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Je me réveillai le lendemain matin dans la même position que lorsque je m'étais couchée la veille. J'avais l'impression d'avoir trop dormi et m'étirai lentement. C'était si bon de dormir enfin dans un lit et non dans un siège de voiture! Mon trajet avait duré trois jours depuis New York, et j'avais mal calculé les haltes pour la nuit et je m'étais retrouvée les deux premiers soirs sur une route rectiligne jusqu'à l'horizon avec comme seul relief un ou deux cailloux. Point de vue nourriture, je n'avais pas prévu large non plus et je n'eus à manger que pour le premier jour. Pour l'eau, j'avais bien calculé heureusement.

Je me levai et sortit quelques habits corrects de ma valise: une jupe en jean et un haut rouge que j'aimais beaucoup. Les bras chargés, j'ouvris tant bien que mal la porte de ma chambre avec mon coude et allai à la salle de bain pour prendre une douche et m'habiller. J'étais encore fatiguée et courbaturée du voyage des derniers jours mais l'eau chaude de la douche me fit beaucoup de bien.

Tandis que je brossais mes cheveux châtain en rêvassant, j'entendis de la musique venir du salon de l'annexe. Je tendis l'oreille et fronçai un sourcil: je n'avais vu ni radio, ni lecteur CD, ni tourne-disque en arrivant. Quelqu'un était entré dans l'annexe!

J'attachai mes cheveux en queue de cheval haute et sortis doucement de la salle de bain. Machinalement, je ne m'étais pas rendue compte que je tenais encore ma brosse à cheveux dans la main. Je me penchai à la balustrade de l'étage et regardai dans le salon avec prudence.

- Bonjour, dis-je en voyant que c'était Christian. »

Il était assis dans le canapé, accoudé au dossier la tête appuyée dans la main. Il avait posé un tourne-disque sur la tablette devant le canapé.

- Bonjour! Bien dormi?, demanda-t-il, je vous ai mis un disque de...

- Beethoven. Concerto no 5 dit 'l'empereur'. C'est le deuxième mouvement ! Je ne l'ai pas entendu depuis que j'ai dix ans. Mon père l'aimait beaucoup mais il perdit le vinyle durant son voyage au Japon.

- Vous êtes cultivée. Hmm vous savez, vous pouvez le garder. Le tourne-disque je veux dire.

- Vraiment? Mais...

- Si. Gardez le. Ça égayera votre maison. On en a un deuxième chez nous. »

Il fit une pause et me dit:

- Vous venez déjeuner? On a décidé de vous inviter à tous les dîners.

- Oh merci c'est trop gentil!

- Allez venez! Mais posez votre brosse, dit-il en riant. »

Je ris et le suivis chez lui, Marilyn et David finissaient de mettre la nourriture sur la table et Christian m'indiqua ma chaise en bout de table. Cette chaise resta la mienne tout le temps où je mangeais chez les Cooper.

- Faites comme chez vous, me dit David, servez-vous à volonté, pain, beurre, fruit, lait...

- Thé ou café?, cria Marilyn depuis la cuisine.

- Café s'il vous plaît !, répondis je. »

Ce fut mon premier petit déjeuner chez les Cooper. Louis et Stanley mangeaient aussi avec nous. Je demandai à David:

- Quand rentre votre femme?

- Aujourd'hui, cet après-midi, répondit il, elle était descendue en ville pour deux jours. Ne vous inquiétez pas pour sa réaction en vous voyant, ici, tout le monde est très hospitalier.

- J'ai pu le constater, dis-je en riant, en tout cas beaucoup plus qu'à New York.

- Nous avons prévu d'aller sortir votre voiture du fossé. Nous avons appelé une dépanneuse et elle sera sur les lieux à onze heure. »

Il était dix heures moins vingt. Nous finîmes notre déjeuner et accompagnée de David et Christian je partis vers les lieux de l'accident. Nous prîmes le tracteur de David pour y aller mais Christian insista pour le conduire tandis que David était assis sur la remorque.

Lorsque nous arrivâmes, la dépanneuse était déjà là, et commençait à dégager la voiture. Christian regarda la voiture et me dit:

- Je ne sais pas ce qui me choque le plus entre: comment vous êtes sortie de la voiture ou le nombre de kilomètres que vous avez fait vu l'état de la voiture.

- Deuxième solution pour ma part, répondis-je.

- Hm moi aussi. »

Le diagnostic fut vite rendu. Ma voiture avait définitivement rendu l'âme et devait être acheminée vers sa dernière demeure: la fourrière.

- Vous savez, ici, on n'a pas besoin de voiture ou presque pas. Vous emprunterez la nôtre si vous voulez, dit David. »

J'avais prévu de faire beaucoup de ménage cet après-midi dans l'annexe. Il fallait que je fasse la poussière et que je passe l'aspirateur. Sans oublier d'aérer les coussins et les draps. Je commençai en arrivant et j'emprunterai un chiffon humide et un tablier à Marilyn.

Je demandai à Christian de m'amener une assiette avec de la salade et un morceau de pain et je mangeai tout en astiquant les meubles. Il était trois heures de l'après-midi lorsque je finis enfin de passer la poussière sur les meubles.

J'allai sonner chez les Cooper:

- Excusez-moi, est-ce que vous pourriez me prêter un aspirateur ?

- Volontiers, répondit Christian en me tendant l'appareil, n'hésitez pas. »

Je crois que ce jour là, j'eus une force surhumaine pour tout nettoyer en une seule journée. J'avais mis le disque sur le tourne-disque de Christian, ce qui m'encourageais. Une fois l'aspirateur passé, sur les sols, les canapés et les chaises, j'allai demander un étendoir pour aérer les coussins et les draps.

Exténuée, je m'allongeai sur le canapé et fermai les yeux. Il devait être six heures du soir et j'avais très faim. J'entendis alors la porte s'ouvrir et quelqu'un marcher sur le parquet. Je n'ouvris pas les yeux. À travers mes paupières, je vis en contrejour que la silhouette de Christian s'était arrêtée devant le canapé où j'étais étendue.

Il prit une couverture et la déplia en la déposant sur moi. Je n'avais toujours pas bougé, et soudain je sentis sa main passer sur ma joue.

- Je ne dors pas, dis-je alors. »

J'ouvris les yeux et ris devant le visage étonné du frère Cooper.

- Vous faites bien semblant de dormir...

- C'est des années de travail ! Non je méditais.

- Ah... vous méditiez ? Et sur quoi?

- Aha! Le sujet de mes méditations reste secret. Mais si vous y tenez, je méditais sur le repas du soir.

- Allez, venez manger, dit-il en riant, vous avez bien travaillé. »

Ce fut le premier souvenir romantique que j'eus de lui.

Ce fut le premier souvenir romantique que j'eus de lui

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Il était une fois dans le MontanaDonde viven las historias. Descúbrelo ahora