Prologue

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Il sortit de chez lui, habillé d'un jean noir, et d'un sweat, de la même couleur. Il portait un bonnet noir, qui lui cachait tout le front, et le haut de sa tête. Ses lunettes de soleil, en apparence noires, recouvraient ses yeux, légèrement bridés. Ce qu'on ne voyait pas de l'extérieur, c'était qu'il avait mis chaque écouteurs dans ses oreilles, et qu'il écoutait une douce mélodie.

Il essayait simplement de penser à autre chose.
Penser à autre chose qu'à son putain de frère.
Il pensait qu'il l'aimait.
Mais il avait eu tord.

Il n'avait été qu'un pion sur son jeu.

{FLASHBACK : 15 ANS AVANT}

1...2...3...Soleil !

Je me retourne, pressé de voir mon frère bouger, et de le renvoyer au poulailler. J'attends deux secondes. Il ne bouge pas. Alors je recommence. Plusieurs fois ?

Sauf que je me rends compte qu'il n'est plus là. Je suis seul. Je commence à paniquer. Il m'a abandonné. J'ai cinq ans et je suis seul.

Je commence à courir partout, voulant vite le retrouver. Je m'arrête brusquement lorsqu'il apparaît devant moi, au milieu, avec quatre de ses amis.

Il a pris sa méchante tête. J'ai peur de lui, pour la première de mon existence. Je fais des petits pas en arrière, tremblant de peur et de panique à la fois.

Minhyuk Park me fait peur. Ce n'est plus mon frère, c'est un monstre.

- Ça va p'tit frère ? Tu te sens seul ? Tu as peur ? Roh allez, arrête un peu... tu as peur de moi ? C'est ça ? Allez, viens, je vais te faire un câlin, p'tit frère ! Ahah tu es tellement minable ! Tu fais grave pitié !
Tu veux la vérité ? La voilà : J'ai jamais pu te saquer. T'as toujours été le chouchou de la famille, et moi, je passais toujours après toi. T'es un enfant pourri-gâté, en fait. T'as vraiment cru que je t'aimais ? Je crois que oui. J'ai joué avec toi, sale jouet, t'as jamais compté pour moi, jamais. Alors casse-toi de ma vie. Je veux plus te voir. Adieu, il lâche brusquement.

{FIN DU FLASHBACK}

Le plus jeune en avait pleuré pendant longtemps. Mais malgré tout, il n'arrivait pas à oublier la méchanceté de son grand frère, ce jour-là. Impossible pour lui de l'oublier. Il avait pourtant tenté. Il n'y était jamais arrivé.

Et depuis ce jour-là, il s'habillait tout
le temps en noir, pour passer inaperçu devant le regard des autres.

Il faisait nuit, il devait être tard, sans doute. Le jeune homme savait où il allait. Il allait se détendre, pouvoir enfin montrer qui il est vraiment.

Il entra dans le bar, qu'il fréquentait quasiment tous les soirs, et se servit d'environ la moitié d'un verre de Whisky.
Quand quelques clients s'installèrent, peu de temps après, le temps que l'alcool descende, il s'installa derrière le gros objet noir au fond de la salle.
Ses fins doigts blancs effleuraient à peine les touches, que les notes sortaient, de ce piano que lui seul savait si bien jouer.
Ce morceau l'emporta, l'emporta très haut, et il ferma les yeux. D'habitude, il n'aurait pas réussi à jouer sans partition, mais ici, devant ce piano, il n'en avait pas besoin. C'était comme si elle était imprimée dans sa tête. Les notes sortaient, autant de son esprit que de l'esprit du piano, du moins, si ce dernier en avait un. Les notes étaient distinctes, claires, et parfois même violentes.

Le jeune garçon l'ignorait peut-être, mais dans le bar, ce soir-là, les clients s'étaient tus.

Ils s'étaient tus pour l'écouter jouer.
Cette mélodie avait quelque chose de magique, peut-être même d'effrayant.

Ce soir-là, quand toutes les personnes partirent, chacune se sentait revivifié, comme nettoyée de l'intérieur, par cette puissante musique.

La personne derrière le piano ignorait que ce soir-là, le soir où il avait bu, qu'un jeune rappeur se trouvait dans ce bar, et qu'il avait eu un coup de poignard dans le cœur lorsqu'il avait entendu ce pianiste surdoué.

Le cœur du jeune pianiste battait la chamade lorsque la dernière note résonna dans le bar. Il ouvrit les yeux, encore déçu. Personne n'était là. Le bar était vide. Personne ne l'avait écouté. Le patron allait lui gueuler dessus. Il était juste un bon à rien.

Et il s'en foutait royalement.

Il s'apprêtait à sortir lorsqu'une main se posa sur son épaule. Il sursauta et se retourna. Il n'aimait pas qu'on le surprenne. C'était Yenka, une des serveuses du bar. Il ne l'aimait pas trop, mais elle au contraire, semblait bien l'aimer. Elle se contenta de lui sourire, puis fit volte-face et partit.

Il s'éclipsa dehors, où il pouvait admirer les étoiles, sous la douce nuit fraîche. C'est une des chose qu'il aimait le plus : s'asseoir par terre et regarder les étoiles dans le ciel. Il repéra facilement quelques étoiles et constellations dont la plus visible, la grande ourse.

Il s'allongea doucement ; l'herbe légèrement humide lui effleura la nuque. Le parc était calme à cette heure-ci : c'était seulement maintenant qu'il pouvait souffler et respirer. Il adorait ce moment où il pouvait être seul, seul face à la nature, à la nuit, qui l'aidaient à se sentir mieux.

Il n'avait pas envie de rentrer chez lui, ni d'aller en cours, ce qu'il faisait rarement. Ses parents avaient fini par arrêter de s'inquiéter pour lui, tellement il ne respectait aucune règles de vie. Aujourd'hui, ses parents l'ignoraient presque, ils avaient presque fini par le sortir de leur vie. Il était bien mieux comme ça. Il n'avait jamais eu besoin de personne pour vivre.
Personne.

Parce qu'à chaque fois qu'il pensait à s'attacher à quelqu'un, cette personne n'avait pas du tout l'état d'esprit qu'il pensait.

Parce qu'à chaque fois qu'il pensait à s'attacher à quelqu'un, cette personne disparaissait.

Personne n'a jamais aimé Park Jimin.

Personne n'a jamais voulu être son ami.

Personne ne l'a jamais accepté tel qu'il était.

Park Jimin se rappelle seulement d'avoir aimé quelqu'un comme un frère.

Park Jimin ne se rappelle pas de lui.

L'existence de Park Jimin a toujours été vue comme une ombre de lui-même.

Souviens-toi /YOONMINWhere stories live. Discover now