Little Psycho

Chapitre 2

Ma mère me fixait, depuis quelques minutes déjà. Aucun son ne sortait de sa bouche.

- « Emily... je ne t'ai pas entendue rentrer... » finit-elle par dire en séchant ses larmes.

- « Qu'est ce qu'il se passe ? »

- « Et bien...  »

Elle détourna les yeux et pris une grande inspiration :

- « J'ai été virée de mon travail aujourd'hui... ».

Mince, je ne m'attendais pas à ça... je pris une chaise et m'assis en face d'elle.

- « Qu'est ce qu'il s'est passé ? »

Elle semblait hésiter à m'en parler et mit quelques temps avant de répondre d'une voix tremblante :

- « Il y a quelques temps déjà, mon patron a commencé à me faire des avances. Je n'y portais pas une grande attention jusqu'à ce qu'il tente d'abuser de moi... Je me suis débattue et j'ai refusé catégoriquement. Ça ne lui a pas plu, alors il m'a viré... ».

Je restais muette... qu'est ce que je pouvais dire ? C'était injuste. Comment allait-on payer les impôts maintenant ? Comment allait-on faire pour vivre ? Je n'attendis pas plus pour poser la question :

- « Comment on va faire maintenant ? »

Il y eût de nouveau un silence, avant que la voix brisée et fatiguée de ma mère ne le rompe : « je ne sais pas... ».

Elle semblait perdue et épuisée...

- « On va s'en sortir. Ne t'inquiète pas. On est des filles fortes n'est-ce-pas ? » ajouta t-elle.

- « Oui maman. »

- « Bon, va faire tes devoirs, tu dois en avoir une tonne ! »

Elle m'a dit ça avec un faux sourire, dans le genre qui se voulait rassurant mais qui ne l'était pas.

Je préférais monter m'isoler dans ma chambre que rester là à la regarder pleurer. Une fois dedans je jetai mon sac contre mon bureau et m'adossai contre celui-ci. « Me voilà enfin chez moi » pensai-je en calant ma tête contre l'un des tiroirs. Ma chambre, mon univers, mon endroit à moi. Le seul où je peux être moi-même sans que l'on me juge. Sans que les gens se moquent de moi.

Je jetai un coup d'œil à celle-ci, le bureau contre lequel j'étais adossée était au fond quand on entrait. A sa gauche se trouvait une fenêtre donnant sur la rue et à sa droite, une bibliothèque regorgeant de romans en tout genres : gothiques, fantastiques, d'horreur... Elle était tellement remplie que certains se retrouvaient empilés sur le côté. A la droite de celle-ci, et en face de ma porte, se dressait une grande mezzanine, qui faisait office de coin privé et dont l'échelle y menant se trouvait au pied de mon lit.

Je me relevai en prenant appui sur mon bureau, traversai ma chambre pour monter à cette fameuse échelle donnant sur la mezzanine. Des rideaux noirs retombaient tout autour, tel un lit à baldaquin, ce qui donnait une ambiance fermée. Comme un autre monde. Des coussins calés contre le mur étaient parsemés de quelques livres éparpillés par-ci, par-là, ainsi que de nombreux paquets de chips entamés.

Je m'allongeai, la tête sur un des coussins et regardai le plafond. J'y avais collé, étant plus jeune, des autocollants fluorescents représentant des lune, des étoiles, des planètes...

Je tombai de fatigue avant de plonger dans les bras de Morphée, blottie dans mon petit univers ...