Amayah - L'horizon entre nos deux mondes

Chapitre 4 - « Ils te prennent par pitié »

Amayah

Ce soir, le besoin de lui parler est plus fort encore que les autres fois. Yûnus mon petit frère, j'ai tant à dire mais personne pour m'écouter, pas même toi..

Les lieux sont tellement calmes, l'atmosphère si paisible et pourtant l'insécurité me guette de près. Chaque matin je me lève et j'accompli mes tâches en ne laissant rien apparaître mais la réalité est que je suis terrifiée à l'idée de connaître leur réponse définitive. Dès mon arrivée, on m'avait prévenu que j'allais être observée dans mon travail pendant un mois avant de savoir si on m'embauchait officiellement ou non. Je crois que ça a été le plus long mois de ma vie mais à la fois, je ne réalise pas que demain cela fera déjà un mois que je suis arrivée dans cette maison.

Le quotidien a prit place très rapidement car je ne suis que rarement sortie voir même pas du tout depuis mon arrivée. Pourtant j'ai du temps libre, mais l'envie n'est pas vraiment là.. à vrai dire je ne saurai quoi faire à l'extérieur. Je passe la plupart de mon temps libre dans ma chambre ou bien à m'acharner dans mon travail afin d'être irréprochable. Je n'oubli pas la chance qu'il m'a été donné et je sais pertinemment que je dois faire plus d'effort qu'une autre au vue de ma situation.

J'ai finalement réussi à trouver mes marques au sein de cette « famille ». Je n'irais pas jusqu'à dire que je m'y sens comme chez moi mais je connais la propriété presque par coeur maintenant et je m'entend bien avec la plupart des domestiques. Avec Isabella, notre relation est assez spéciale, en fait je crois qu'on s'entend bien dans le fond mais nous n'avons pas de réelle complicité. Par contre, Judith s'est révélée être l'une des plus belles rencontres que j'ai eu ici. Cette femme âgée d'une cinquantaine d'années est si courageuse, elle n'a pas eu la vie facile et pourtant elle n'a jamais abandonné et tout cela elle le fait pour ses enfants. C'est une femme forte, une mère exemplaire et une amie si précieuse pour moi. La seule en fait que j'ai ici. Drôle d'amitié, elle qui pourrait être ma grand mère. Mais j'ai la sensation qu'elle me comprend bien plus que la plupart des jeunes de mon âge.

[...]

Hady - Amayah, tu viens ma mère est là.

Je reprend mes esprits et j'avance à ses côtés. Je me suis beaucoup rapprochée de lui ces derniers temps. J'étais méfiante au début mais tellement confiante maintenant. C'est un homme très gentil et il me met toujours à l'aise par sa présence.
Nous entrons dans le séjour.

- Bonjour ma chérie.

Je lève la tête vers Madame Eddin qui m'enlace aussitôt.

- Bonjour Madame.

- Oh je t'en prie appelle moi Aïsha. Hady m'a beaucoup parler de toi, tu arrives de Syrie c'est ça?

- Oui je suis arrivée il y'a un mois.

Aïsha - Que Dieu leur vienne en aide. C'est une chance de t'avoir ma fille viens donc t'asseoir près de moi.

Je m'exécute aussitôt et de là, nous entamons une discussion sans fin. J'ai beaucoup apprécié prendre le thé avec cette femme, elle est tellement aimante. Elle a partagé avec moi des moments de sa vie et j'aurai pu l'écouter toute la journée dans son récit. Hady a décroché à un moment car je l'ai vu partir et il n'est revenu qu'au moment où sa maman s'apprêtait à partir.

Aïsha - Quand on parle du loup !

Hady - Et qu'est-ce qu'on raconte sur le loup ?

Je ris à l'entente de sa réponse, cet homme me fait bien rire. Je remarque la complicité qu'il y a entre lui et sa mère et c'est tellement beau à voir.