#4 Le refus (oui le titre est pourri)

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Quand on ne mesure qu'un petit mètre soixante-deux pour une cinquantaine de kilos, pas très impressionnant ni même beau, on préfère passer inaperçu et éviter les problèmes, comme tout ce qui se rapporte aux "populaires". Des vrais rois dans la jungle qu'est le collège. Ils savent tout et surveillent tout, il n'y a aucun moyen de leur échapper.

Malheureusement, le stade "passer inaperçu" a échoué, étant nouveau dans une classe de déjà six mois d'existence, on se fait tout de suite remarquer.

Le stade deux n'a pas tenu longtemps, ma maladresse et malchance venue joyeusement toquer à ma porte a laissé entrer dans ma vie les rois de la jungle. Si seulement j'avais pu capter leur aura de maître des lieux, peut-être, non sûr que j'aurais obéis rapidement à leur demande d'aller leur acheter un coca. Mais raté, j'ai loupé le signal, répondu par la négative et voilà comment je suis devenu la personne la plus unanimement détestée du collège.

Bien sûr, tout le monde ne me hait pas, ils suivent juste la tête de file, et comme cette même tête de file me déteste, le troupeau aussi ! Que c'est beau l'influence ! Que c'est beau de voir autant de personnes ne pas réfléchir et imiter leur "chefs". Ceux qui ont une puissance deux fois, voire trois fois plus grande que celles du principal et de la principale adjointe réunis. Ils inspirent la peur, la peur de savoir ce qu'il va se passer s'ils décident de détruire ta vie sociale.

Mon exemple est parfait. Je leur ai désobéis et ils se servent de moi pour montrer que ce sont eux les chefs, que ce sont eux qui font la loi.

Au début ils ont voulu commencer par détruire ma réputation sur Internet. Manque de chance, je n'ai aucun compte instagram, facebook, snapchat, ... . Ça ne les a pas arrêtés. Du jour au lendemain je me suis retrouvé avec plusieurs comptes à mon nom où d'horribles photos montages me ridiculisaient, tous accompagnés de commentaires agressifs et insultants.

Je ne suis pas retourné à l'école le lendemain, ni le surlendemain, ni le jour d'après, toute la semaine qui a suivi les posts en réalité.

Mal de ventre et migraine furent des excuses pour mes parents pour ne pas y aller. J'avais honte, honte mais pas peur, pas encore.

De retour au collège, j'ai tout de suite remarqué la distance entre les autres et moi. Ceux qui se sont écartés sur mon passage, les chuchotements, ceux qui t'ont montré du doigt en rigolant. Ils m'avaient totalement isolé du reste des élèves juste en l'espace de quelques jours.

Cela a été long, très long mais supportable.

Le mois qui suivi fut calme, les élèves m'évitaient toujours, j'étais habitué maintenant. Les cours se passaient bien, des notes correctes tournant aux alentours de quatorze et quinze. Ça allait, je pouvais supporter la solitude. Je me suis découvert pendant ces moments de réflexion une passion pour la géométrie. Observer la structure de l'établissement, ses angles droits qui nous entourent, ses formes carrées, rondes, hexagonales,... . J'admirai pour la première fois ce qui faisaient partie de ma vie.

Tellement absorbé, obnubilé par cela, je les ai oubliés eux et leurs vidéos. Cela ne leur a visiblement pas plu.

Ils passèrent à l'étape supérieure avec des insultes criées haut et fort dans les couloirs, les bousculades et le vol de mes affaires. Les mots, tout sauf d'amour apparurent dans le casier, d'abord d'eux puis d'autres. Ils ont lancé la machine et ne compte pas l'arrêter.

Les longues journées de cours devinrent horribles, douloureuses. Ce n'était plus de simples bousculades mais des coups donnés au détour d'un couloir.

Mon corps se couvraient d'une couleur bleu-violacée et m'empêchaient de bouger sans douleur.

J'avais peur maintenant. Une de ces boules qui vous prend le matin au réveil, ce poids au creux du ventre et les jambes qui tremblent dès la grille d'entrée : l'entrée en Enfer.

La jungle remplie d'animaux hostiles avaient été remplacé par les furies, servantes d'Hadès. Les murs autrefois si droits s'étaient transformés en labyrinthe où attendent cachés derrière les murs des démons dont la seule envie est de vous dévorer.

Ils avaient gagné et moi perdu.

Renfermé dans la solitude, sans savoir à qui parler, j'ai lentement sombré.

"Perte de poids, insomnies, émotions instables, c'est une dépression madame" m'a diagnostiqué le médecin. "A-t-il rencontré un signe qui ait pu provoquer cela ?" a-t-il ajouté.

"Son chat est mort la semaine dernière" lui répondit ma mère.

"C'est sûrement ça ! Du repos et du repos, voilà ce qu'il lui faut." dit le médecin visiblement sûr de lui.

Effectivement maman, mon chat est mort la semaine dernière, mais ce chat, je ne l'ai vu que deux ou trois fois, je n'y étais pas s'y attaché que ça. Si seulement tu essayais de comprendre ce que je n'arrive pas à te dire. Oui je vais mal, mais ce n'est pas à cause d'un stupide chat qui vivait dans la nature !

Si seulement j'arrivais à vous dire ce qui se passe, peut-être que la situation s'arrangerait !

Mais je ne suis pas courageux comme les héros de romans. Je m'imagine sans cesse ce qui risque de se passer si la situation s'envenimerait. Et j'ai peur, mes mots restent coincés dans ma gorge et je cris silencieusement.

Un cri de désespoir qui ne traversera jamais mes lèvres mais qui laissera sa marque sur mon coeur.

J'ai mal, j'ai mal mais personne ne le voit.

Tout a commencé à cause d'un simple refus, un non qui a décidé de mon futur.

Je les déteste pour ce qu'ils m'ont fait, je déteste mes parents pour n'avoir rien vu, et je me déteste d'être si impuissant.

J'aimerais abandonner.

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Je l'ai écrit pour un de mes brevets blanc de français, où le thème c'était : "Comme Antigone, il vous est déjà arrivé de refuser quelque chose, racontez dans quelles circonstances et quelles ont été les conséquences de ce refus. Vous soignerez la construction de votre devoir". 

Bah du coup j'ai pensé au tout ça ^^'

Avis ?

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⏰ Last updated: Feb 15, 2019 ⏰

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