Narju 'an takun rahmat allah ealayna ( Que la miséricorde de Dieu soit sur nous)

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Il me regardait pas, il me dévisageait.

Que me voulait-il ? Je ne le laisserai pas m'humilier  si c'est ce qu'il compte faire.

J'en ai assez vu aujourd'hui.

- Que faites-vous en pleine rue à cette heure avec une valise en main ?

Je ne disais rien. Je fuyais son regard ténébreux.

Il s'approcha de moi.

- Je vous ai posé une question ?

Sa question me fit  ressasser tout ce qui m'est arrivé.

- Vous pleurez ?

Je m'en étais même pas rendu compte que mes larmes coulaient.

J'étais comme zombifiée.

Il me prit dans ses bras. Je m'y sentais si bien.

Puis il souleva ma valise.

- Suivez-moi. C'est dangereux d'être seule à cette heure dans la rue.

Ma mère a t-elle pensé ainsi ? Que ça pourrait être dangereux pour moi ?

Je ne comptais plus à ce point pour elle.

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Il m'emmena chez lui. Il vivait seul.

Moi qui craignait qu'il ait une femme,  des enfants, ça aurait été plus que gênant.

Mais rien. C'était  un peu effrayant quand même.

- Tu dormiras dans la chambre,je serai sur le canapé. Si t'as besoin de quelque chose fait comme chez toi.

Rien avoir avec le mec avec qui j'ai baisé à la maison close.

Il était plus gêné que moi, c'était très drôle.

- Je m'appelle Soraya.

- Bilal.

Se contenta t-il de dire.

Je passai toute la nuit  à penser. Je n'arrivais pas à m'endormir.

Des larmes,encore des larmes.

Jelila  me manquait terriblement.

- Tu ne dors pas ?

Bilal ne dormait pas non plus. On passa la nuit à parler.

Je lui raconta ce qui m'est arrivé.

Il était si surpris.

- Dommage  que ta famille réagisse ainsi. Je donnerai tout pour revoir la mienne.

Son regard s'attrista.

- Essaie de dormir. Demain tu retournera voir ton père. Il se sera calmer InchAllah.

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Le lendemain matin je fis réveillée par un cauchemar.

Je récitai plusieurs sourates afin qu'Allah empêche ce que j'ai vu cette nuit.

Bilal avait fait un petit déjeuner.
Une belle attention de sa part,mais j'avais pas faim.

Je voulais aller voir mon père.

- Mange quelque chose stp. Tu auras la force d'affronter les émotions.

Il avait raison. Je m'assis. Ce fut délicieux.

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J'hésitais à frapper à la porte. Quand je le fis je restai planter là cinq bonnes minutes.

Aïcha ouvrit la porte. Elle me lorgna de la tête aux pieds.

- Que veux tu ?

- Laisse moi entrer au moins Aïcha !

- Papa ne va pas bien, et il ne veut pas te voir.

- Apparemment y'a pas que papa qui ne veuille pas me voir.

Je poussa la porte et entra. Aïcha me suivait en me répétant ces anneries.

Je me retourna d'un coup et la gifla.

- Certes t'es une épouse soumise que moi , tu as eu un enfant avant moi mais je suis ton aîné et pour rien au monde je te permettrai de m'humilier.

Ma mère sorti, elle fut surprise de me voir , mais pas agréablement.

- Que fais tu ici Soraya ?

- Tu n'es pas heureuse de voir que rien ne me soit arrivé hier dans les rues sombres où j'ai trouvé refuge ?

Elle détourna son regard de honte.

- Je veux voir Père.

- Il ne va pas bien Soraya.

- Je veux le voir !

J'entrai dans la chambre. Mon père était allongé sur son lit, pensif.

- Aïcha ? C'est toi ?

J'eus mal qu'il ne pense même pas à moi.

- C'est moi Soraya, Papa.

Il ne disait plus rien. Puis il reprit:

- Tu dois être bien heureuse maintenant n'est ce pas ?

- Je t'aiderai à payer tes dettes Papa.

- Et mon honneur que tu as bafoué ?

Mon père ne pensait qu'à lui.

- Majid me réclame ce qu'il m'a donné. Et comme je ne l'ai pas il compte saisir tout ce qui me reste. Tout ça par ta faute Soraya !

Il s'attrapa la poitrine en parlant. Il allait mal.

Je m'en alla les larmes aux yeux.

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- Quel monstre ce Majid ! Soit forte Soraya.

Plus facile à dire qu'a faire. Mon monde s'écroulait.

Je marchais dans les rues avec Bilal.

Un vrai comédien !  Il essayait de me faire rire.

Cette balade me faisait du bien.

J'aperçus Aïcha et ma mère.

Aïcha me lorgnait. Quelle peste celle là.

Je salua ma mère,ignorant Aïcha, pour éviter les disputes.

- Alors c'est à cause de lui que tu as déshonoré ainsi ton mari et ta famille Soraya ?

Dit-elle en regardant Bilal.

- Non ce n'est pas ce que tu crois maman. Je trainais dans la rue alors il m'a recueilli chez lui et...

Ma mère me donna une gifle !

- Par ta faute Soraya, la colère d'Allah est sur notre famille ! Ton père est sur le lit de mort, rongé par le chagrin ! On a plus de toit !

Un feu me consumait de l'intérieur.

Une haine indescriptible m'animait.

- Allons-nous en maman.

- Où allez-vous ?

- Je l'emmène chez moi.

Dit Aïcha en me tournant le dos, me laissant aucune indication.

Bilal me tint la main. Ça me faisait du bien de sentir encore quelqu'un qui me soutenait.

UNE CO-EPOUSE PAS COMME LES AUTRESWhere stories live. Discover now