Deux jeunes femmes de deux époques différentes font face à des évènements qui mettent à mal leurs existences.
• Imane, avant dernière d'une fratrie de cinq enfants, travaille dans un restaurant avec sa sœur pour faire face à la misère.
• Imane...
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Quand elle se regardait dans un miroir, elle ne voyait que son reflet. Elle était Imane Anne- Lise Adje, fille de Marc-Henri Adje et personne d'autre. Son père pourtant voyait une autre personne lorsque son regard mélancolique se posait sur elle. La porte du passé restait scellée par une clé qu'Anne-Lise ne possédait pas. L'histoire s'écrivait ailleurs, dix-sept années plutôt.
LIVRE 1 : La mère
Les récentes affluences de touristes venus de tous horizons avaient quelque peu entaché le paisible quotidien de Louado comme le redoutaient certains. La petite ville située au centre-ouest de la Côte des Ébènes séduisait par ses forêts luxuriantes, ses monts vertigineux et ses lacs, berceaux de mythes et de légendes contés autour des feux de bois. Louado était à cette époque un paradis naturel encore aux prémices d'une modernité conquérante.
Les démarches entreprises par le gouvernement pour en faire le nouvel eldorado touristique d'Afrique avaient favorisé le développement du commerce, la construction d'infrastructures et la stricte réglementation de l'exploitation forestière. Louado avait finit par devenir une ville où se mêlaient plusieurs ethnies et plusieurs cultures avec convivialité. Une convivialité encore plus palpable sous un ciel d'août marqué par les grandes vacances.
Un vent doux et léger soufflait sur la cité des manguiers, un petit quartier de la ville. Les rayons du soleil se voulaient ce jour-là plus compatissants envers les habitants qui avaient à faire. Au nombre des commerçants, Imane revenait de la maison du vieux Adjo avec un panier vide près de la hanche.
Le quinquagénaire fut heureux de se faire livrer son plat de riz et de sauce à base de graines de palmiers à huile. Il vivait seul depuis le décès de sa femme et le départ de ses enfants pour la capitale. Toutes les personnes qu'on lui envoyait comme aide finissaient par partir car elles le trouvaient désagréable. Il ne voulait pas non plus se rendre à la capitale parce-qu'il tenait beaucoup trop à sa petite parcelle de terre cultivable. Son chemin croisa bon nombre de fois le restaurant des sœurs Bakayoko dont la cuisine lui paraissait presque aussi délicieuse que celle de sa défunte femme mais un persistant mal à la jambe droite l'empêchait maintenant de s'y rendre. C'est ainsi qu'Imane s'était proposée de lui livrer sa nourriture le temps qu'il se rétablisse.
La jeune fille de dix-neuf ans au teint d'ébène et aux cheveux nattés se plaisait dans cette nouvelle routine dont elle profitait pour rejoindre la menuiserie où travaillait Simon. Elle dissimulait le plat qu'elle réservait à ce dernier sous un morceau de pagne au fond de son panier, de peur de subir les interrogations de sa sœur Kadi.
Simon et Imane entretenaient une relation amoureuse qui avait germé il y a de cela sept années. Le garçonnet de onze ans qu'il était à cette époque, venait de quitter son village natal afin de poursuivre ses études secondaires dans la ville de Louado.
