Une vie involontaire

Un poids en moins ou en plus ?

Je l'entendais, la voix de ma mère résonner dans les couloirs jusqu'à ma chambre. J'hésitais presque à m'enfuir par la fenêtre de ma chambre pour ne pas l'affronter. Après tout peut-être que c'était pour autre chose. Il fallait que je me mette à l'esprit que je pouvais m'en sortir sans aucune égratignure ? Enfin bon rien n'était trop beau après tout. J'ai mis le chat sur mon lit avant de descendre doucement comme une petite fille gentille qui n'avait fait aucune connerie. Arrivée en bas des marches ma mère m'attendait. Elle me regardait d'un air totalement vide avec le téléphone en main.

"- Ton lycée vient de m'appeler. Au vue de tes absences injustifiées et répétitives on va sans doute devoir de signer ta démission. Tu es contente j'espère ? Après tout ça te sert à quoi d'étudier toi miss je sais tout ?"

"- Ouais bah ça leurs libérera une place ! Puis me les casses pas avec tes "miss je sais tout" parce que quand je vois ce que tu es devenue ça me donne pas envie d'étudier et de rentrer dans la même routine de merde que toi !"

Elle ne disait plus rien. Juste ses yeux qui étaient tournés vers moi de manière attristée. Elle était peut-être triste de ce que j'étais devenue ? Moi je m'en foutais, le simple fait que je me sentais en quelque sorte bien me suffisait. Je sentais qu'elle avait envie de dire quelque chose, mais qu'elle osait pas. Je lui faisais peur ? Ou je le désespérais peut-être trop. Elle prenait une grande bouffée d'air avant de recommencer à déblatérer des conneries.

"- Je ne sais plus quoi faire de toi. Tu es nihiliste de tout, même quand je t'engueule ou te punis tu fais comme si de rien n'était. Si la parole et les actes ne marche plus sur toi, je ne vois plus qu'une solution. Déjà je vais commencer par te déscolariser. De toute façon excepté les frais de début d'année ça ne fait rien d'autre vu que tu n'y vas plus."

Sa façon de parler était extrêmement calme. Je n'avais jamais vu ça auparavant. Comme si elle avait vraiment tout abandonné avec moi. Ceci était réel ? Ou un rêve ? Je ne pensais pas réussir à battre ma mère sur ma vie. Mais apparemment j'avais réussi.

"- Tu vois que tu comprends quand tu le veux ! Comme tu le disais si bien je suis qu'une bonne à rien donc autant profiter de cet avantage pour ne rien faire !"

Je tournais rapidement le pas avant de remonter dans ma chambre. Mes pas dans les escaliers étaient lourds mais sur d'eux. Je savais où j'allais. Je savais qu'elle n'allait pas me rappeler. Et je savais aussi que j'avais gagné. Je pouvais garder le silence, je pouvais enfin ne plus me soucier des absences et des cours niveaux engueulades. Après être entrée dans ma chambre, j'entendais ma mère monter dans sa chambre aussi, sûrement pour dormir. Elle devait être fatiguée, je n'avais jamais demander comment son travail se passait, car en y réfléchissant elle était quand même chirurgien. Enfin je croyais ? En tout cas elle m'avait dit qu'elle soignait les gens la nuit pendant des heures. Je voyais mal ce que ça pouvait être d'autre.

Le chat était entrain de dormir sur mon bureau. Silence était tellement mignon que j'en tombais de charme en le voyant. Je m'approchais doucement de lui afin de le caresser dans le sens du poil, il ronronnait et se roulait en boule doucement avant de lâcher un doux miaulement. Je ne voyais pas pourquoi ma mère voulait le ramener. Il était tellement gentil et beau que personne ne voudrait lui faire de mal. En parlant de ma mère mon téléphone vibra, je vis un message d'elle. "Va voir ton lycée pour faire les papiers et signer ton départ je leurs enverrai un mail pour accepter de mon côté".

Une mauvaise blague je crois... Moi ? Retourner dans cette endroit totalement morbide sans vie, je n'avais même pas l'envie d'y mettre un seul doigt de pied. Mais bon, je n'avais pas le choix, et au moins je n'entendrai plus jamais parler. Je prenais un sarouel avec une longue veste qui tombait au niveau de mes genoux. En dessous j'avais un débardeur qui s'arrêtait au dessus du nombril avec des bottes aux pieds. Je laissais mes cheveux détachés et commençait à descendre l'escalier. J'avais l'impression de l'emprunter au moins 1000 fois par jours c'était horrible.