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Chapter 3

- Allez, Jen ! Juste cette fois ! Me laisse pas tout seul ! Tu veut me faire mourir d'ennui ? Moi, ton frère préféré ?, demanda-t-il, agenouillé devant sa soeur, avachie sur le canapé de son salon.

- J'en ai qu'un seul, c'est pas difficile d'être mon frère préféré, rétorqua-t-elle, en se redressant du canapé. Et puis, la dernière fois, c'est moi qui ai failli mourir d'ennui ! Tu m'a abandonné au milieu de poules qui ont jacassé dans mes oreilles pendant des heures. Tu imagines, une armée de barbies refaites qui s'égosillaient sur les potins du nouveau MadMag® ? En fait, non, tu ne peut même pas l'imaginer, comment le pourrais tu puisque tu n'était plus là ? Tu m'a lâchement délaissée au profit d'un vulgaire contrat ! 

- Je me suis déjà excusé plein de fois, dit-il en se mettant debout devant Jen, tu sais bien que si j'avais pu, j'aurai bravé l'ennemi avec toi. Seulement M. Raffaelo nous a tous surpris en-

- Bla bla bla, M. Raffaelo... ceci, M.Raffaelo... cela, je me fiche qu'il ne vienne ici que rarement et que vous aviez  un deal ! Si tu veut que je t'accompagne à l'ouverture de la galerie, tu va me devoir une belle chandelle, lui dit-elle en le menaçant d'un doigt pointé sur sa poitrine. 

- Tout ce que tu veut, tant que je n'ai pas à me trouver une date qui ne sera comme d'habitude qu'une écervelée intéressée qu'à mon porte-monnaie. Je t'ai déjà dit que t'était la meilleure petite soeur de tout les temps, la plus gentille, la plus belle, serviable, aimante, généreuse, gentille, ...

- T'a dit gentille deux fois !

- Et perspicace en plus ! Que dis-je, un pur génie ! Où ai-je la tête, un véritable as ! Ou encore, 

Pour le faire taire, Jen empoigna l'oreiller sur lequel elle était adossée quelques secondes plus tôt, et s'employa à assommer son frère hilare  à coup de coussin. 

☆☆☆

Le lendemain, Jules arriva au bureau de bonne heure et de bonne humeur. Il avait réussi à marchander avec sa soeur pour qu'elle l'accompagne la semaine suivante à l'ouverture d'une galerie en plein centre de New-York, en échange de quoi il lui offrait un journée de shopping illimité, à ses frais bien sûr. Jules n'était pas très fan de tout ces évènements mondains, où l'on était constamment jugé en fonction de ce que l'on portait, disait, mangeait. Il était au moins sûr d'avoir une alliée en la présence de sa soeur. Au moins, cette nouvelle galerie était un évènement interessant; il avait déjà eu à subir bien pires. Il appréciait l'art, s'ils se lassaient, Jen et lui pourraient toujours admirer les oeuvres à loisir. 

Jules tourna la page, parapha, tourna une autre page, parapha à nouveau puis fini par signer le contrat. Il décroisa les jambes et attrapa un nouveau dossier. Deux heures de boulot avaient suffit pour tuer sa bonne humeur : sa secrétaire s'était cassé la jambe, et il se retrouvait débordé et désorganisé. Cela le décida à proposer une augmentation à Marie dès son retour. Il fût finalement sauvé par Thomas, son meilleur ami qui travaillait avec lui, qui passa la tete dans le bureau de Jules. 

- Hey, comment tu t'en sort ? On m'a dit que Marie n'était pas venue aujourd'hui ?

Levant la tête de son dossier, Jules mit quelques secondes avant de répondre.

-Oh. Salut. Non. Malheureusement. 

-Allez viens. Attrape ton manteau, on va manger.

-Manger, mais il n'est que..., remontant sa manche, Jules consulta sa montre, 14h30, déjà !

-Dis donc, tu es vraiment perdu sans Marie, rigola Thomas. 

-Arrête, te fous pas de moi. Je pensais pas que ce serait à ce point ! Vivement qu'elle aille mieux, conclue-t-il en attrapant sa veste.

-Vivement qu'elle aille mieux, comme ça le pauvre petit Jules pourra faire ses devoirs comme un grand, aidé par sa super baby-sitter, se moqua Thomas.

Thomas ne vit que trop tard la taloche que lui mit Jules.

Thomas et Jules étaient amis d'enfance. Ils s'était rencontrés à l'âge de huit ans, s'étaient d'abord disputés quant à une partie de foot, puis s'étaient réconciliés autour d'une tablette de chocolat, tablette réservée au goûter, chipée à la maman de Thomas. Ç'avait été le début d'une grande amitié, qui durait encore, presque 20 ans plus tard.