Divergente - Tome 1 : L'enfant damné

Adieu

Quelques jours sont passés depuis notre retour avec Éric. Ce lâche. Ce sale traître. Il manigançait depuis des semaines derrière mon dos avec Max afin de faire tomber les sans factions. Sa propre mère. Comment peut-il faire ça ? Est-ce que ce que j'ai vu là-bas n'était qu'une illusion ? Est-ce que j'ai rêvé tout ça ? Je ne sais plus quoi penser, mais si Éric est de mèche avec Max, il l'est forcément avec Jeanine et aujourd'hui, elle est probablement au courant de leur emplacement. Prête à attaquer en injectant cette saleté de sérum aux audacieux afin qu'ils les attaquent.

Une nouvelle journée commence, et depuis mon retour, j'ai eu une discussion avec Quatre, lui faisant part de ma décision nous concernant. Depuis, je fais tout pour l'éviter, et même si au départ, il semblait furieux par mon choix, il avait fini par accepter le fait que nous ne devions plus nous voir. Pour m'écarter de lui, j'ai demandé mon affectation à la clôture pour la surveillance, tandis que lui est resté aux salles de contrôle, au centre des audacieux. C'était le seul moyen pour moi de m'éloigner de lui afin de le protéger de Jeanine. Mais aussi de moi, même s'il n'est pas au courant de cette partie. Je l'aime sincèrement, mais dorénavant, je n'ai plus le choix. Plus maintenant. Pas avec Éric qui bosse pour cette saloperie de gouvernement, en faisant croire à sa propre mère qu'il est de son côté et qu'il lui viendra en aide au moment venu. Sans oublier le service qu'il a demandé à Nathaniel avant de le quitter. Il avait l'air tellement sincère. Mais une fois de plus, il a révélé son vrai visage. Celui d'un menteur, doublé d'un petit enfoiré, prêt à tout pour sauver ses fesses et sa vie, aux dépens de celles des autres. La mienne y compris. Même celle de sa propre mère. Quelle pourriture. 

Je monte en voiture pour me rendre au mur quand je me rends compte que Quatre est le chauffeur.

– Quatre ? lancé-je, surprise de le voir dans l'engin. 

– Attache ta ceinture, m'ordonne-t-il sur un ton froid, sans même m'adresser un regard.

– Qu'est-ce que tu fais ? À quoi tu joues ?

– Contrairement à toi tu veux dire, poursuit-il me fixant durement. Aujourd'hui, je serais ton binôme pour surveiller la clôture. Alors peu importe que ça te convienne ou non, je te laisse pas le choix.

– Pourquoi tu fais ça ? l'observé-je droit dans les yeux alors qu'ils brillent, probablement à cause de larmes qui commencent à se former.

– Attache ta ceinture, s'il te plaît, répète-t-il me jetant un dernier regard, tandis que je fixe ma ceinture et qu'il met la première pour quitter le centre des audacieux. 

Durant tout le trajet, je lui ai tourné la tête, regardant défiler le paysage à vive allure, alors qu'aucun de nous n'a prononcé un seul mot. Une fois sur place, il se gare avant d'éteindre le moteur. Il descend ensuite du véhicule, avant de se diriger vers le coffre, alors que moi, je suis toujours attachée dans cette fichue bagnole à me demander ce qu'il est en train de faire.

– T'attends quoi Addison, rouspète-t-il. Sors de la voiture. 

Le ton qu'il emploie me fait sursauter, alors je me défais rapidement ma ceinture et le rejoins à l'arrière de la bagnole. Il sort une arme d'une grosse malle et me la tend, en la plaquant assez violemment contre ma poitrine.

– Tiens. Tu voulais que l'on devienne indifférent, tu vas être servie la pète-sec, lance-t-il en me fixant durement une nouvelle fois, avant de me tourner le dos et de se diriger vers le mur. 

Ses paroles viennent de me percuter de plein fouet. Elles me blessent et bizarrement, je me sens trahie, alors que c'est moi qui a voulu tout ça. Cette situation. Et tout ça pour quoi au final ? Protéger l'homme que j'aime plus que tout au monde alors que lui-même n'est pas capable de voir que je fais tout ça pour lui. Qu'il n'est pas capable de lire à travers mes yeux, alors que mes paroles et mon regard lui disent autre chose. Je pensais qu'il me connaissait mieux que ça. Mieux que moi en tout cas, et pourtant, de simples mots ont suffi à ce qu'il me tourne le dos et qu'il devienne froid en plus d'être méchant.