Chapitre 1

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Balcon vide. Ma joie est morte. Lendemain triste. Assise sur un tabouret, je regarde les voitures passer. Cracher leur pollution dégueulasse. Je ne réalise toujours pas. Hier soir, il est parti. 

Je m'allume une cigarette. Pourtant, je ne fume pas, d'habitude. Mais, il faut bien donner une raison à mon matin sur le balcon. Très légère nausée. J'espère que je ne suis pas enceinte. Imaginez l'horreur. Une espèce de foetus informe et flasque dans le ventre. Foetus créé par moi, ET LUI. Non, ce serait trop affreux; je préfère ne pas m'attarder là-dessus.

Pourquoi est-ce que j'étais avec lui, déjà ? Je ne m'en souviens même plus. Une sorte d'enchaînement d'évènements contre lesquels il m'était tout bonnement impossible de lutter. Notre vie n'était pas nulle, loin de là. C'était même plutôt plaisant, je dois dire. Une sorte de routine pleine d'affection et d'illusions. En somme le parfait cocktail pour un couple de trentenaires prêts à s'engager dans une vie sans obstacle. Amen.

Robin et moi étions normaux. Et là, vous vous dîtes, merde alors, on va se faire chier. Pourquoi est-ce qu'elle nous raconte un truc « normal » ? Parce que la suite ne l'est pas. Parce que la suite est un cauchemar. Un cauchemar.

Sur mon balcon, je me mouche dans mon pull. Amoureuse délaissée, éplorée, brisée. L'ombre de moi-même. Le temps passe. Je chope un rhume. Le froid fait pleurer mes yeux. Et je m'oblige à rentrer à l'intérieur. Une fois installée sur un fauteuil, j'hésite. Écouter un de tes disques et pleurer encore ? Essayer d'appeler quelqu'un ? Sortir manger un bout ? Je me sens seule et indécise. Avant, il m'aidait à choisir. Quand je ne savais pas, il était toujours là, prêt à me guider. Robin avait toujours la solution. Il réglait tout mes soucis, et me calmait si je devenais hystérique face à mes dilemmes.

Je me mords la langue. Goût de sang. Agréable. Je suis seule dans l'appartement. La nuit tombe, et je n'ai toujours rien mangé. Je ne sais pas où il est, avec qui. J'ai peur de passer la nuit sans lui. Je déteste être seule. Ma mère est morte, seule. Je ne veux pas finir pareil.

Hier soir a été terrible. Ça devait être une soirée sympa. On a invité un couple d'amis à dîner. On a un peu bu, beaucoup ri, parlé de tout et surtout pas de rien. On a passé un bon moment. Vraiment. Et puis, tout s'est accéléré. Tu m'as prise à part, après le dessert. A plongé ton regard gris et froid dans le mien. J'ai immédiatement senti une atroce distance. Déjà, à cet instant, quelque chose s'est envolé. Je ne m'en suis pas rendu compte, tout de suite. Puis, tu as parlé.

- Mahaut, je dois partir.

- Mais, tu rigoles ? Tu vas où ?

- Je m'en vais.

- J'ai compris, mais où ?

- Loin. Je ne reviendrai pas.

J'ai tout de suite senti que ce n'était pas une blague. Qu'il m'annonçait réellement son départ.

- Tu me quittes ?

- Pardon. Je peux pas rester.

- Comment ça ?

- Je dois y aller.

Et il est parti. Comme ça. Mes amis m'ont trouvée en pleurs, recroquevillée dans le couloir, quelques minutes plus tard. Ils ont voulu rester, me soutenir. Mais je leur ai demandé de me laisser et ils ont respecté mon choix.

Maintenant, je n'ose appeler personne. Comment expliquer aux gens, quelque chose que je ne comprends pas moi-même ? Du jour au lendemain, Robin m'a abandonnée. C'est impensable. Je me sens révoltée, mais mon corps n'a pas de force. Pas faim, non plus. Je m'endors.

Le téléphone me réveille à 22h30. C'est Robin, et mon cœur s'arrête.

- Je te réveille ?

- T'es où ?

- Mahaut, je suis désolée. Je ne voulais pas te faire du mal. Je n'ai pas le choix. Je ne peux pas vivre avec toi.

- Pourquoi tu appelles ?

- Parce que tu me manques. Et pour te dire que je ne suis pas un salaud. Fais bien attention à toi. Et rappelle-toi, je ne t'aurai JAMAIS fait de mal. Je le jure. JAMAIS.

- De quoi tu parles ? Je ne comprends pas.

- Je ne peux pas parler plus. Pardon.

Il raccroche. Je peine à respirer. Je prends des somnifères, m'abandonne dans un sommeil profond et prie pour ne pas me réveiller.

Le lendemain, la douleur est terrible. Mon ventre est vide, mon cœur est vide. J'écris : « Il va revenir il va revenir il va revenir il va revenir » Je ne sais pas quoi dire d'autre, puisque je ne sais rien. Je cherche des indices, dans nos récents souvenirs, je fouille ma mémoire à la recherche d'un mot, d'un regard qui pourrait me mettre sur la bonne piste. Mais c'est dur, ça me fait mal. Je ne trouve rien. RIEN. J'ai alors une idée. 

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 22, 2019 ⏰

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