Chapitre 4

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Les premiers rayons du soleil s'infiltraient dans les brèches des volets en bois. Révélées par cette intense lumière, les particules de poussières virevoltaient en l'air dans un mouvement souple et désordonné.

Au centre de la pièce se dressait un immense lit en bois acajou, seul mobilier de la chambre. Un couple était blotti en cuillère sous une épaisse couverture de jacquard. L'homme avait le visage complètement enfoui dans la longue chevelure corbeau de sa partenaire. Leurs deux têtes, qui n'en formait plus qu'une, émergeaient timidement derrière les imposants coussins en duvet.

Tout doucement, la jeune femme entrouvrit les yeux. Ses prunelles auburn parsemées de reflets vert étaient surmontées de longs cils noirs. Elle aurait souhaité que ce moment dure toujours mais l'aube venait sonner le glas de cette parenthèse dorée.

Aussi délicatement que possible elle s'extirpa de l'agréable chaleur des draps, et de celle de son amant, pour attraper son déshabillé resté à terre. Une main ferme retint son mouvement.

- Où crois-tu aller ? entendit-elle prononcer Chilpéric d'une voix à peine perceptible.

L'homme repoussa l'édredon pour inviter sa partenaire à rester auprès de lui.

- Je dois m'en retourner avant le chant du coq. Vous le savez bien...

Un sourire se dessina dans la barbe rousse de Chilpéric révélant ses dents blanches et chevauchantes. Bel homme, la nature l'avait incontestablement fait plus grand et plus massif que les autres.

- Tu te refuserais à ton roi ? demanda-t-il d'un ton mi- amusé mi- sérieux.

D'un air de défi, elle le détailla sans bouger.

Le membre dressé de son amant ne laissait aucun doute sur ses intentions. Il cracha dans sa paume et étala sa salive sur son sexe. Dans un mouvement de va et vient il coulissa son prépuce de haut en bas.

Les petits seins fermes de sa concubine avaient les mamelons durcis par le froid ce qui accentua son excitation. D'une beauté hors du commun, la jeune femme éveillait en lui un désir fougueux.

Finalement elle se joignit à lui.

- Tu es mienne Frédégonde, lui susurra-t-il dans l'oreille avant de s'enfoncer en elle.

Quelqu'un toqua à la porte. Chilpéric ne souhaitait pas y prêter attention, trop occuper à besogner sa partenaire, mais les coups se réaffirmèrent plus fortement.

- Mon roi ? cria une voix que Chilpéric ne connaissait que trop bien. Une affaire importante.

Il s'écarta de Frédégonde avec rage. Sans prendre la peine de se vêtir, il se rua sur la porte qu'il ouvrit si brutalement que les gonds grincèrent d'effroi. Une veine bleutée saillait sur son front comme à chaque fois qu'il était dans un état de grande colère.

- Cessez de m'importuner ! cracha-t-il. Ne pouvez-vous me laisser en paix ?

Habitué aux humeurs fluctuantes de son souverain, le maigre Clodomir resta stoïque et ajouta d'un ton monocorde.

- Votre fille vient de naître votre Majesté. La tradition veut que ce soit vous qui donniez nom à la princesse.

- Fichtre, que la reine décide !

Et il lui claqua la porte au nez.

- Qu'il en soit selon vos désirs Messire, maugréa Clodomir avant de tourner les talons.

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