Je sors, non sans ressentir durement le froid du jour qui débute mordre ma peau, marche jusqu'au portail et le dépasse, franchissant ainsi la barrière humaine qui me séparait avant du monde sauvage.

Douce musique dans les oreilles. Je ne fait pas attention au paysage, je le connais par cœur ! Je marche, réfléchis, et c'est tout. Après un certain temps, un arbre couché sur le sol m'offre l'occasion de m'asseoir et de me reposer un peu. Mais à peine assise, quelque chose attire mon attention. Je tourne le tête et le voit. Le loup d'hier. Il est immobile, debout à l'orée de la forêt .

Ses beaux yeux jaunes fixés sur moi .

Je me lève et m'approche doucement, la main tendu vers lui. Il esquisse un mouvement de recule, comme si il hésitait, ce qui provoque chez moi la peur qu'il ne parte en courant et ne disparaisse à jamais.. Ma main touche presque son encolure quand il se met à haleter. Son souffle chaud produit une épaisse brume dans la fraîcheur du matin. Mes doigts tremblant pénètrent enfin sa fourrure, et un long frisson parcours mon échine. Voilà des années que je rêve à l'idée de toucher un loup, et voici qu'enfin, je le peux. C'est un sentiment inexplicable. Son odeur parvient à mon nez. Cette odeur musquée, agréable, inoubliable, m'emplit de bonheur... À ma grande surprise, le bel animal se laisse caresser avec plaisir, réagissant aussi simplement qu'un chien. Mais sa taille est si différente de celle d'un loup normal ! Sa tête est énorme, et ses crocs aussi. Je reste là, contre lui, à faire glisser mes doigts sur sa robe grise parfaite. C'est une couleur que j'avais déjà vu sur d'autre loup, mais elle semble encore mieux sur lui. Et tout comme hier, celle ci brillent de glaçons.

Puis soudainement, il s'assoit. Plus de contact entre nous. Ses oreilles tressaillent, et je comprend enfin son geste : un autre loup, à la robe noire et feu, presque comme celle d'un berger belge, s'est posté à coté de lui, à mon opposé. Il grogne, et montre ses longs crocs luisants. Le loup gris s'est mit à gronder lui aussi. Je recule, effrayée. Ils se tournent désormais autour, menaçant de se battre à tout moments. Le temps s'arrête quand le loup noir et feu saute sur l'autre pour le clouer au sol et l'y maintenir, mâchoire serrée sur la gorge du loup gris.

Et moi, là, impuissante, des larmes coulant sur mes joues brûlantes. En me voyant pleurer ainsi, le loup gris semble avoir un déclic, se rebiffe et réussi à se libérer de son agresseur. Pourtant, il ne l'attaque pas. Tout deux se regardent en chiens de faïences pendant quelques secondes. Le loup noir me regarde un instant avant de se retourner en bousculant l'autre et de disparaître dans la forêt. Le second, lui, hésite. J'ose espérer qu'il va revenir vers moi, mais non. Il tourne les talons sans un regard et disparaît à son tour.

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⏰ Last updated: Nov 29, 2018 ⏰

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Le Temps des LoupsWhere stories live. Discover now