Chapitre 11

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Just Give Me A Reason –Pink

[Los Angeles, 2016]

Je ne savais pas trop comment m'y prendre pour parler à Sam sans avoir cette terrible et irrépressible envie de l'étriper. Mais je devais garder mon calme. Je n'avais jamais été quelqu'un de très calme, posée ou même réfléchie. J'étais, et je suis encore toujours, quelqu'un de très impatiente.

Je pris donc le téléphone entre mes deux mains et le fixait comme-ci celui-ci pouvait m'apporter une réponse. Une réponse à mes questions. Techniquement, il le pouvait. Je savais que si je ne faisais pas attention à ce que j'allais dire les choses aller tourner à la catastrophe. Ma priorité était d'abord de savoir où se trouver ma fille.

Je composais alors le numéro de Sam et attendait.

Premier appel. Messagerie.

« Putain ! murmurais-je une première fois. »

Deuxième appel. Messagerie.

« Putain ! m'exclamais-je alors un peu plus fort. »

Dernier essaie avant de passer à l'action. J'osais espérer qu'il me répondrait cette fois-ci.

Troisième et dernier appel. Messagerie.

« Bordel de merde ! hurlais-je en balançant mon portable à terre.

- Calmes toi, rétorqua Lana. Je suis certaine que Sofia va bien. »

Son air qui se voulait simplement rassurant m'énerva d'autant plus que je savais déjà que ma fille allait bien. Jamais ils ne lui auraient fait le moindre mal seulement j'avais quand même besoin de l'entendre. D'être rassurer.

« Je sens qu'il y en a un qui ne va pas aimer ce qu'il va lui arriver, rigola alors Joon.

- Ça te fait rire ?! M'énervais-je alors aussitôt. Je crois que tu ne saisis pas très bien que si je ne retrouve pas ma fille je mettrai cette ville à feu et à sang ! »

Mon regard avait l'air d'en dire assez long sur le sérieux de la situation. Où était-ce mes paroles qui semblaient les avoir convaincues ?

Sam me rendait folle. J'étais en train d'haïr le monde entier alors qu'il était responsable.

Sans qu'aucun d'entre nous ne s'y attendent, je reçu un message.

« Même heure, même endroit. Ne soit pas en retard. Sam. »

Je n'en revenais pas. Il osait me donner rendez-vous dans cet endroit. À l'époque quand Sam m'envoyait ce message, cela signifiait qu'il n'en pouvait plus d'attendre que l'on se voit et qu'il avait besoin de calme et de sérénité. Le pire dans cet endroit c'est qu'il n'était connu de personne et c'était notre endroit à nous. Un coin où mon père ne pouvait pas nous trouver.

J'étais plus qu'énervée à l'idée de devoir repartir là-bas, mais en même temps, soulagée qu'il ait envoyé un message. Cela voulait dire que j'avançais enfin vers ma fille.

« Ne nous précipitons pas, déclara Lana. Qui nous dit que ton père n'est pas derrière tout ça ?

- Impossible, répliquais-je. Sam ne ferait jamais ça.

- Et pourtant il a kidnappé ta fille, conclu Joon. On ne connait jamais vraiment une personne même après des années de vies communes. »

Joon semblait triste. Mais ce n'était pas le moment de m'occuper des états d'âmes des autres. Je devais impérativement retrouver Sofia. Après avoir confirmé l'heure et le rendez-vous à Sam, je montais dans la voiture en direction de notre zone dites « neutre ». Comme prévu Joon et Lana restèrent à bonne distance et interviendraient que si la situation viendrait à dégénérer. Ce que je n'espérais pas. Pas en présence de ma fille.

Nous étions au bord d'une falaise qui surplombait Los Angeles. La vue était imprenable. La beauté de cet endroit n'avait pas changé. Le calme y régnait toujours autant. Certains souvenirs resurgirent dans ma mémoire telle un tsunami de nostalgie mélangé à la haine présente dans mon cœur.

Sam était là. Il se tenait debout. Toujours là avant moi. Rien n'avait changé. Sa moto, une vieille Harley Davidson, garait à l'ombre au pied d'un grand séquoia, n'avait, elle non plus, pas changé d'un trait. Il fallait dire que Sam en prenait grand soin. Il était de dos et regardait la ville où nous avions grandis. Je me mis à repenser à notre jeunesse fougueuse quand quelque chose frappa mon esprit.

« Sam est tout seul, pensais-je. »

Sofia n'était pas là. Il était bel et bien seul. Je ne comprenais donc pas le sens de cette situation. Si le but n'était pas de me rendre ma fille ... alors quel était ce but ? Pourquoi étais-je là ? Et pourquoi m'avait-t-il demandé de venir ici ? Et pourquoi seule ? Je devais mettre les choses aux claires avant de devenir folle et d'embrumer mon esprit.

« Je suis là. Où est ma fille ? demandais-je une première fois calmement.

- Notrefille tu veux dire.

- Tu n'as aucune preuve qu'elle est ta fille Sam ... où est-elle ?! insistais-je une première fois. Je suis venue seule comme tu me l'as demandé et elle n'est pas là ... alors où est MA fille ? »

Sam devait sentir ma frustration et ma colère. C'était l'instinct maternelle qui me rendait autant agressive mais j'avais besoin de savoir. Avoir un enfant et ne pas savoir où il est ... c'était le pire sentiment que pouvait ressentir un parent. Et c'était bien pire en sachant avecqui elle était.

« Tu sais très bien où est Sofia, déclara Sam. Notre fille est avec son grand-père. »

Sam ne le savait pas encore mais il avait prononcé les seuls mots que je refusais d'entendre. Le mot « grand-père » n'avait aucun sens pour moi et jamais il n'en aurait.

« Sofia n'a pas de grand-père ! m'énervais-je. Cet homme, mon soi-disant père ? Il n'est rien d'autre qu'un tas de merde ne vivant que pour me torturer et s'amuser en plus de ça ... il s'amuse à me tourmenter jour après jour et tu le sais ! hurlais-je alors. »

Je n'arrivais plus à me contenir je n'avais envie que d'une seule chose : gifler Sam. Ce que je fus en suivant.

« Tu n'avais aucuns droits de me la prendre et de la lui laisser ! Tu ne sais pas de quoi ce malade est capable !

- Tu sais très bien que si ... continua Sam ignorant la gifle qu'il venait de prendre. Tu sais très bien que je connais ton père ... et je sais aussi qu'il ne lui fera rien ... ton frère est avec eux.

- La vie de ma fille n'est pas ici ! Sa vie n'est pas à Los Angeles et encore moins avec les Hell's Riders ! Je t'en prie Sam .... Pour l'amour de dieu et pour celui de ... celui de notre fille ... je t'en prie ... laisses la rentrer avec moi, à Chicago, là où est sa vraie vie. »

Je tentais tant bien que mal à convaincre Sam que l'avenir de Sofia pouvait tourner au cauchemar avec le club mais je n'avais pas l'impression que cela fonctionnait. Je savais qu'il refuserait de me la laisser sans se battre.

Blooming Thunderstorm (Français)Where stories live. Discover now