XI

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Samedi 29 décembre.

Je n'ai pas reparlé à Chris depuis que nous nous sommes quittés mardi soir, chez mes grands-parents. Cela m'a permis de me remettre les idées en place et de reprendre sur moi. J'ai réussi à me calmer. Enfin, c'est ce dont j'essaie de me convaincre depuis.

Aujourd'hui, c'est la rencontre de famille de mon beau-père. Il va y avoir plein de gens. Je les connais tous, mais les voir me rend toujours un peu mal à l'aise. Il m'arrive souvent de rester dans mon coin à observer, plutôt qu'à me mêler à eux. Au moins cette fois je ne serai pas seul.

J'envoie un message à Chris, lui indiquant que j'allais passer le prendre chez lui et que nous allions nous rendre à la salle réservée ensemble. Il me répond immédiatement que c'est parfait. Je suis excité, mais en même temps, je redoute. Et si je tombais vraiment amoureux de lui alors que tout ça n'est pas censé être réel ? Je ne connais pas Chris tant que ça, je ne sais pas comment il réagirait si cela venait à arriver et qu'il venait à l'apprendre. Serais-je humilié ? Ou bien peut-être déciderait-il de garder tout ça entre nous ? Je n'en sais rien.

Je m'assois sur mon lit, à moitié habillé. Je déteste tomber amoureux, justement pour cette raison : personne ne tombe jamais amoureux de moi en retour. Je me fais une montagne de faux espoirs avec des riens du tout, et je finis déçu. Je mets toute ma gentillesse et ma bonté dans mes actions afin de charmer l'autre, et au final, je finis blessé. Mais ce n'est pas comme si je pouvais avoir un contrôle sur cela. Je ne peux contrôler ce que les autres ressentent. Je ne peux qu'agir en conséquence.

J'enfile finalement ma chemise, puis fais mon petit nœud papillon. Je passe une main dans mes cheveux que j'essaie de replacer du mieux possible. Peine perdue.

J'entends ma famille me signaler leur départ, m'avertissant que je devrais y aller bientôt si je ne veux pas être en retard. Je regarde l'heure... Ce n'est pas faux, surtout que je dois faire un petit détour chez Chris. Je finis de me préparer, puis enfile mes bottes, mon manteau et mon bonnet, saute dans ma voiture et part en direction de ma destination première.

J'arrive chez Chris qui m'attend dans l'entrée de son garage. Il a l'air de se les geler ! Un grand sourire naît sur ses lèvres lorsqu'il me voit enfin. Il se dirige vers ma voiture, manque de glisser sur une plaque de glace, ce qui provoque mon hilarité, et parvient enfin au siège passager.

- C'est une vraie patinoire cette cour ! s'exclame-t-il alors qu'il s'installe sur le siège à côté de moi.

- J'ai bien vu ça, pouffai-je.

- Hey te moques pas ! me réprimande-t-il en me cognant légèrement à l'épaule, alors qu'il rit maintenant autant que moi.

Je sors de la cour et prends la direction du village voisin, où se trouve la salle où nous devons nous rendre. Voyant Chris frissonner à mes côtés, j'augmente le chauffage, ce qui me vaut un magnifique sourire de sa part.

- Pourquoi m'attendais-tu dehors ? demandai-je.

- Je me suis euh... Je me suis engueulé avec mon père tout à l'heure, du coup je préférais me tenir à l'écart.

- Oh... Je comprends... Est-ce indiscret de te demander c'était à quel sujet ?

Il semble hésiter un moment. Il mord sa lèvre inférieure et détourne le regard.

- C'était à propos de moi ? tentai-je.

Il reporte son attention vers moi, l'air un peu déçu. Il fait signe de la tête.

- Ouais... Je suis désolé...

- Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Rien de bien grave, ne t'inquiète pas. C'est seulement que mon père, il le sent quand je lui cache des trucs. Et du coup, il a voulu savoir où j'allais comme ça. Et apparemment, la réponse « avec un ami » ne lui a pas suffi. J'ai un peu paniqué.

Je mords l'intérieur de ma joue. Je ne sais trop quoi répondre.

- Ne t'inquiète pas, c'est bientôt fini. Tu n'auras plus à lui mentir.

J'essaie de cacher du mieux possible une pointe de déception qui pique en moi à mes propres paroles.

- Pas si tu viens chez moi au Nouvel An...

Je me retourne vers lui.

- Tu... Tu veux que je vienne pour le Nouvel An ? Genre... Lundi soir ?

- Ouais, si tu n'as pas autre chose de prévu, bien entendu, confirme-t-il en haussant les épaules.

- Avec ma famille, on ne fête pas vraiment le Nouvel An. Les dernières années, je le passais seul dans ma chambre à regarder des séries ou à lire, jusqu'à ce que minuit arrive et que je me fasse un petit décompte en solo. Du coup, j'aimerais bien le passé autrement, c'est certain.

Je lui souris, il me rend mon sourire.

Nous arrivons à la salle, la majorité des gens y sont déjà. Nous laissons nos manteaux à l'entrée, comme tout le monde, et nous dirigeons vers le rassemblement. Chris reste en léger retrait, derrière moi, et me suit à mesure que je me faufile vers mon frère que j'aperçois assis près d'une fenêtre, apparemment seul. Quelques tantes m'arrêtent au passage et me demandent de leur présenter le bel inconnu qui se trouve à mes côtés. Je le présente comme il se doit, soit comme étant mon copain, ce qui nous vaut plusieurs regards étonnés. Toutefois, toutes mes tantes semblent complètement ravies et me félicitent pour le beau morceau d'homme que j'ai réussi à me dégoter. Je roule des yeux alors que Chris hausse les sourcils, trop content de son effet.

Nous parvenons finalement à rejoindre mon frère et nous nous installons avec lui. Il boit calmement son jus de canneberges, silencieux en attendant l'arrivée de son demi-cousin préféré, Vincent. Chris et lui discutent un peu sport et ils se découvrent de nombreux points communs, ce qui me fait sourire dans mon coin. Je les observe en silence et me réjouit de cette vision. J'ai l'impression de recevoir la bénédiction de mon frère lorsque celui-ci saute de sa chaise et s'exclame : « Il est cool ton copain Noah » avant d'aller rejoindre Vincent qui vient juste d'arriver. Chris se retourne alors vers moi, fier de lui. Et me vient alors l'envie de l'embrasser. Toutefois, je ne le fais pas. Il n'est pas réellement mon copain. Et puis personne ne nous regarde, alors je n'ai rien à prouver. Je mords donc ma lèvre de l'intérieur, refoulant cette envie autant que possible. Cependant, nos regards ne se détachent pas, ce qui ne fait que faire grimper la tension.

Heureusement, ma mère intervient et brise notre contact en nous demandant d'aller voir les nouveaux arrivés et de nous joindre aux autres. Je me lève dans un soupir, Chris sur les talons. D'ailleurs, celui-ci attrape rapidement ma main et croise ses doigts avec les miens. Je ne me retourne pas, mais réprime un sourire bien trop évident tout en affermissant ma prise autour de ses doigts, lui indiquant de ne pas les lâcher. Je suis un idiot qui va un jour tomber de haut. Mais pour l'instant, l'idiot apprécie, l'idiot est heureux.

Faux Copain [BxB]Where stories live. Discover now