Chapitre IX

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Le voyage dans cette forêt s'annonce d'être long...très long. Depuis la sortie du domaine de Thorin, l'elfe et le nain se défient du regard, se lançant des pique de temps en temps. Ne supportant plus cette ambiance, Ahéris a décidé de se murer dans le silence le plus total, au grand désarroi du prince de Vert-Bois qui comptait un peu sur elle pour supporter le roi d'Érebor. En plus de s'être plongée dans le mutisme, elle n'avait rien trouvé de mieux que de les suivre en passant par les hautes branches des arbres, se rendant invisible au yeux des deux hommes. Seules quelques feuilles tombant du plafond de verdure témoignent de la présence de la dragonne. Le soir commence à tomber. Les deux hommes décident d'un commun accord à faire une halte pour passer la nuit.

-Ahéris! Descends, on s'arrête pour la nuit...

La dragonne ne se fait pas prier, sentant l'heure du repas approcher. En deux seconde, elle se trouve derrière l'elfe. Sans qu'il s'en aperçoivent, d'un geste extrêmement rapide, elle lui prend son arc et s'enfuit dans la forêt en riant comme une enfant.

-Parfois...je me demande si elle n'a pas du sang de farfadet dans les veine...Lâche l'elfe blond.

Thorin, qui n'a rien perdu de la scène, affiche un air amusé puis, pour la première fois de la journée, il ouvre la bouge pour autre chose qu'envoyer des reproche.

-Laissez faire...elle ne fait rien de mal. Elle est juste un peu...
-...Sauvage...il pousse un soupir. Je ne comprends pas pourquoi elle n'essaie pas...même une fois...d'être un peu moins...

Thorin sort sa pipe et forme des petit cercles de fumée avant de tendre l'objet à Legolas qui refuse poliment.

-Il faut la comprendre, dit il en portant sa pipe à la bouche. Ça n'est pas facile de se retrouver sans foyer...sans aucun endroit où aller...sans famille, ni point de repère...En un sens...elle me ressemble. Il tire un peu sur sa pipe et crache une colonne blanche de fumée, comme le ferait un dragon. Cette attitude enfantine est un masque qui cache son mal-être profond...

La jeune dragonne, qui n'était pas partie très loin et qui observe depuis le début la scène, cachée derrière un buisson, sent monter les larmes à ses yeux. Ce nain...voit clair en elle et cela lui fait peur...Elle décide néanmoins de se lever et part chasser. Apercevant un grand mâle cerf, elle se place, comme Legolas le lui a appris et se concentre sur sa proie. Tout comme la première fois, le temps marque un arrêt lorsqu'elle est prête à tirer. Elle décoche la flèche qui vient se planter dans la tête de l'animal, le tuant sur le coup. Sur le camp, Legolas et Thorin ont ramasser du bois pour le feu et ont disposé des couverture sur le sol pour pouvoir dormir. Un bruit léger fait redresser Legolas.

-Tient...Ahéris rentre tôt...a t elle réussi à...

Un bruit mât se fait entendre, signe que quelque chose de lourd vient d'être posé sur le sol. Les deux hommes se retourne et sont surpris en voyant la jeune Ahéris, assise sur le magnifique animal, la tête entre ses mains, un léger sourire au lèvres et le regard fier, sa longue queue battant joyeusement dans l'air.

-Par ma barbe...cette petite est vraiment surprenante...lance Thorin, surpris.
-Je ne vous le fait pas dire...maître nain...répond Legolas.
-Voyons voir ce qu'elle peut faire, dame Ahéris?

La dragonne redresse la tête et regarde le nain en l'inclinant sur le côté.

-Pouvez vous nous préparer vôtre prise, s'il vous plait?

Ses yeux se mettent à briller d'un éclat de joie puis elle se laisse tomber de l'autre côté du gibier et disparaît. Legolas amorse un geste vers elle mais Thorin le retient.

-Laisse faire...je suis sûr qu'elle peut se débrouiller seule.

La dragonne s'en donne à coeur joie, faisant doucement pour ne pas abîmer la peau de l'animal. Elle lui ouvre le ventre et enlève toutes les viscères et les organes non comestibles. Puis avec sa lame, elle sépare les membres du corps et les classe par ordre de taille croissant... elle sépare ses morceaux pré-choisis et, sachant que les autres préfère la viande cuite, elle prend une inspiration et souffle un jet de flamme sur la viande faisant sursauter les deux hommes. Sans un bruit, elle se lève, prend la peau de l'animal et ses morceaux de viande et disparaît dans la forêt sous le regard surpris du nain et de l'elfe. Elle s'installe sur un rocher près de la rivière, faisant attention de garder le feu de camp en visuel. Elle plonge ses crocs dans la chair encore chaude de l'animal et se met à pleurer en sentant le sang chaud couler dans sa gorge, lui renvoyant sa solitude dans la figure. Elle est seule et le restera...elle l'avait compris dès le premier jour...Elle finit son repas et glisse dans la rivière en emportant la peau du cerf à fin de pouvoir la laver. Elle se sépare aussi des vêtements déchiré que lui avait passé le prince des elfes. Elle se sent bien dans l'eau fraîche, le froid mordant ses blessures...Elle en oublie quasiment le monde qui l'entoure, se plongeant dans ses souvenirs...le lac du temple dans lequel elle se baignait il y a à peine quelques jours...insouciante... avec sa mère à ses côtés.

-Dame Ahéris? Êtes vous là?

La dragonne, en attendant la voix de l'elfe, plonge sous l'eau. Elle remonte doucement à la surface et lance un regard vers l'elfe qui semble rougir à vu d'oeil, tout comme le nain à ses côtés. D'habitude, les nains ne sont pas pudique, la nudité ne les dérange pas...mais...les draconiques, étant d'une beauté pure, se rapprochant plus du divin, l'idée de voir le corps totalement nu de la jeune dragonne fait frémir le roi. Le regard insistant des deux hommes dérange la jeune Ahéris. Elle inspire et souffle, provoquant un nuage de brume tout autour d'elle, plongeant peu à peu le lit calme de la rivière dans un épais brouillard blanc cotoneux.

-Excusez nous, dame Ahéris...nous ne savions pas que...

Sans prévenir, les deux hommes se retrouvent submergé par une vague d'eau glacée.

-De...vous...VOUS AVEZ OSÉ!?

La dragonne, toujours cachée dans la brume, enfile la tenue qu'elle c'est fabriquée à partir de la peau de l'animal et rabat la capuche sur laquelle elle a laisser les bois du cerf et avance vers la rive. Son ombre portée par la lune donne l'impression à l'approche d'un monstre. Elle pousse un grondement grave, elle sent la peur envahir le nain et l'elfe. Elle saute sur la rive et rugit avec force. Les deux voyeurs s'enfuient en hurlant, allant chercher les armes. Mais lorsqu'ils reviennent, il n'y a plus rien...plus de brume, plus de monstre...juste quelques grillons chantent dans la nuit.

-C'est impossible...
-Nous n'avions pas rêvé quand même?...

Un bruit près du camp les surprend. Alors, épées en mains, ils rebroussent chemin. Et lorsqu'ils arrivent, ce qu'ils trouvent les laisse pantois...

À Suivre...

Au Coeur de l'OmbreWhere stories live. Discover now