brève d'infirmière : Didier

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Nous les infirmières, il nous arrive parfois dêtre confrontées à des situations peu cocasses, improbables et vraiment très gênantes, mais avant de raconter cette brève dinfirmière, je tiens à parler un peu de Didier. Il le mérite.

Didier était un garçon de 48 ans, ou plutôt un homme devrais-je dire. Il avait un retard mental et javais la sensation de madresser à un gosse de 10 ans, parfaitement capable de comprendre les choses mais sans vraiment en mesurer lampleur.

Les médecins pensaient que ce retard était lié à un énorme choc émotionnel que sa mère avait eu quand elle était enceinte de lui. En effet elle était enceinte de quatre mois et avait déjà une petite fille de 5 ans lorsque son mari est décédé dans un terrible accident. Y a-t-il véritablement un lien entre ce traumatisme et le développement intra utérin de Didier, on en aura jamais la certitude et je nai pas la compétence pour laffirmer mais je pense que oui.

Didier était embauché à la ville, aux espaces verts, il adorait le contact avec la nature, il séclatait dans son boulot mais surtout il était très aimé. Car Didier cétait en fait la personne la plus gentille quil mest arrivé de rencontrer, pas de le sens péjoratif « brave » comme on dit à Marseille. Cétait une très belle personne.

Un jour il avait oublié de mettre son patch de lidocaïne afin que je puisse lui reposer laiguille de son portacat. Il a pris sur lui pour ne pas me montrer sa douleur, dune part pour ne pas que « je » minquiète et dautre part pour me montrer à quel point il était courageux.

Cétait important pour lui de montrer quil était fort, il était digne. Il ne se plaignait jamais, absolument jamais alors que dautres auraient hurlé de douleur, se seraient morfonds dangoisse lui non, tout allait toujours bien.

Sa prise en charge était cette fois palliative, je lavais déjà soigné 2 ans auparavant pour un premier cancer mais cette fois-ci, pas déchappatoire. Je pense quil le savait et quà travers cette attitude forte et courageuse cest surtout sa maman quil protégeait. Il avait malgré son retard, une certaine maturité et une belle sensibilité, il avait compris que sa maman ne sen remettrait jamais, donc il fallait que cette fin de vie soit le plus indolore possible pour protéger sa maman. Il vivait et avait toujours vécu avec sa maman, ils avaient tous les deux une relation tellement fusionnelle, cest lui qui mourait et cest elle qui souffrait. Elle continuait à soccuper de lui comme dun petit garçon si bien quun jour

Nous étions dans la salle à manger assis à table, je lisais le compte rendu de sa dernière chimio, quand Didier a commencé à me parler de démangeaisons au niveau des plis cutanés. Dans le cou, sous les aisselles et au pli de laine. Mycose, urticaire ? Pour pouvoir le décrire au médecin afin quil ait le bon traitement il fallait jeter un il. Je lui demande alors de me montrer, il commence par retirer son tee-shirt. Ok bon, un « gros placard » rouge, ça ne maide pas beaucoup ça Toujours assise sur la chaise je lui demande alors de me montrer son aine, le pli de sa cuisse. Dans un élan bien volontaire et dans la souci de bien faire, Didier se leva face à moi, sa maman sétant positionnée à côté de lui pour laider.

Et là surprise, au lieu de tirer sur son caleçon pour découvrir son aine cachant ses parties, Didier dun geste assuré baissa son caleçon sur ses chevilles. Sa maman imperturbable examinait la rougeur avec soin et attention tandis que moi je me retrouvais nez à nez, ou nez à kékette devrais- je dire !!!! Ce fut un des plus grands moment de solitude de ma carrière, jétais tellement gênée que je devins plus rouge que rouge ! Je ne my attendais pas et pour le coup mon visage était à 10cm de son engin. Tandis que tous les deux attendaient mon diagnostic. Javais envie de rire et de me mettre dans un trou de souris en même temps

Le billet d'EvaOnde as histórias ganham vida. Descobre agora