VII

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(à écouter avec le chapitre)


Je comprenais enfin sa manière d'agir, ses temps de joie mais aussi de grande peine. Malgré tout, cela restait encore tout nouveau pour moi. Je n'avais jamais connu quelqu'un aux troubles bipolaires auparavant. Je n'étais pas non plus tombé amoureux d'un bipolaire.

Tous ses troubles de l'humeur m'étaient encore grandement inconnus. Toutes ses folies, ses idées déjantées s'expliquaient par le fait qu'il était dans une phrase maniaque. Lorsqu'il disparaissait, qu'il était aigri, triste voire méchant, il était dans sa phrase dépressive. Entre tout cela, son état à peu près stable montrait qu'il était normal.

Je ne savais pas encore comment j'allais gérer cela. Nous n'en avions pas plus parlé. Le soir où il était venu les poings ensanglantés, nous n'avions pas reparlé de ce qui s'était passé. Il était reparti le matin avant que je ne me réveille en me laissant un mot.

On avait parlé par message. Je lui disais pouvoir gérer tout ça, même si ce n'était probablement pas le cas. Il préférait être seul et ne pas me mêler à tout ceci pour le moment.

Pourtant, un soir, Milo m'avait harcelé de coups de téléphone que je n'avais d'abord pas vu, à cause de mon téléphone déchargé.
Je l'avais directement rappelé, inquiet.

Descends, je suis garé devant chez toi.

Puis il avait raccroché sans rien dire de plus. J'avais enfilé mes baskets, mis un gilet et laissé un mot à mes parents avant de le rejoindre. Directement, une odeur de beuh se dégageait de sa voiture.

– Tu as fumé de la drogue ?

Il me montrait sa main, où se trouvait entre ses doigts un joint.

– T'en veux ?

Il affichait un grand sourire étrange.

– Tu rigoles, je ne fume pas.

Il avait attrapé mon menton et m'avait tiré vers lui pour m'embrasser à pleine bouche. Je l'avais directement repoussé.

– Milo, tu pues l'alcool.
– Tu vas pas me faire chier avec ça, t'es pas mon père.
– Tu sais quoi, je me casse.

J'avais tenté d'ouvrir la porte mais Milo l'avait fermé. Il avait démarré en trombe, en riant. Mon coeur battait à mille à l'heure. J'avais peur. Il avait bu, fumé et je ne savais plus dans quelle phase Milo était. Probablement un mélange explosif des deux.

Il avait mis la musique à fond et racontait n'importe quoi. La minute d'après, il se mettait à pleurer.

– Arrête-toi s'il te plaît, tu me fais peur.

Il ne faisait que des zig-zag sur la route et plusieurs fois on avait failli avoir un accident.

La fois suivante était la pire.

Il me parlait mais je ne comprenais pas tout.

– J'ai pas pris mon traitement depuis une semaine... Je comprends plus rien mais c'est drôle... J'ai mal à la tête...On va se crasher !

Je me tenais fermement à mon siège en tentant tant bien que mal de le raisonner. Il faisait nuit et on semblait être sur une route de campagne, entre des grands bois. Notre seule source de lumière étaient celle des phares de la voiture.

On ne voyait rien et Milo n'était pas lucide. Il ne m'écoutait pas et j'essayais désespérément de le faire s'arrêter. Je tenais le volant alors qu'il l'avait lâché pour faire je ne sais quoi. Mon coeur battait de plus en plus fort. Je pleurais tant j'avais peur.

D'un coup, tout avait dérapé. Milo avait repris le volant et dans un mouvement brusque, nous avait fait déporter sur la voie inverse, tandis qu'un engin arrivait a toute vitesse.

J'ai fermé les yeux, les mains sur le toit de la voiture, des crissements de pneus, un bruit assourdissant puis plus rien.

Milo m'avait entraîné dans sa chute suicidaire.

fin.

tous les opposésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant