Amayah - L'horizon entre nos deux mondes

Chapitre 2 - « Regardez-moi »

Amayah

Isabella m'a laissé seule dans la cuisine pendant quelques minutes avant que je l'entende crier mon nom.

Isabella – Amayah, montes un instant si tu veux bien.

Je me dirige vers l'escalier et la retrouve sur le palier, à l'étage.

Isabella – Suis moi, nous allons voir Maen dans son bureau.

Elle avance en direction d'une pièce située au fond du couloir. Celui-ci est très éclairé et ses murs sont tapissés par plusieurs tableaux. Isabella s'arrête devant une grande porte marron. Sa main cogne deux coups dessus avant de saisir la poignée. Je pénètre la pièce sur ses pas. On se retrouve au beau milieu d'un grand bureau classe, à la décoration mi moderne, mi antique. Au fond, assit sur une chaise, se trouve un homme que je n'ai pu regarder suffisamment longtemps avant de détourner mon regard vers le sol.

Isabella – La voici Monsieur. Expliquez-lui donc.

Je regarde Isabella un instant, toujours incapable de détecter son intention.

- Isabella ?

Sa voix grave et légèrement rauque me hisse hors de mes pensées. L'homme a parlé et quant à moi,  je suis concentré sur un point fixe du tapis noir.

Isabella – Oui Monsieur ?

- Votre service est terminé n'est-ce pas ?

J'aperçois une de ses mains se déposer sur ses hanches l'air déconcerté. Cette femme est vraiment belle, notamment dans sa gestuelle, on ne peut pas le nier.

Isabella – Oui mais j..

- Rentrez je vous en prie. Et n'insistez pas.

Je lève mon regard sur elle. Sa bouche s'entre ouvre sans n'émettre aucun son. Elle m'adresse un dernier regard avant de se diriger vers la porte.

Isabella - Au revoir Monsieur.

Le seul bruit de la porte s'ouvrant et se refermant sous son action se fait entendre et aussitôt, un silence s'installe dans la pièce. Une atmosphère pesante comme je les redoute. Je ne le regarde pas et pourtant je vois l'homme qui, pour la première fois depuis que nous sommes entrées, se lève de sa chaise. Il avance de quelque pas et se tient droit, presque rigide, près de son bureau.

Maen - Regardez-moi.

Très gênée, je dois faire un effort considérable pour lever le visage en sa direction. Il est très grand et très imposant. Il porte un costard bleu nuit, très habillé, dont le modèle de la veste avec ses épaulettes, accentue son aspect strict. Peut-être revient-il d'une cérémonie. Je le regarde plus longtemps qu'avant. Il a une barbe fournie, c'est c'est un très bel homme. Toutes les personnes que j'ai rencontrées ici ont un physique agréable à regarder, et je ne peut m'empêcher de penser que leurs moyens leurs permettent facilement cette hygiène de vie.

Maen – Si vous pensez être plus attirante qu'une autre vous êtes prétentieuse et si vous pensez vous protéger vous êtes bien naïve.

Je maîtrise assez bien leur langue car je m'y suis préparée durant plusieurs années mais je suis toujours incapable de comprendre certains mots. De peur de poser la question, je détourne le regard vers le point fixe du tapis que j'avais déjà contemplé auparavant, sans savoir s'il s'agit d'une critique ou non. J'aperçois ses chaussures s'avancer sur le tapis jusqu'à atteindre ma hauteur et je m'efforce de lever le regard pour le voir faire. Aucun son ne se fait entendre durant plusieurs secondes mais son regard est dur à tenir.

Maen – Peu importe, partez.

La manière dont il m'incite à quitter son bureau m'embarrasse énormément. Il n'est pas complaisant avec moi et cela me terre davantage dans mon mal être. Sans perdre une minute, tout mon corps pivote dans la ferme intention de quitter les lieux lorsque je sens sa main saisir mon bras, sans n'y exercer aucune pression. Très surprise par ce contact, je décide de lui faire face.

Maen – Attendez, quel est votre prénom ?

La proximité qu'il a instauré me dérange énormément. À présent mon mal aise doit certainement se lire sur mon visage. Je réagis de sorte que cette scène se termine rapidement.

- Amayah.

Il me regarde un instant avant de redresser son visage qui était légèrement abaissé à ma hauteur.

Maen – Et bien Amayah, faites votre travail et les choses se passeront bien. Je tacherai de prévenir Isabella de ne plus me déranger pour des caprices comme ceux-là.

À ce moment précis, il lâche assez sèchement mon bras.

Maen – Aussi j'apprécierai que vous ayez la délicatesse de me répondre quand je vous parle la prochaine fois. Maintenant quittez mon bureau.

Sans attendre ni rien ajouter, il se retourne, me donnant son dos et se dirige à nouveau vers son bureau. Je suis tellement mal à l'aise que je m'empresse de quitter la pièce en prenant le soin de refermer entièrement la porte derrière moi, craignant de ne devoir supporter cela plus longtemps. C'est maintenant que ma nouvelle vie commence et pourtant déjà, je ne sais par où commencer.