Automn² 🍂 - Gagnant Wattys Awards 2019 Romance |

Elle 🔥

J'ai échoué. Lamentablement. 

J'aurais voulu partir et lui faire comprendre que je n'étais pas le genre de personne qu'on a la « flemme » de raccompagner. Je voulais partir, m'en aller et attendre qu'il revienne vers moi, désespéré de mon départ. Mais ce baiser était tellement fort, tellement intense, j'ai craqué...

Je ne pense pas qu'il m'embrasse à nouveau, mais on ne sait jamais, et puis, j'ai vraiment très envie de dormir avec lui... J'ai un peu du mal à comprendre comment on en est arrivés là, comment on a pu s'embrasser. J'étais encore relativement fâchée, je ne le connais que depuis quelques heures... et je le trouvais tellement nul au début ! Il faudrait vraiment que je contrôle davantage ce que je ressens, j'ai l'impression d'être une contradiction vivante...

Automn commence à se déshabiller, et par pudeur je détourne les yeux. J'ai cependant le temps d'apercevoir un torse très musclé et mon cœur s'accélère légèrement. Je m'empresse de me rendre dans la salle de bains attenante pour me déshabiller à mon tour.

— Euh... Automn, tu n'as pas un tee-shirt à me prêter ? je demande en passant la tête par l'embrasure du rideau qui sépare les deux pièces.

— Bien sur. Prends en un dans l'armoire.

— Euh, c'est que... je suis à moitié nue là.

— Et alors ? me répond t-il avec un sourire malicieux. Ça va, je plaisante, je te l'apporte.

Il m'apporte le tee-shirt en tirant légèrement sur le rideau qui sépare la salle de bains de la chambre, en faisant attention à ne pas y passer la tête. Je le remercie intérieurement, et laisse tomber mes mains, que j'avais croisées sur ma poitrine. J'enfile le tee-shirt et je sors, vêtue du tee-shirt d'Automn et de ma simple culotte, en m'assurant qu'il ne regarde pas.

— Tu tournes la tête jusqu'à ce que je sois dans le lit hein ?

— Eh, du calme Automne, tu n'es pas la première fille que je verrai dénudée...

— Ah oui ? Pourtant t'en as pas l'air, je rétorque, étrangement vexée.

— Non mais, je veux dire, je fais de la danse je te rappelle, les filles en justaucorps qui ne cache rien, ça me connait.

Je me glisse sous la couette épaisse et me laisse tomber sur l'oreiller. 

— Ah... et tu dois bien t'amuser à les mater j'imagine ! Tu n'as pas une petite copine dans ton cours de danse ? je demande, l'air innocent, alors que l'attente de la réponse me vrille bizarrement l'estomac.

— Ben... Disons que je suis pas forcément très populaire, je suis le seul garçon, et elles préfèrent ceux du conservatoire de théâtre, les comédiens... J'ai essayé avec l'une d'entre elles, mais ça n'a pas vraiment marché.

Sa voix faiblit et il se tait, laissant un grand silence que je ne sais pas trop comment briser. Il en profite pour éteindre la lumière. 

— Je suis désolée, ça a l'air un peu douloureux pour toi. En tout cas, elle a été bête de ne pas vouloir... je lâche ça rapidement, peut-être un peu trop, avant de me dégonfler et de ne pas finir ma phrase.

Je l'entends respirer, il ne dit rien. Puis son souffle s'accélère un peu... Il semble être en train de... rigoler. Oui, clairement, il paraît mort de rire.

— Je rêve ou tu viens de me faire un compliment, madame-chien-rageur ? Est-ce que tu es jalouse ?

Je reçois son rire face à mon semi-aveu comme un coup de poignard. Le sang me monte à la tête et ma gorge se noue.

— Non mais tu sais quoi ? je dis en commençant à me lever, oublie ce que je viens de dire, je comprends TRÈS BIEN pourquoi elle n'a pas voulu.

Je commence à me lever pour sortir du lit, mais je suis vite interrompue dans mon geste. Deux mains m'encerclent la taille, et me font retomber dans le lit en me tirant avec fermeté. Automn relâche son étreinte une fois que je suis à nouveau allongée et, sans rien me dire, il se penche par-dessus mon corps. Il m'enjambe de façon à avoir une jambe placée de chaque côté de moi et il m'embrasse, avec plus de passion que le baiser précédant. Ce baiser me cloue littéralement au sol, il est encore plus intense, sa langue part à la rencontre de la mienne avec une rapidité et une avidité que je ne soupçonnais pas.