Le Noir Absolu - Eldarya Nevra x OC

Chapitre 17 : Profondeurs abyssales

Ce matin, je déambule dans les couloirs du QG, vêtue de noir pour changer. Je ressemble plus à une âme errante qu'à une fearie. Je rejoins les jardins en fleurs en ce début de printemps, les arbres bourgeonnent, les familiers gambadent et les enfants du refuge jouent à chat.

Arrivée au cerisier, je me pose dans ses branchages. Cacher de tous, le regard perdu dans le ciel, je me souviens avec nostalgie du temps où j'étais encore sur Terre. Je restais des jours, des semaines dans un arbre semblable à celui-ci, maudissant mon existence.

Maintenant, je suis dans mon monde. Celui dans lequel je suis née, enfin sûrement... Et en plus d'être un vampire, je suis une deamon. Cette race c'étant défilé durant le Sacrifice Bleu, cette race disparue. Et voilà que j'en fais partie.

Je suis une deamon et maintenant je ressuscite ! Mais, il faut que j'aille de l'avant. Si je suis encore là, c'est qu'il y a une bonne raison. Et je compte bien profiter de la vie que l'on m'a donnée !

Quittant le ciel des yeux, je saute de ma branche bien décidée à reprendre ma vie d'avant et redevenir la brune joyeuse et tête brûlée que je suis ! J'ai besoin de bouger et vais de ce pas voir Miiko pour les missions qui sont en attente.

* * * * *

Après une grande négociation, j'ai réussi à avoir son accord pour aller faire une mission. N'en ayant jamais fait, il a fallut que je la joue fine pour qu'elle accepte que je fasse une mission avec tout de même un intérêt : je pars pour les Terres de Jades, voir le peuple Kappa afin d'enquêter sur plusieurs vols qui ont eu lieu.

Miiko a tout de même insisté pour que je sois accompagné, je pars donc avec Karenn qui est ravie que je reprenne du poil de la bête.

Je suis actuellement entrain de faire mon sac, l'emplissant de tenues adéquates, de mes couteaux -on ne sait jamais- et tout autres babioles qui pourraient me servir. Une fois cela fait, je me passe sous la douche et m'habille d'un legging noir aux détails transparents, d'un crop top prune et d'une veste.

J'attrape mon sac et rejoins Karenn vers la grande porte. Miiko et Leiftan nous donnent les dernières directives et nous accompagnent jusqu'au bateau.

Étrangement, les garçons ne sont pas là pour notre départ. Le temps n'est plus au questionnement puisque nous prenons le large, laissant le QG rapetisser au fur et à mesure que l'on s'éloigne des côtes.

Accoudée au barrières du pont de notre voilier, j'observe l'horizon. A cette heure, le ciel se teinte d'orange et de rose et se reflète dans l'eau. L'océan est calme, silencieux, sombre. Une douleur enserre soudain mon cœur. C'est lui qui avait eu raison de moi, et j'ai beau faire la forte, j'ai peur.

Peur qu'il ne revienne me prendre, peur qu'il veule m'arracher à la vie, encore une fois. Que ses profondeurs est raison de moi, que les algues qui l'habitent viennent s'accrocher à moi et me tire en son fond glacial et obscur.

Une main sur mon épaule me sort de mes sombres pensées, la vampire se place à mes côté ayant sûrement deviné mon mal-être.

— Ça va aller ? Demande t-elle soucieuse.

— Oui, avec le temps...

— Il faut que tu y aille étape par étape, ne te précipite pas.

— Je sais, je vais essayer... Tu viens avec moi, je vais essayer d'y trempé les pieds ?

Karenn me lance un sourire radieux, sûrement heureuse que j'essaye de passer outre ma peur et de vouloir aller de l'avant. Elle attrape ma main et se dirige vers l'arrière du bateau, étant résignée je la suis.

Une fois arrivée, elle retire ses chaussures m'invitant à en faire de même et s'assoie en tailleur. Je l'imite après quelques secondes d'appréhension. Assise, les pieds à quelques centimètres de l'eau noire de cet océan, mon cœur tambourine dans ma poitrine. Karenn elle, a déjà les pieds dans l'eau, s'amusant à dessiner des formes dans cette eau lugubre.

Je fixe l'eau, comme pour la sonder. Je cherche dans sa profondeur abyssale toute forme d'agressivité, de danger. Apercevant des ombres, je relève mes pieds d'un coup, ramenant mes genoux contre ma poitrine et respirant fortement. Ce geste attire l'attention de la vampire, qui fronce les sourcils en me vouent recroquevillée.

— Hé... Il n'y a rien qui te veux du mal ici, d'accord ?

Je ne lui réponds pas, observant encore cette eau mais quand je revois encore cette ombre accompagnée de quelques vaguelettes, je me redresse instantanément.

— Karenn ! Sort tes pieds ! TOUT DE SUITE !

— Arrête Angel ! Il n'y a rien ! Calme toi !

— KARENN ! TOUT DE SUITE !

Les vaguelettes s'intensifient, et une nageoire fend la surface de l'eau, se dirigeant vers La vampire.

— Calme toi Angel !

— KARENN SORT !

La vampire trop absorbé pas notre échange ne voit pas la créature arrivée. Et moi, terrorisée je n'ose plus bouger. Incapable de faire le moindre mouvement, je lui hurle encore une fois de sortir.

Karenn se trouve alors vers l'océan, mais l'ombre à déjà disparue.

— Regarde, il n'y a rien. Tout est calme.

— Trop calme...

— S'il y a quelque chose, c'est une cruche qui hurle depuis trois minutes !

Elle arrive à m'arracher un sourire, je me résigne et me rassoit à ses côtés. Mon esprit doit me jouer des tours, et la peur y est sûrement pour quelque chose.

Me revoilà, fixant les flots d'un œil suspicieux avec une boule au ventre monstre. Alors que je trouve un infime soupçon d'espoir au fond de moi pour poser un orteil dans cette eau glacée, Karenn jouant avec ses pieds me regarde faire tendrement.

Mais alors que l'eau commence à envelopper mon pied, la nageoire ressurgit fonçant à pleine vitesse sur Karenn, la peur me paralyse une fois de plus et je ne suis que spectatrice de la scène. La vampire se fait emporter loin de moi, se débattant tant bien que mal. La créature l'ayant attrapé par les jambes, Karenn ne peut se défendre que de ses points et ses crocs. Elle n'est plus que la marionnette de ce monstre des profondeurs abyssales.

Je suis sorti de ma torpeur à l'entente de mon nom, la vampire hurlait de toute ses forces. Reprenant mes esprits, je jette l'encre du bateau à l'eau pour l'immobiliser et cours à travers les couloirs cherchant notre cabine.

Attrapant les couteaux et mon arc, je retourne sur le pont prête à affronter ma peur et les profondeurs de cet océan maintenant d'un noir qui me rappelle le noir absolu dans lequel j'étais plongée il y a de ça un mois.