Chapitre onze : "Elle n'a rien laissé ?"

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L'horloge du salon affichait dix heure et quart chez Néven. Il était en avance. Trois jours étaient passés après la révélation de Jude. Cétait aujourd'hui qu'il devait rencontrer cette Adélie.

Il avait peur. Au-delàs de l'appréhension de la rencontre, de la véritable peur émanait de lui. Il avait peur qu'elle soit réellement sa soeur, peur des questions qu'elle allait forcément lui poser sur sa mère. Peur, plus encore, de l'incompréhension qu'il lirait sur son visage lorsqu'il répondrait à ses questions. Mais au fond, il avait vraiment envie de la rencontrer. Et peut-être que sa mère sen retournerait dans sa tombe.

Il se rendit au rendez-vous donné, -un café au coin de la rue-, les idées en vrac dans son esprit. Il s'attendait à tout et en même temps, à rien.

Une fois arrivé, il s'assit à une table près d'une fenêtre et commanda un café noir. Il savait qu'elle le reconnaîtrait parce qu'il lui avait dit, par le biais de Jude, qu'il porterait une veste rouge.

Lorsqu'elle arriva, elle se dirigea immédiatement vers lui, la veste rouge avait été une bonne idée de sa part. Arrivée à sa hauteur, elle lui demanda s'il était bien celui quelle était venue voir, il lui répondit que oui et l'invita à sassoir.

La conversation débuta par une question d'Adélie.

- Tu penses que tu es vraiment le frère que je recherche ?

Néven, que la ressemblance avec la jeune femme avait troublé, répondit franchement.

- Lorsque Jude ma parlé de toi, je n'y croyais pas. Je ne voulais pas y croire. Jusqu'à il y a trois jours je n'avais pas de famille, j'étais complètement fils unique. Mais tout coïncide parfaitement. Ma mère s'appelait Amanda-Rose, elle est décédée il y a deux ans.

- Elle ne t'as jamais parlé d'un enfant qu'elle aurait abandonné ?

- Elle ne parlait pas beaucoup. Pas avec moi du moins. On n'était pas vraiment proche. Tu vas peut-être trouver ça bizarre et je t'avoue que je trouve ça étrange aujourd'hui aussi. Mais elle m'a toujours reproché ton absence. Je te mentirais si je te disais qu'elle ne mavait jamais parlé de toi. Mais je ne l'ai jamais crue. Je n'ai jamais crue en ton existence. Elle parlait sans cette de sa douce Adélie, de sa petite fille perdue, mais je croyais qu'elle était juste enfermée dans un espèce de délire paranoïaque ou un truc dans le genre. Je n'ai jamais pensé que tu pouvais réellement exister, qu'elle avait réellement eu une fille. On a juste été des étrangers vivant sous le même toit durant tout le temps qu'on a vécu ensemble. Elle ne se préoccupait pas de moi, elle ne pensait qu'à toi, et je ne me préoccupais pas forcément d'elle non plus. On cohabitait juste, et aucun de nous ne faisait quoique ce soit pour que ça s'arrange. Elle était ma mère, j'étais son fils, mais c'était seulement des formalités, en réalité, on n'était quasiment rien l'un pour l'autre.

L'expression d'incompréhension tant redoutée par Néven se lisait déjà sur le visage d'Adélie, la présumée soeur de Néven. A la voir ainsi, il commençait à se sentir mal. Il aurait voulu lui raconter qu'on avait enlevé de force à sa famille le bébé qu'elle était à l'époque, que sa mère avait tenté de la retrouver mais ça aurait été complètement faux. Et il ne voulait pas lui faire de faux espoirs. Sa mère l'avait toujours pleurée mais ne l'avais jamais cherchée. Néven pensait que si sa mère avait su ou était Adélie elle ne voulait pas vraiment la retrouver. Sinon, l'abandon avait été fait dans son dos.

- Je vois dit-elle, et ton... notre père ? Je n'ai jamais réussi à trouver ne serait-ce qu'une petite trace de son existence.

- Adélie, je dois tavouer que sur ce point-là je suis aussi paumé que toi. Je n'ai pas la moindre idée de qui il peut être. Je sais qu'il existe quelque part sur Terre mais rien de plus, Amanda-Rose n'a jamais voulu m'en dire plus.

- Et elle ne t'a rien laissé à sa mort ? Pas une trace ? Pas un mot ? Rien du tout ? Elle n'a rien laissée ?

- Honnêtement je n'en sais rien, je ne suis pas allé chez elle depuis sa mort, alors je n'en ai pas la moindre idée. Mais je vais aller voir et si jamais je trouve quoique ce soit, je tappelle.

Néven se leva, prêt à partir, avant d'être interrompu par une énième question d'Adélie.

- Est-ce que... est-ce que tu accepterais, quand tu sera prêt bien-sûr, de rencontrer mon fils ? Il s'appelle Ayden, il a cinq ans...

- Avec plaisir, dit-il en se retournant.

L'AstromanWhere stories live. Discover now