PROLOGUE

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On aurait pu dire de Céleste qu'elle avait eu une enfance heureuse. 

Un frère qu'elle adorait et qui avait le don de rendre n'importe quelle activité passionnante. Des histoires sans queue ni tête qui la faisait toujours rire aux éclats.

 Une mère aimante qui leur contait des histoires et les apaisait au moment de dormir par des berceuses. 

Des repas dominicaux tranquilles. 

Jusqu'à ses dix ans, tout allait bien dans le meilleur des mondes. 

Seulement, la vie les rattrapa et bouleversa cette famille pourtant paisible.

Un simple petit mot.

Six minuscules lettres inoffensives, assemblées funestement.

Céleste avait vu sa maman lutter contre le cancer, lui céder ses cheveux, son teint hâlé. Mais sa maman gardait son sourire. 

Céleste aurait voulu sourire comme sa maman. Se persuader que si sa maman restait couchée, c'était qu'elle avait juste attrapé un petit rhume, qu'elle allait se redresser, se lever, aller cuisiner le gâteau au chocolat préféré d'Alex.

Mais Isabelle de Larmoierie ne s'était pas redressée. Elle ne s'était pas levée pour aller cuisiner avec sa petite fille. Non.

Le 26 mars 2006, Céleste, pressée contre le torse de son grand-frère, avait vu s'enfoncer à travers le brouillard de ses pleurs le cercueil de sa maman dans la terre froide. 

Alex avait expliqué à Céleste que maintenant, sa maman était au ciel, qu'elle pouvait la voir d'en haut. Alors, Céleste avait levé son visage vers les nuages, et souri à travers ses larmes, pour que sa maman voie que Céleste aussi gardait son sourire. 

Céleste s'était promis de toujours le garder, son sourire. Comme sa maman avait toujours souri. Et Céleste imaginait que sa maman lui souriait aussi, d'en haut.

Alex lui avait expliqué qu'elle était au ciel, mais qu'elle était aussi là, dans son coeur. 

Céleste aurait préféré que sa maman soit dans ses bras, plutôt que dans son coeur.

drawnWhere stories live. Discover now