30 - "Au fond tu n'es pas si différent de lui."

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Je ne sais pas quoi dire. La personne que je vois sur la photo est celle que je fuis réellement. Une Lily faible, soumise et prête à tout pour survivre. Je la retrouve de plus en plus, ici, aux côtés de Damon je tente de survivre du mieux que je peux. Mais je ne serai plus jamais soumise. 

- Ça ne vous regarde pas, dis-je sans réussir à canaliser un sanglot. 

Damon à l'air en colère mais je n'ai pas l'impression que cela soit contre moi. Il ne dit rien quand je refuse de lui répondre. Il se contente d'enlever ses lunettes et de se masser les tempes. Je ne suis pas soumise mais je ne suis pas non plus suicidaire, c'est pourquoi je décide de ne pas quitter la table. Je prend la photo et la retourne ne supportant plus de la regarder. Je pose la question qui me trotte dans la tête, préférant l'entendre hurler afin de combler ce silence de mort qui me comprime les poumons. 

- Comment as tu.... comment avez vous eu ça? Dis-je avec le vouvoiement. 

Mon médecin à l'hôpital à tout détruit sous mes yeux après que l'ai supplié un bon nombre de fois. 

Damon se lève et marche dans la pièce comme un fou furieux. Il plaque ses mains sur la table et me fixe, j'ai véritablement l'impression qu'il peut introspecter mon âme. 

- Sérieux? dit-il en rapprochant son visage du mien, savoir comment j'ai obtenu ces informations c'est ça qui t'inquiète? 

Je sens son souffle sur mon visage et ça me donne le tournis. 

- Je... je croyais qu'elle avaient été détruite... dis-je en confrontant son regard. 

- Mais bordel de merde Lily! Tu croyais vraiment que je ne le découvrirais pas! Je suis plus puissant que tu ne peux l'imaginer d'accord? Dit-il en serrant les poings comme pour se retenir de m'empoigner. Alors maintenant tu vas me raconter ce qu'il s'est passé ou je te jure que je le découvrirai par tous les moyens. Et s'il faut aller torturer le médecin qui a pris ses photos je suis sur que Lukas sera ravi de le faire. 

Il prend une brève respiration et se contente d'attendre ma réponse. 

- C'est Tom, dis-je en triturant mes mains. 

- Bien sur que c'est cet enfoiré, dit-il, je veux l'histoire dans son intégralité. 

Je baisse les yeux et commence mon terrible récit:

- Je l'ai rencontrée très jeune et je suis tombée folle amoureuse. Il était populaire et plus grand que moi alors c'était comme être dans un film. J'ai vite emménagé avec lui et le rêve a continué. Nous avions nos plans: Tom allait avoir une bourse grâce au tennis et moi j'allais aller apprendre le droit à l'université proche de la sienne. 

Je ferme les yeux, je n'ai presque plus de souvenirs de cette période qui était si calme, si douce et remplit de bonheur. 

- Et ensuite, c'est là qu'il est devenu violent c'est ça? Tente de deviner Damon en tapant du doigt sur la table. 

- Si tu connais l'histoire pourquoi m'obliges-tu à la raconter? M'énervais-je en mettant mes mains sous la table pour calmer mes tremblements. 

- Tu veux que je te la raconte? Très bien. Il s'est cassé le genou et tout ses rêves ont été anéanti, le pauvre, alors comme il n'avait pas de couilles il a exprimé sa frustration sur sa petite copine: toi. 

Je me lève à bout de nerf, pourquoi m'a t'il montré cette photo et demandé des explications s'il connait toute l'histoire? Je fais des ronds dans la pièce, quelques larmes s'échappent mais je ne sais pas si ce sont des larmes de soulagement après avoir raconté mon histoire où de colère. Il me stoppe dans ma course et la place de l'empoignement de poignet auquel j'ai droit habituellement, il me prend par la taille et m'attire contre son torse. Mes sentiments sont semblables aux ouragans, je veux le repousser pour la personne qu'il est mais entre ses bras c'est la première fois que je sens que cette histoire et derrière moi et qu'elle ne me rattrapera plus. 

- Ce n'était pas de ma faute, murmurais-je pour moi et pour lui. 

Je tremble encore quand il prend ma tête entre ses mains, ses lèvres sont pincées. 

- Je le sais bien, comment peux tu penser que je puisse insinuer que ce qui t'es arrivé soit de ta faute? 

- Tu es en colère, dis-je en me dégageant de son emprise. 

Il ferme les yeux et retourne s'asseoir à la table ou il range la photo de moi dans son dossier. 

- Je ne suis pas en colère conte toi, je suis en colère contre moi. J'aurais dû te sortir bien plus tôt de cet enfer. 

Et je rigole, d'un son guttural, d'un son qui m'est étranger. C'est vraiment la poêle qui se moque du chaudron. Damon me fixe perplexe ne sachant pas comment réagir. 

- Me sortir de cet enfer Damon, sérieusement? Je me suis débrouillé toute seule, j'ai réussi à m'en sortir toute seule. J'étais en train de reprendre le cours d'une vie normale et toi tu m'as obligé à retrouver mes démons. Au fond tu n'es pas si différent de lui. 

Je regrette ces derniers mots au moment où ils ont franchis mes lèvres, je ne les pense pas moins par contre. Damon se lève et se rue sur moi, je recule jusqu'à être coincé entre son corps et le mur. 

- Je ne suis pas comme lui, je ne te ferai jamais du mal volontairement. 

- C'est ce que tu as fais pourtant, dis-je en tentant de le pousser mais sans réussite, tu t'en es pris à mon amie, tu as menacé ma mère et tu m'as enfermé comme un animal. 

Il se dégage enfin. Il me prend par la main et m'emmène dans son bureau. Il se dirige vers le fameux tiroir fermé à double tour et l'ouvre avec un code. Quand le clic raisonne je ne sais pas si je suis prête à supporter de nouvelles émotions ce soir. Il sort des photos, de moi et d'autres photo que je crois être de moi mais qui ne me rappelle rien. Il attrape l'une d'entre elle et me la colle sous le nez:

- C'est Isis, ma soeur, ma petite soeur. Elle est morte il y a 4 ans maintenant. Après sa mort j'ai sombré dans le trafic d'arme, dans la violence et les magouille en tous genre. J'étais pas comme ça avant, j'avais.... l'envie de vivre véritablement. 

Je l'écoute à moitié, je suis concentré sur la photo. La jeune fille est presque mon portrait craché. On dirait moi en plus jeune. 

- Et un jour, j'étais sur le territoire pour affaire et je t'ai aperçus. J'ai cru que tu étais Isis, j'en ai pas dormis pendant des nuits entières. Je voulais seulement t'observer, j'avais l'impression que ma soeur était encore là. Et quand tu t'es fais agressé j'ai vrillé et je t'ai emmené ici. Le problème c'est que je ne sais plus faire, je ne sais plus prendre soin des autres alors j'utilise la peur. 

Il lâche la photo et mon coeur se serre tellement il semble vulnérable. 

- Ça fait longtemps que je ne me suis pas inquiétez pour quelqu'un, je ne sais pas comment gérer ça. 

Je souris devant son air de chien battu. Je ne devrais pas mais je suis pourtant touché par son histoire, il ne m'a jamais voulu du mal. Je savais que ce n'était pas un monstre mais pas qu'il était si détruit par de si triste événement. Au fond c'est de moi qu'il n'est pas différent, on est tous les deux brisés par notre passé.

Je prends sa main dans la mienne:

- J'ai dit que j'allais t'apprendre à ressentir des choses, je vais m'y tenir. 

CRIMEFUL.Where stories live. Discover now