L'Inquisition peut aller résoudre ses propres problèmes toute seule

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Je m'attendais au contrecoup, mais pas à son origine. La Novice Raj me colle une droite directement dans le nez, tellement forte qu'elle me renvoie une nouvelle fois embrasser le plancher. (7)

« Tu peux nous sortir un commentaire plus pertinent, ou il faut que je te fasse bouffer chacune de tes dents d'abord ? » siffle-t' elle d'un ton glacial.

Wow, je regrette de l'avoir traitée de fade. J'ai toujours eu un faible pour les filles qui pourraient me botter le cul si elles le voulaient. D'abord c'était Buffy et Angelina Jolie, puis ça avait été ma ceinture noire de karaté de petite-amie. Seulement, je trace une limite là où une fille se met à activement me botter le cul, parce que la violence, c'est généralement pas cool, surtout quand c'est moi qui la subit.

Je glapis quelque chose qui devait ressembler à :

« Pardonmadamejesuisdésoléjelereferaipluslaissezmoivivrejevousenprie !

‒ Repos, Novice Raj, ordonne Molosse. Je n'ai pas envie de repartir à la recherche d'un autre sorcier à cette heure de la nuit. Alors on calme ses hormones et on n'abîme pas les ressources qu'on a sous la main. »

Ça semble calmer Molosse n°2, du moins pour le moment. Je porte une main à mon visage pour essuyer le sang qui s'est mis à couler, ce qui devient nettement plus sportif avec des menottes, avant de me décider à prouver mon utilité avant qu'elle ne change d'avis.

« Qu'est-ce que vous voulez exactement ? je m'exclame d'une voix un peu étouffée par la main qui couvre mon nez. Parce que c'est pas que j'apprécie pas d'admirer les blessures de Liam Payne ici présent, mais moi j'ai un job à faire. Alors soit vous vous décidez à voler quelque chose et je prépare mon discours à mon chef sur comment j'ai pas su vous arrêter, soit vous vous en allez et vous me laissez finir ma nuit. »

Molosse me lance un regard torve. J'ai comme l'impression qu'elle commence à regretter d'avoir choisi mon tour de garde pour exploser la porte. Tant mieux. Qu'elle crève de dépit, ça me fera des vacances. Louis Tomlinson, de son côté, a croisé les bras dans un geste défensif. La Novice Raj, elle, s'est hissée sur mon bureau et bat distraitement des jambes dans l'air. Quand elle surprend mon regard, elle lève un sourcil, l'air de demander si je veux sa photo.

« Nous voulons connaitre l'origine de cette blessure, déclare Molosse. Nos experts l'ont déjà examinée, et n'ont pas été capables d'arriver à une conclusion. Nous avons donc estimé que l'avis d'un membre de la communauté magique pourrait être intéressant.

‒ C'est pas pour vous emmerder, mais moi, je suis pas guérisseur. Si vous vouliez un expert, vous auriez mieux fait de vous adresser au Coven. Ils vous auraient redirigés vers un spécialiste.

‒ Quelle partie du mot "discrétion" tu ne comprends pas, sorcier ? Votre Coven est un nid de vipère. Toute l'Europe serait au courant avant la fin de la nuit. Ici, je sais très bien à qui je devrai m'en prendre si jamais des informations fuitent. »

Je décide qu'il est plus prudent de ne pas demander de quoi toute l'Europe serait au courant. Je suis déjà bien dans la merde, autant ne pas creuser plus bas. Au lieu de ça, je choisis de faire ce qu'on attend de moi, pour une fois, et me tourne vers le sixième membre des One Direction.

La blessure est encore plus horrible de près. Elle s'enracine profondément dans la peau, à la manière d'une racine toxique. Je prends le risque d'effleurer la plaie du bout de mon doigt, ce qui me vaut un regard noir de la part de mon patient, qui laisse étouffe un râle. D'accord, ça fait mal. J'ai compris. Je choisis de tenter une autre approche.

« Je ne peux rien faire comme ça. Enlevez-moi les menottes et là je pourrais travailler. »

Molosse et ses petits échangent un regard peu convaincu. Merci la confiance, mais bon, c'est pas comme si le respect avait été particulièrement présent depuis le début de notre échange, mais passons. Molosse finit par hocher la tête avec reluctance, et Raj vient me libérer les poignets.

« Au moindre geste suspect, je te casse les genoux, me prévient-elle.

‒ Hé, je suis un gars honnête, je proteste. C'est pas moi qui suis rentré par effraction chez de pauvres gens pour les tabasser ! »

Immédiatement, je sens une vague de chaleur courir de la racine de mes cheveux jusqu'à la plante de mes pieds. Putain, ça m'avait manqué. Pour les sorciers, la magie est plus naturelle que l'air qu'on respire. En être privé, même un instant, c'est un peu comme plonger en apnée. Ça n'est jamais agréable très longtemps.

Je fais courir une petite étincelle de magie le long de mes doigts. Un sourire monte sur mes lèvres quand je la vois crépiter dans une douce lueur jaune. Le too-much n'a jamais été mon style, et je suis bien content que mes sortilèges reflètent ce fait. Pas d'odeur, pas de son : juste des éclats lumineux, près à l'emploi. (8)

Cette fois-ci, Justin Bieber ne bronche pas lorsque ma main touche sa peau. J'envoie ma magie se répandre dans la plaie, histoire de tâter le terrain. Et putain, ce que je repère n'est pas joli.

« Bordel, t'as énervé qui, pour te retrouver avec un truc pareil ? je m'exclame.

‒ Quoi, tu as trouvé quelque chose ? »

Merci, Novice Raj, pour cette foi que tu avais en moi. Devant l'air incrédule de la petite bande d'inquisiteurs, je décide d'élaborer :

« Ce truc-là, c'est un effet d'un enchantement. Un sortilège puissant et collant comme la glu. On le met sur des objets, genre une bouteille, une porte, un chapeau... T'as touché des objets bizarres, récemment ?

‒ Non, marmonne de Valluy.

‒ Ça pourrait être n'importe quoi, un livre, un canard en plastique, un canif...

‒ J'ai. Rien. Touché. De. Bizarre, il grogne.

‒ Si tu le dis. En tout cas, le gars qui t'as fait ça avait vraiment la rage. La magie, souvent, ça a une odeur, et celle-là pue la haine. »

Le silence tombe sur la pièce comme un bloc de béton armé. De Valluy se passionne dans l'étude de ses pieds, tandis que Raj et Molosse échangent un regard lourd de sous-entendus que j'ai la flemme d'essayer de décrypter.

« Je pense, finit par déclarer lentement molosse, que nous allons vous laissez. Novice Raj, descendez de ce bureau, et vous, de Valluy, rhabillez-vous. J'ai un rapport à faire. »

Et, aussi brusquement qu'elle est apparue, la fine équipe s'engouffre par la porte fracassée et disparait dans la nuit.

Je me laisse tomber sur la chaise de bureau, les jambes tremblantes. Mon téléphone, abandonné sur le bureau, indique 1H56 du matin. Je le déverrouille d'une main tremblante et presse la touche d'appel.

« Ralid ? J'ai eu une soirée, tu me croiras jamais. Tu peux venir me chercher ? »



(7) À ce rythme-là, on sera meilleurs amis d'ici la fin de la nuit, lui et moi.

(8) Vous n'avez pas idée de ce qu'on peut trouver comme magie. Entre les drama-queens qui ont besoin de faire résonner tous les tonnerres de Zeus dès qu'ils lancent le moindre sortilège, les fanas des explosions et les puristes qui tiennent à sentir le souffre des siècles après la dédiabolisation de la communauté, les réunions de sorciers ressemblent plus à une catastrophe nucléaire qu'à autre chose.


Sorciers, Sorcières, et tous les autres...Where stories live. Discover now