#10

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10 ans

Pourquoi, bon diable fallait-il que ma bonté non-quantifiable me conduise dans cette kermesse ?

Pourquoi demeurai-je condamné à surveiller Eren qui rageait somptueusement au stand de pêche aux canards ?

Il ne cessait de fouetter l'eau avec son crochet rose paillette et n'avait obtenu aucun canard. Mikasa qui le fixait dépitée, au bord de l'endormissement shoota dans la canne à pêche d'Eren et attrapa tout ce qui flottait. Eren, surpris, sauta de joie et hurla comme une tortue en plein orgasme. La bonne femme en état de choc qui tenait le stand toisait les deux enfants les yeux écarquillés. En l'espace de 0,14789625856 secondes, elle effectua un voyage à travers l'espace-temps afin de trouver la réponse à l'équation charnière de sa carrière : à qui donner le cadeau ?

Elle regardait Mikasa qui regardait Eren qui me regardait en train de la regarder.

J'avais des yeux de partout, en effet.

« Eren, commença tendrement Mikasa, est-ce que quelque chose te ferait plaisir ? Peut-être la voiture version plagiée de Cars à moins que tu préfères le pistolet en plastique signé Leader Price ?

— La Barbie édition pute ! cria Eren en bavant sur la devanture des cadeaux.

— I' y'a pôh' d'édition pute, mon p'tit, annonça la grosse madame, elle-même déçue par la pauvreté de son stock.

— Et c'est qui elle ? interrogea Eren en pointant du doigt la Barbie de ses rêves.

— C'lô Barbie Barbie, çô, répondit la mémère de son accent paillard. »

Sous le regard menaçant de Mikasa, la bonne femme lui donna l'objet de sa convoitise. Eren impressionné par ce qu'il avait entre les mains, s'enfuit avec, abandonna Mikasa qui s'était procurée un gloss rouge et visqueux qu'elle s'appliquait soigneusement en débordant de partout en prévision de recevoir une marque d'affection buccale de la part de son bien-aimé.

Eren ainsi que la Barbie Barbie s'était téléportés plus loin, au près du stand de poney que dirigeait le père de John, lui-même éleveur chevalin.

Même son père ressemblait à un cheval, que voulez-vous ? Simple déformation professionnelle.

Marcouilles chevauchait l'un de ses demis poneys en cherchant l'attention de John. Quand le cavalier l'obtint, il fut tellement obnubilé par la beauté de son béguin de toujours, qu'il tomba de toute sa hauteur. Heureusement pour lui, il atterrit dans une substance moelleuse et chaude lui rappelant son matelas. Il s'y enfonça un peu plus, jusqu'à ce que l'odeur du fumier dans lequel il était tombé le rattrape.

Tous ses rêves venaient d'être détruits, avec au passage, son honneur.

Eren se pavanait fièrement à travers la cour avec la Barbie obtenue illégitimement. Lorsqu'il passa devant John, celui-ci lui tchipa à la gueule tel le black imposant qu'il n'était point et l'observa danser jusqu'aux chichis.

« Levi ! hurla stridemment Eren, les chichis m'appellent !

— Bien ! rigolai-je vicieusement, et tu les payes comment ?

— Avec ton argent, articula-t-il bien fort, j't'ai piqué ton porte-monnaie. »

Bâtard.

Juste bâtard.

Une fois que le met d'exception qu'étaient les chichis atterrit dans les mains d'Eren, je vins vers lui et lui vola cette bombe calorique et en engloutis la moitié en temps record.

Quel gros porc je faisais.

Bye-bye six pack.

Eren, ayant récupéré les derniers chichis qu'il lui restait, se promena dans la cour une main occupée à gober ce pour quoi il avait volé mon porte-monnaie, l'autre à chérir sa Barbie Barbie.

Il passa devant John qui hennît de jalousie face aux chichis puants le gras. Eren l'ayant remarqué, il se réjouit de pouvoir le faire rager.

« C'est qu'il veut son petit su-sucre? attaqua Eren, entamant une battle de rap.

— TG, PD, répliqua John satisfait de sa rime.

— Toi même, le cheval qui sème, riposta Eren.

— J'ai peut-être la tête d'un cheval, mais j'ai aussi la bite d'un cheval, rétorqua le fameux cheval en indiquant l'endroit où logeait ses couilles.

— T'as surtout une haleine de cheval, voir de chacal ! Bim ! Bam ! Boum ! Bam ! conclut Eren en mimant la casse de Brice. »

Le dénommé cheval ne sachant plus quoi répondre poussa Eren qui perdit l'équilibre. Les chichis et la Barbie Barbie volèrent et une pluie de sucre s'abattit sur ce qui était devenu un ring.

Eren se releva et puncha en plein dans le vide, ratant sa cible, John profita de ce moment de faiblesse pour shooter également dans le vide. Mikasa qui observait la scène de loin, se rapprocha à toute vitesse, passa près du fils de Pascal Obispo, lui arracha le bâton qu'il mâchonnait comme un chien et le brandit, s'enfonçant dans la mêlée. Elle fouetta le vide de son arme et se fit assommer par Eren, qui prit de peur par l'état de furie dans lequel elle était, la tacla.

John détruit de voir sa bien-aimée morte au combat redoubla d'efforts pour destroyer son rival. Il plaça une pichenette magistrale sur le front d'Eren qui tomba au sol, se tordant dans tous les sens comme un asticot. John s'installa auprès du ver de terre et le bombarda de pichenettes toutes les unes plus ratées que les autres.

« Levi, suffoqua Eren, c'en est fini de moi avant de mourir, commença-t-il, j'aimerais t'avouer que... »

Mikasa se réveilla d'entre les morts, roula en boudin dans l'herbe comme un ninja afin d'attraper la Barbie qu'elle lança à Eren qui se l'était reçue en pleine tête.

Dans un dernier élan d'espoir, il croqua en plein dans la Barbie qui couinait et fouetta son adversaire avec ses faux cheveux blonds. Eren se redressa, couru vers moi et bondit sur mon dos, la Barbie toujours entre les dents.

« Au galop, me commanda Eren fier de lui.

— Non mais, oh. Tu m'as pris pour John salopiaud ?

Eren soupira, mit ses bras autour de mon cou et nous partîmes d'un pas nonchalant vers la sortie de l'école.

« BYE BITCHES, s'écria Eren, formant le signe JUL avec ses mains. »

Babysitting → Ereri/RirenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant