Prologue

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Ne plus respirer. Ne plus bouger. Ne plus penser à autre chose que sa cible. Un seul battement de cil, et il partait. Un seul faux pas, et elle perdait sa proie.
Le cerf qui lui faisait face, à si peu de mètre, n'avait pas l'air de se douter que la mort chevauchait son dos. Que cette herbe fraîche sur laquelle il se délectait allait être son dernier festin. Mais à elle, il allait devenir son premier repas depuis des jours à crever de faim. Elle sentait mon estomac se tordre, tant et tellement que c'en était douloureux. Et cette bête était son salut.

Elle était cachée dans des buissons, un genou à terre, le dos droit et tracté, un bras tendu devant elle pour tenir un arc, et l'autre tiré en arrière pour bander la corde. La tête de sa flèche était pointée droit sur le flanc de l'animal. Elle était si belle, entrain de brouter la verdure et si innocente du danger. Mais cette bête était son salut.

Elle commença à relâcher ses doigts de la corde, lorsqu'un cri retentit. Elle baissa immédiatement son arme, attentive, et tourna la tête en direction du hurlement. Aucun autre ne survint. Elle fronça les sourcils, reprit correctement sa posture et rebanda son arc pour tirer. Mais une fois qu'elle voulut viser à nouveau, le cerf n'était plus là.


- Mún !* ,jura-t-elle en se redressant.


Elle sortit de sa cachette, n'ayant plus d'utilité à y rester. Elle rangea sa flèche dans son carquois, passa son arc dans son dos et soupira. Elle allait devoir se contenter de baies et de racines, encore une fois. Avec l'hiver qui approchait, peu de lapins ou d'autres petites proies faisaient leur apparition. Les cerfs et les biches étaient les uniques animaux à s'aventurer un peu partout.

En soupirant, elle reprit sa route, souhaitant ardemment que les dieux puissent lui envoyer ne serait-ce qu'un écureuil.


- À L'AIDE !


Elle se stoppa, et pivota vers la source de cet appel terrorisé. Sans plus hésiter, elle s'élança à la recherche de la personne en détresse. Rapide, elle évitait les arbres sur son chemin, sautait par-dessus les obstacles, ou même par-dessous. Son cœur battait à vitesse folle au son des cris qui s'élevaient de plus en plus. Elle y reconnaissait ceux d'un enfant.

Enfin, elle arriva à la lisière de la forêt, en haut d'une pente. Plus bas, une pleine bossue et parsemée de rochers tranchants, plus ou moins gros. Elle reprit quelques secondes son souffle, sans pour autant cesser de chercher du regard d'où est-ce que provenait les appels. C'est là qu'elle remarqua un groupe de trois loups s'approcher lentement de ce dont elle craignait, un enfant. Ils l'avaient coincé contre un rocher, et il était impossible à leur proie de prendre la fuite,pas même d'escalader la pierre. Il allait se faire dévorer.

Elle n'attendit pas plus, elle bondit en dévalant la pente, courant avec agilité vers le rocher où était bloqué le pauvre petit. Elle prit soin de ne pas être dans le champ de vision des loups, afin de grimper sur le roc et d'atteindre le sommet de ce dernier. À peine y fut-elle qu'elle sortit une flèche, l'encocha et tira sur la bête du milieu. La flèche se planta dans le crâne de l'animal, le tuant sur le coup. Immédiatement ensuite, elle sauta de son perchoir pour atterrir avec souplesse entre l'enfant et les dernières créatures.Elle banda à nouveau son arc, prête à attaquer, mais les loups furent surpris de son intervention subite, ils abandonnèrent et s'enfuirent.

Elle soupira de soulagement, rangea son arme, et se retourna vers le petit. Celui-ci, plaqué contre la pierre et encore tremblotant, faisait de grands yeux effrayés. Elle s'approcha doucement, mais garda ses distances pour ne pas le brusquer. Elle sourit afin de le rassurer. L'enfant plongea son regard bleu intensif dans le sien - regard qu'elle trouvait magnifique -, et son expression se détendit, mêlé à de la curiosité envers sa sauveuse.

The Hobbit - La Corneille du RoiWhere stories live. Discover now