CHAPITRE 4 - CONVERSATION SUR PLAIE OUVERTE

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L'obscurité du couloir avait le don de l'angoisser. Une main placée sur le mur à sa gauche, elle avançait lentement. En relevant la tête et en plissant les yeux, elle crut voir des ampoules fixées au plafond. Elle resta immobile un instant, attendant que celles-ci s'allument d'elles-mêmes, en vain. Haven s'arrêta finalement quand elle remarqua un rayon de lumière dessiné à ses pieds. Sa main glissa sur le mur, les contours d'une porte se dessinèrent sous ses doigts. Son index toucha ce qui lui sembla être une poignée.

Elle ne trouva pas le courage d'ouvrir la porte, pas quand ce faisceau de lumière signifiait que quelqu'un se trouvait derrière – pas quand les derniers mots de Maxen résonnaient encore à ses oreilles. Elle inspira longuement pour calmer les tremblements de sa main.

La porte s'ouvrit en grand et elle dût se retenir au mur pour ne pas tomber en avant. Devant elle se dressait un jeune homme. La première chose qui lui vint à l'esprit était qu'il était bien plus grand que la moyenne, qu'il devait très certainement atteindre le mètre quatre-vingt-cinq. Haven le vit baisser les yeux vers elle, comme s'il n'était pas habitué à regarder une personne de sa taille. Elle se sentit étrangement agacée par cela, comme s'il venait de l'insulter, mais elle se retint de faire une remarque, se disant qu'énerver un criminel était la dernière chose qu'elle souhaitait faire.

Haven avait beau fixer son visage, elle eut du mal à imaginer qu'une telle personne avait également été condamnée par le Système. Il y avait quelque chose, pensa-t-elle, qui l'apaisait. Il dégageait une chaleur réconfortante, une sorte de tranquillité, qui lui donnait l'impression de rejoindre une vieille connaissance après une longue journée de travail pour décompresser.

Avec ses cheveux courts et bruns et ses lunettes rondes, il lui renvoyait l'image d'un garçon de bonnes familles qu'elle aurait pu servir dans l'un des quartiers huppés de Ladva.

Elle n'avait pas l'impression d'être en présence d'un criminel.

Et cela l'effraya.

— Où est Lizzie ? lui demanda-t-il d'une voix plus grave qu'elle ne l'avait imaginée.

Haven ne répondit pas et il ne rajouta rien non plus. Ils ne se lâchèrent pas du regard comme s'ils se jugeaient mutuellement. Il leva la main, ce qui la fit reculer d'un pas. Il pencha légèrement la tête sur le côté avant d'afficher un petit sourire et pousser ses lunettes en haut de son nez.

— J'aurais dû me présenter avant de te poser une question comme ça. Désolé, dit-il en lui tendant sa main droite. Charlie Harrington. Je ne suis pas méchant, tu peux me serrer la main sans crainte.

Elle avait quelques doutes sur ce point mais décida tout de même de saisir sa main.

— Haven Hoang.

— Enchanté. Entre, dit Charlie en s'écartant.

Haven eut l'impression de faire un bond dans le passé. À certains endroits, le papier peint jaunâtre se décollait ; la moquette marron foncé sous ses pieds étaient parsemée de taches dont elle ne préférait pas connaître l'origine. Dans un coin, deux balais étaient appuyés contre le mur – l'un d'entre eux semblant même avoir vécu une longue vie déjà. Il n'y avait que quelques meubles dans la pièce : une table entourée de quatre chaises contre le mur à sa gauche et une étagère de rangements en bois foncé composée de six cubes presque vides.

— C'est plus confortable que ça en a l'air, fit Charlie à côté d'elle. Surtout quand ils se décident à faire le ménage.

Il avança vers l'étagère et fit glisser son index sur la première case – prenant le soin d'éviter ce qui lui semblait être un dé et un jeu de cartes. Il leva son doigt au niveau de ses yeux et retroussa le nez.

Ce qu'ils cherchentWhere stories live. Discover now