Rock & Love

34. Comme avant

- William -

« Je suis malade, Will. J'ai un cancer »

Les paroles d'Emily n'arrêtent pas de se bousculer dans ma tête. Elle est malade. Ma Emily est malade et je ne peux rien y faire. Elle me regarde de ses yeux bleus, rougies par ses pleurs, et je sais qu'elle attend que je dise quoi que ce soit.

— Un cancer... souflé-je. Je n'arrive pas à y croire... On vient à peine de se retrouver, et un putain de cancer vient se mettre en nous.

Elle ne me répond rien, et j'aperçois des larmes couler à nouveau sur ses joues. Mais je suis vraiment con ! C'est elle qui est malade, et je ne prends même pas la peine de la réconforter. La connaissant, elle doit être morte de peur. Je passe alors mon bras autour de ses épaules pour la serrer contre moi. Elle s'accroche à mon tee-shirt, comme une bouée de sauvetage, alors que je caresse ses cheveux.

— Ne t'inquiète pas, ma belle, tous les deux on va battre ce cancer. Ce n'est pas lui qui m'empêchera de t'aimer tous les jours de nos vies.

— J'ai peur, Will. On m'a dit que c'est un cancer qui se développe rapidement, il est agressif.

— C'est quel sorte de cancer ?

— Cancer inflammatoire du sein.

— Pourtant tu es tellement jeune ! Tu n'as même pas dix-neuf ans, dis-je d'un air dépité.

— Je sais, mais c'est un cancer qui touche plus particulièrement les jeunes femmes. Je n'ai juste pas eu de chance, c'est tombé sur moi.

— Ce n'est pas juste, pas toi. Tu ne mérites pas d'avoir ce cancer.

— Personne ne le mérite.

Je continue de la bercer dans mes bras pendant que des questions fusent dans ma tête. Je ne me vois pas vivre sans elle plus tard, alors que je viens de la retrouver. Elle est mon pilier, sans elle je m'effondre. Ca m'est inimaginable. Ma Emily, avoir un cancer ? Je ne supporte pas me dire que je suis impassible face à sa situation.

— Tu le sais depuis combien de temps ?

— Je l'ai appris cet après-midi. C'est quand les premiers antibiotiques ne faisaient pas effet que je me suis rendu compte que quelque chose clochait. On a fait des examens, et pouf, ils m'ont avoué que j'avais un cancer, stade III.

— Tu en as parlé à quelqu'un d'autre ?

— Non, je n'en ai pas la force. J'ai peur de leur avouer que je vais peut-être mourir.

— Ne dis pas ça, la grondé-je. Tu ne vas pas mourir, pas tant que je suis à tes côtés. On va te trouver le meilleur hôpital du pays, et tu vas le battre, ce cancer.

— Les médecins m'ont dit que je dois commencer la chimiothérapie le plus vite possible pour éviter d'aggraver mon cas.

— Tu sais quoi ? Demain matin, tu appelles ton père pour lui dire, ainsi que Zack et Robin, et dès que c'est fait on te cherche le meilleur hôpital et je ferai tout pour que tu y entres.

— D'accord... dit-elle, sans aucun enthousiasme dans sa voix.

— Pour le moment, je vais commander des pizzas et on va se regarder des films toute la soirée, ça te va ?

— Je ne sais pas, il y a les cours que je ne peux pas louper, et-

— Attends, la coupé-je, tu ne comptes pas retourner en cours ? Ta santé est plus importante que tout le reste. Je peux comprendre que ça te fasse mal de ne plus y aller, mais tu ne peux pas risquer de perdre du temps ou de te fatigue. Quand tu seras guérie, tu pourras retourner à la fac sans aucun souci, mais là il en est hors de question.