Chapitre 1

131 11 8
                                    


- Tu traînes de la patte.

Je tombais fortement sur le sol. Je grimaçai à la douleur ressentie dans le bas de mon dos. La déception m'envahit tandis que je soupirais. Que m'arrivait-il, aujourd'hui ? Je levai les yeux vers mon entraîneur, Dominik. Un rictus malicieux étirait ses lèvres et je ne pus m'empêcher de plisser les yeux. Mon entraîneur était chauve, très grand et costaud. Des petites rides, démontrant qu'il n'était plus si jeune, apparaissaient au coin de ses yeux. À première vue, on pouvait croire que je n'avais aucune chance contre lui, avec mon 1m70 et mon absence évidente de muscles définis. Il ne fallait pas se fier aux apparences, dans ce monde. C'était la règle d'or.

- Sans mauvais jeu de mots, ricana Dominik.

Il tournait en rond autour de moi, tel un prédateur autour d'une proie. Je me donnais un élan et bondis sur mes pieds. J'attrapai le long bâton de bois que j'avais laissé tomber au sol et le fis tourner entre mes doigts. Dominik revint aussitôt à la charge. Je bloquai mon bâton contre le sien, empêchant le bout de bois de m'atteindre. Il contre-attaqua en le frappant de l'autre côté de ma tête, coup que j'esquivais à nouveau.

Mais la concentration ne me venait pas facilement, aujourd'hui. Après avoir essayé de frapper ma cheville, me forçant à me pencher, il passa son pied derrière ma jambe et me fit tomber au sol. À nouveau.

- Que se passe-t-il ? questionna-t-il en me dévisageant curieusement.

- Rien. Je vais bien.

Je me remis rapidement sur mes pieds. Je repris mon bâton et la danse continua. Un coup à droite, un autre à gauche. Une feinte.

- Tu ne sembles pas bien, rétorqua-t-il.

- Je ne savais pas que je t'avais aussi engagé comme psychologue personnel.

- Tu me connais ; je suis plein de ressources.

Je laissai échapper un ricanement froid. Je réussis enfin à l'atteindre, lui donnant un coup à l'épaule. Il rétorqua avec un coup d'une plus grande puissance, me faisant perdre mon équilibre. Je me retins de justesse avant de tomber au sol.

- Tu sais, je connais la date.

- Ah oui ?

Mon ton sarcastique ne semblait pas le déranger, il y était habitué, il fallait croire.

- Je suis capable de lire un calendrier.

Ses lèvres se courbèrent dans un autre rictus.

- Je n'aurai jamais deviné, marmonnai-je.

- Je sais ce qu'il s'est passé un an plus tôt. Comme tout le monde dans cette demeure.

Ses yeux bruns me fixèrent et je détournais le regard. L'émotion envahit mon corps et, par réflexe, je la transformai en colère. Je la sentis se répandre dans mes veines.

- Ce n'est pas honteux d'être triste, aujourd'hui. C'est...

- Est-ce que tu veux qu'on se batte ou tu veux qu'on parle ?

Ma voix claqua avec la force d'un serpent qui attaque sa proie.

- Je veux juste être là pour toi, Raphaëlle.

Sa voix fut soudainement douce et j'essayai de calmer la fureur ardente dans mon corps. Ce ne fut pas une tâche facile. Je pris néanmoins une grande inspiration.

- Je n'ai besoin de personne.

- C'est le plus gros mensonge que j'ai entendu de toute ma vie. On a tous besoin de quelqu'un.

Sang Royal / à lire sur @HauntedSouls_Where stories live. Discover now