-8-

5.9K 182 26
                                    


PDV BILLIE
22h45
Ça faisait quatre jours que l'incident avait eu lieu.
Mathieu était sorti du lit depuis et j'étais rentrée chez moi en lui adressant un bref au revoir.
Je n'avais pas eu de nouvelles depuis que j'étais partie et ça me tourmentait au plus haut point.
Peut-être qu'il avait fait une rechute?
Non.
Mathieu n'était pas du genre à laisser tomber aussi facilement et je savais bien qu'il avait déjà eu affaire à des blessures bien plus graves.
Mais dans ce cas là pourquoi est-ce qu'il ne rappelait pas?
J'avais fais tout mon possible pour l'aider et j'avais pris soin de lui comme il fallait.
Jamais je n'aurais fais ça pour quelqu'un d'autre mis à part pour ma sœur et moi même.
Et il le savait.
Il savait que si je prenais soin de lui c'est qu'il était important.
Il savait que si je perdais encore mon temps à m'occuper de sa peau c'est qu'il comptait.
Alors pourquoi?
Pourquoi est-ce qu'il agissait comme si il ne savait pas?

Je poussai un soupir, lassée par toutes ces questions.
J'allumai un pillon et décidai de me rendre au cimetière de ferraille.
Ça faisait trop longtemps que je n'y avais pas été et cet endroit me manquait énormément.
Je devais y aller ce soir, j'en avais trop besoin.

Je troquai mon large tee-shirt noir pour un sweat bordeaux ainsi qu'un jean délavé qui était déplorablement étalé sur le sol de ma chambre.
Entre temps, j'attrapai un bonnet noir et mes converses afin d'être totalement habillée.
Je pris mon téléphone et eu la bonne idée de terminer mon pillon sur la route.
Avec hâte, je verrouillai la porte de mon appartement et descendis les escaliers de l'immeuble le plus rapidement possible.

Arrivée à l'extérieur, je ne pus m'empêcher de sourire à l'idée de retrouver la magnifique vue qu'offrait le cimetière sur l'entièreté de la ville.
J'allais enfin me vider l'esprit et être complètement seule.

01h32
J'étais allongée sur le capot de ma voiture préférée.
Enfin plutôt notre voiture préférée.
Les étoiles brillaient et étaient accompagnées des lumières colorées de la ville.
Les klaxons et les voitures qui roulaient sur l'auto route rajoutait un bruit de fond qui se complétait parfaitement avec la musique que j'écoutais.
En plus de ça, le temps était doux et je me sentais enfin apaisée.
J'en étais à mon 4 ème joint et je commençais sérieusement à tourner.
Tout en poussant un long soupir, j'attrapai mon sac qui trainait sur le sol pour y prendre mon tabac ainsi que mes filtres.
Je sortis une feuille de la poche centrale de mon sweat et me mis à rouler une clope.
J'étais affamée et fumer était la seule chose qui me permettait de combler le vide.
C'était sûrement psychologique étant donné que la fumée n'allait pas remplir mon estomac.
Mais bon, il valait mieux pour moi que je me persuade du contraire ou j'allais vraiment commencer à manger l'herbe sous mes pieds tant mon ventre criait famine.

02h27
J'étais assise sur le sol et j'admirais la vue qui s'offrait à moi.
Les lumières me paraissaient à des milliers de kilomètres d'ici et je ne cessais de repenser à mes nuits passées sur le capot de cette foutue voiture.
À vrai dire je ne savais même plus si j'aimais ou si je haïssais cet endroit.
Les souvenirs enterrés ici me démoralisaient totalement et je me sentais de plus en plus mal à chaque minute qui passait.
Prise d'un élan de colère, j'attrapai mon sac à dos et le jetai rageusement le plus loin possible.
Il se retrouva sur le coffre d'un vieille twingo noire cabossée de tous les côtés.
Des spasmes commencèrent à prendre le contrôle de mon corps et ma vision se brouilla à cause de nombreuses larmes qui montaient peu à peu.
Je serrais les poings, plantant profondément mes ongles dans la paume de chacune de mes mains.
J'en avais marre d'être ici.
Marre de ne pas pouvoir oublier.
Avec dépit, je laissai mes larmes couler lentement sur mes joues, chose que je ne permettais que très rarement.
Les pleurs ne faisaient plus partie de mon mode de vie et je m'empêchais toujours de les laisser s'échapper de mes yeux.
Ça me rappelait que je n'étais pas si forte que ça.
Et ça me faisait me sentir déplorablement faible.

POLAKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant