CHAPITRE ONZE

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Cette jolie fille, dans sa robe blanche soulevée par le vent, avait des allures de princesse. Son air boudeur, ses yeux rieurs lorsque sa copine lui chuchotait à l'oreille, et cette bouche rose et sucrée d'un cocktail alcoolisé. Mes pensées tourbillonnaient devant ce spectacle trop beau pour être vrai. Mais lorsqu'elle s'est tournée vers moi et m'a dévisagé, comme si je venais de bien trop loin pour qu'elle n'ait jamais connu mon existence, elle n'avait plus rien d'une princesse. C'était une reine, fascinante et splendide, le regard serein et empli de pouvoir.

De si jolis mots ne pourraient décrire avec brio la vague de tristesse qui a envahie mon corps et m'a submergé jusqu'aux poumons. Noyé dans mes larmes, ainsi me voyais-je dire au revoir à la vie.

Pourrait-elle m'accorder une dernière danse, poser une dernière fois ses lèvres sur moi, et tendre l'oreille aux mots que je garde pour elle ?

Je relis ces phrases plusieurs fois, tachant de découvrir leur sens caché. Il n'y a pas de doute, c'est forcément Jayden qui a glissé ce morceau de papier sous la porte de ma chambre. Je le repli soigneusement et décide de rejoindre ce dernier.

L'ignorer durant toute la journée n'a pas été une mince affaire. Plusieurs fois j'ai hésité à m'excuser de ma conduite, et à chacune de ces fois, j'ai rebroussé chemin, par surdose de fierté. Même les mots bienveillants de Joy n'ont pas réussi à apaiser mon cœur meurtri.

Je n'ai pas long de chemin à parcourir. Je le trouve planté devant la fenêtre au bout du couloir, le regard rivé sur la mer.

– Elles sont belles, ces vagues de tristesse, je murmure en me plaçant à côté de lui.

Il ne m'adresse pas un regard mais saisi ma main au creux de la sienne et me tire derrière lui. Je lui emboîte le pas en direction de ma chambre, et nous prenons place sur mon lit. Je m'assieds en tailleur au milieu des coussins tandis que lui n'ose à peine s'assoir.

– Mon oreille languit d'entendre les mots que tu gardes pour elle.

Il relève la tête et mon regard croise le sien. Il a l'air un peu perdu, comme bouleversé. Pendant un instant, je me demande s'il a quelque chose de grave à m'annoncer, mais un petit sourire étire alors ses lèvres et mes doutes s'envolent aussitôt.

– Tes mots m'ont fait du mal, Hailey.

– Les tiens aussi, tu sais ?

Il mordille ses lèvres quelques secondes, comme s'il réfléchissait à ce qu'il pouvait répondre.

– Quand tu as dit que tu n'étais qu'une conquête parmi tant d'autres, tu le pensais vraiment ?

– Hum... Oui.

Je n'ose pas le regarder dans les yeux. J'ai peur d'y voir de la déception. Il s'approche légèrement de moi et tend la main vers la mienne avant de finalement se raviser.

– Alors tu ne m'as pas cru lorsque nous nous sommes embrassés pour la première fois et que je t'ai dit qu'aucune des filles avec qui j'avais fleurté dans le passé n'avait jamais posé ses lèvres contre les miennes ?

– Si, j'y ai cru. Mais j'aurais pu être une exception.

Il lève les yeux au ciel et secoue la tête.

– Hailey, que je sois bien clair, je n'ai aucune intention de te faire du mal ni même de te briser le cœur, OK ? Je n'en ai pas l'intention, et, en plus de ça, je ne vois pas ce que ça m'apporterait. Alors si je t'ai embrassé ce soir-là, ce n'est pas simplement parce que tu étais une des plus belles filles que je n'aie jamais côtoyées, ni même parce que tu étais terriblement sexy avec tes cheveux dégoulinant de pluie sur tes épaules bronzées. C'est peut-être ton beau regard qui m'a fait chavirer, et très surement tes lèvres qui m'ont fait sombrer, mais si je t'ai embrassé, crois-moi, c'est que cela faisait un moment que j'y pensais. J'aurais pu poser mes lèvres contre les tiennes parce que la voiture était chargée de désir et j'aurais aussi pu le faire parce que j'en avais envie. Bon, je crois que je m'embrouille. Ce que je veux dire, c'est que non seulement j'en avais envie sur le moment, mais je savais que j'en aurais envie tous les autres moments qui suivraient. Tu n'es pas une conquête d'un soir, Hailey. Tu es bien plus que ça. Peut-être même que tu es la conquête de ma vie, conclue-t-il en haussant les épaules.

Tears of GoldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant