E(m)prise - Dark romance -

Chapitre 3

Je passe le lundi suivant ce week-end presque idyllique, (essentiellement passé sous les draps ou devant la télé, pendant que James transpirait à la salle de sport) à courir partout. Mon mari était de mauvais poil aujourd'hui et nous l'a bien fait comprendre à tous. Rien n'allait assez vite, le café n'était jamais assez chaud ou alors il l'était trop, en bref : un vrai chieur. Mais au boulot je ne dis absolument rien, c'est mon patron avant d'être mon mari.

C'est exténuée que je rentre enfin à la maison. James doit me rejoindre d'ici une heure ou deux, désirant boucler un dossier.
— Bonsoir Madame Powell, me salue Alma lorsque je sors de l'ascenseur.
— Bonsoir Alma, comment allez-vous ? Je suis seule, vous pouvez m'appeler Livia, ajouté-je en souriant.
— Je vais bien, merci. Je vous ai préparé le dîner, il est dans le frigo.

— C'est très gentil, merci. Vous vous joignez à moi pour boire un verre ? proposé-je en regagnant la cuisine.
— Ca aurait été avec plaisir, mais non merci.

Je m'arrête et la regarde, étonnée. Elle baisse légèrement la tête et murmure.
— Si Monsieur Powell arrive...
— Vous le craigniez tant que ça ? Demandé-je devant sa gêne apparente.
Je m'approche d'elle et remarque qu'elle rougit, trahissant la réponse qu'elle aimerait me donner. Cependant, elle garde le silence.
— Je sais que James n'est pas un homme facile, mais par pitié ne le craignez pas.
— Il m'intimide, c'est tout.
— Je comprends. Il peine parfois à sortir de son rôle de méchant requin, avoué-je en posant ma main sur son épaule.
— Ce doit être ça, répond-elle en me rendant mon sourire.
— James vous a dit ? Nous partons pour Los Angeles toute la semaine prochaine.
— Non, il ne m'a rien dit.
C'est étonnant, lui, le roi de l'organisation.
— Il a dû oublier. Bon, quoi qu'il en soit vous serez tranquille. Nous partons dimanche soir et rentrerons samedi dans la nuit. Entre nous, un coup d'aspirateur samedi après-midi avant notre retour et ce sera suffisant. Prenez votre semaine.
— Mais votre mari...
— Je suis sa femme, laissez-moi gérer. Tout va bien.

— Merci, Livia.
— C'est tout à fait normal.
Elle prend sa veste sur le portemanteau et s'habille, sortant ses longs cheveux bruns de sous son trench. Ses yeux sont aussi noirs que ses cheveux et j'envie sa peau bronzée typiquement Mexicaine alors que je suis blanche comme un cachet d'aspirine.

— Bonne soirée à vous, me lance-t-elle amicalement en s'engouffrant dans l'ascenseur.

Je la salue et une fois les portes refermées sur elle, je me déleste enfin de mes escarpins et file à la cuisine me servir un verre de vin, liquide salvateur de cette longue journée.

Départ dans six petits jours, je trépigne d'avance à l'idée de me rendre à Los Angeles. D'autant plus que cette année je vais échapper à ma « fête » d'anniversaire chez les Powell. Honnêtement, rien ne pouvait me faire plus plaisir. Si j'apprécie sa mère je ne peux pas en dire autant de son père, misogyne et macho au possible, et encore moins de mes belles-sœurs avec qui je ne parle même pas. Allez savoir pourquoi, mais ses deux sœurs ne m'ont jamais rien témoigner de plus que du mépris. Tout ceci n'empêche pas James de m'y traîner tous les ans pour mon anniversaire. « C'est ta seule famille » répète-t-il chaque année. Est-ce une raison ?

Avachie sur mon canapé, je passe mentalement en revue toutes les tâches préparatrices qu'il me reste à accomplir avant notre départ et soupir en portant mon verre à ma bouche.

Je viens juste de me glisser dans un bain bouillant lorsque j'entends les clés tinter sur le meuble de l'entrée.
— Livia, tu es là ?
— Dans la salle de bains ! Lui crié-je.
James me rejoint, les traits détendus en desserrant sa cravate. Ses yeux sont doux et sa voix posée, en totale opposition avec la journée qu'il vient nous faire passer à tous.
— Madame s'occupe d'elle ? Sourit-il en m'embrassant.
— Comme tu me l'as demandé, oui.
— Je peux me joindre à toi ?
— Évidemment.
Il y a des mois que ce n'est pas arrivé et ces moments partagés tous les deux me manquent terriblement.