Chapitre 20

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J'attends nerveusement devant la porte de chez Thomas, sentant le stress s'emparer de moi. Je n'ose pas encore frapper, craignant que cette soirée ne prenne rapidement une tournure désastreuse, comme c'est souvent le cas lorsque Thomas et moi nous voyons. Alors que je m'apprête à frapper, la mère de Thomas apparaît subitement devant moi.

- Thomas! s'exclame-t-elle, ton amie est arrivée.

Je m'apprête à la saluer, mais elle disparaît de mon champ de vision avant même que je puise lever ma main. Je reste figée à l'extérieur, devant la porte grande ouverte, troublée par cet accueil. Je vois Thomas descendre à toute vitesse.

- Alice, entre donc, me dit-il.

Je reste dans l'entrée, immobile. J'ai la désagréable impression, d'après la réaction de sa mère, que si je franchis le seuil de la maison, les choses vont se compliquer pour nous deux.

- Al, s'il te plaît, entre, insiste-t-il en prenant ma main et me tirant doucement à l'intérieur.

- Si tu préfères, je peux rentrer chez moi, lui demandai-je. Je ne veux pas déranger ta mère.

- Écoute, je ne sais pas ce qu'il lui prend. Je vais lui demander de s'excuser.

- Non, surtout pas, le coupai-je. Ça va, je suis capable de me défendre seule, et je ne veux pas attirer l'attention sur moi.

Nous nous installons dans la cuisine et je donne un coup de main à Thomas pour mettre la table.

-Ta sœur n'est pas là ce soir?

C'est alors que la mère de Thomas fait son entrée dans la pièce.

- Bon, ça ne fait que cinq minutes que tu es entrée dans ma maison que tu me jettes déjà au visage ma séparation avec le père de Thomas? s'exclame-t-elle d'un ton cinglant.

- Je... non pas du tout, je ne voulais pas..., bredouillai-je.

- Wow mon Thomas, je vois que tu régresses dans le choix de tes prétendantes, commente-t-elle ironiquement.

- Ok maman ça suffit maintenant, tu as accepté qu'Alice vienne pour souper, pourquoi agis-tu ainsi?

- Et toi, pourquoi as-tu laissé Geneviève ? Tu as brisé son cœur, cette pauvre petite. Je pensais que tu étais sur la bonne voie, mais dès que j'ai appris votre rupture, je savais que tu deviendrais comme ton père. Je savais que tu coucherais à droite et à gauche et que tu ramènerais tes conquêtes ici, poursuit-elle, accusatrice

- Bon, là ça suffit. Je ne sais pas ce qui te prend ce soir, et je ne sais pas s'il s'est passé quelque chose avec papa, et si c'est le cas, je suis désolé, mais je n'ai pas à en subir les conséquences. Tu parles de moi comme si j'avais ramené un tas de filles ici, et tu sais très bien que ce n'est pas le cas, réplique Thomas, visiblement agacé.

Ma tête commence à tourner, je ne me sens pas très bien. J'aimerais disparaître à l'instant, mais malheureusement, je n'ai aucun moyen afin d'y parvenir. Comment en si peu de temps sommes-nous arrivés dans cette situation?

- Écoute, il n'y a même pas un mois, tu as ramené une fille ici pour passer la nuit, et maintenant tu me présentes cette fille comme si c'était l'amour de ta vie ? poursuit-elle, cherchant à enfoncer le clou.

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine, je pense sincèrement tomber sans connaissance. Malgré mon état, je réussis à laisser échapper :

- Tu as quoi Thomas?

Il se tourne vers moi, plongeant son regard dans le mien.

- Désolée Thomas, mais elle doit savoir ce dont tu es capable, je ne te laisserai pas briser des filles ainsi. Si quelqu'un m'avait prévenu, moi, pour ton père, je crois que je vivrais mieux aujourd'hui, déclare-t-elle d'une voix chargée d'amertume.

Je me lève, étourdi et le regard vide. Je reste debout à attendre la réponse de Thomas.

- Alice, j'ai... j'ai voulu te le dire, mais tu ne voulais pas en parler. Tu refusais que je sois honnête avec toi, murmure-t-il d'une voix chargée d'émotion.

Je pense à tous les moments où il a effectivement essayé de me dire quelque chose d'important, quelque chose qu'y m'affecterait. Je ne peux pas lui en vouloir, il a voulu m'en parler, mais j'ai été trop bête pour ne pas le laisser faire. Je voulais continuer de vivre dans mon petit paradis.

- Tu as raison, c'est ma faute, concède-je.

- Non, non, surtout pas, Al. Mais ce que j'essaie de te dire, c'est que je voulais t'en parler justement pour éviter ce genre de situation, ajoute-t-il avec sincérité.

- Quand Thomas? Quand as-tu ...? m'arrêtais-je.

- Le soir de la fête à Charlie, avoue-t-il.

Entre ça et un coup de poignard, je ne sais pas ce qu'y fait le plus mal. Sa mère se lève, elle paraît découragée. Elle monte dans sa chambre et claque la porte. C'est quand même elle qui avait parti cette discussion. Et tout ça pour quoi? Parce que son ex-mari l'avait trompé il y a plusieurs années? Parce qu'il l'a laissé pour une jeune? Peu importe la raison, Thomas ne méritait pas cette trahison provenant de sa mère. Je suis en colère contre Thomas, mais encore plus contre elle de nous avoir mis dans cet état.  Je reste debout, immobile, le regardant fixement.

-D'accord Thomas, je sais que ne devrais pas te poser la question, mais j'ai un besoin malsain de savoir...avec qui, le questionnais-je.

- Ça n'a pas d'importance, ça ne sert à rien de te blesser davantage, répond-il d'une voix résignée.

- S'il te plaît, fait juste répondre Thomas, insiste-je. C'est Alexa c'est ça?

- Non...

- Tu peux me le dire que c'est elle, en fait, ça ne m'étonne même pas, dis-je, amère.

-Léa, souffle-t-il.

-Pardon ? risquais-je.

- C'est Léa, affirme-t-il d'une voix presque inaudible.

Au moment où je pensais que la situation ne pouvait pas être pire, mon cœur semble s'arrêter de battre pendant quelques minutes. Je vois le regard paniqué de Thomas.

- Alice, je suis tellement désolé. Si j'avais su à ce moment-là tout ce qui m'attendait à tes côtés, jamais je n'aurais fait quoi que ce soit avec elle, dit-il d'une voix chargée de regret.

- Tout est mélangé dans ma tête, tu ne me devais rien, tu avais le droit de coucher avec elle, mais malgré tout mon côté rationnel, je suis blessée, extrêmement blessée Thomas. Pourquoi il faut toujours que cette fille brise tout.

- Ali, tu as tous les droits d'être blessée. Le lendemain de la fête, je savais que c'était une erreur, mais je ne sais pas pourquoi, quand je suis revenu chez Charlie, après t'avoir reconduit, j'ai bu comme un trou et elle était là, j'avais besoin de m'occuper l'esprit. Je pensais juste à toi Alice, je te le jure, tu hantais déjà mes pensées. Tu me rendais déjà dingue.

Je reste bouche bée face à sa déclaration, incapable de trouver les mots pour exprimer mes propres sentiments et il rajoute :

- Dans les quelques moments passés ensemble, je ressentais un désir brûlant pour toi. Chaque regard échangé, chaque toucher furtif m'enflammait davantage. Je brûlais de te prendre dans mes bras, de goûter tes lèvres, de te découvrir pleinement. En seulement quelques minutes, tu étais devenue une obsession, un tourbillon d'émotions intenses que je ne pouvais ignorer.

Ses paroles résonnent dans mon cœur, car je sais qu'il les dit avec sincérité. Alors, je repense à nos premiers moments ensemble et une question surgit dans mon esprit.

- C'est elle qui t'appelait quand nous étions au parc?

- Oui...au départ, je voulais simplement ignorer que ça c'était passé, mais quand tu m'as expliqué ton histoire avec Will et elle, je savais que je ne pouvais pas te cacher cela encore longtemps.

- Bon écoute, j'ai besoin de penser à tout ça et je te redonnerai des nouvelles.

- Non ne part pas, s'il te plaît reste avec moi.

- Je suis désolée, mais je vais partir maintenant, à bientôt Thomas.

Je sors presque en courant de la maison et j'entends sa voix m'appeler de l'intérieur.

Il y a longtemps qu'on s'aimeWhere stories live. Discover now