Chapitre 21

48 9 0
                                    

Mon plan est simple:

Prendre le téléphone de Fanny (Ce ne sera pas très compliqué, puisqu'elle est en cellule...)

Retracer ses appels avec Connor.

Trouver la trace du téléphone de Connor.

Le trouver lui.

Le mettre en prison.

Mettre toute cette histoire derrière moi, une bonne fois pour toutes

Vivre mon deuil en paix.

Je réfléchis. Je sais que les parents de Fanny, qui sont revenus de vacances dès qu'ils ont entendu parler des charges retenues contre leurs fille, ont sûrement engagé un avocat du tonnerre pour la défendre, vu la fortune grandissante du couple. D'après mes sources, ils auraient engagé Justine Cournoyer, qui est l'une des meilleures avocates de New York. Elle est impitoyable en cour. Donc, selon moi, il va falloir que j'obtienne un mandat pour obtenir le téléphone, à moins qu'ils décident de collaborer avec moi. Ça ne coûte rien d'essayer.

À ma grande surprise, lorsque j'ai demandé à les rencontrer, Justine, l'avocate de Fanny, et bien sûr, Fanny elle-même, ont tout de suite accepté. Je me dirige donc vers le commissariat, où nous nous rencontrerons. Je serai avec ma soeur, ainsi qu'en compagnie d'un archiviste, qui s'occupera de prendre des notes à notre place. Il s'agira probablement de mon ami Gilles.

Nous sommes maintenant en salle d'interrogatoire. Lorsque je formule ma demande, c'est-à-dire, fouiller les effets personnels de Fanny et en retirer tout ce qui pourrait être susceptible de faire avancer notre enquête (dont, évidemment, l'objet tant convoité: son téléphone cellulaire), Fanny regarde Justine, qui hoche la tête. Cette dernière prend la parole:

Étant donné les circonstances, nous serions prêtes à vous permettre la fouille de la maison de Fanny, sans avoir de mandat de perquisition contre elle, et d'en retirer les objets dont vous avez besoin pour terminer l'enquête. En conséquent, nous aimerions avoir la certitude que la peine de Fanny sera moins grande grâce à sa coopération. Sommes-nous d'accord?

Nous sommes d'accord, acquiesçai-je

Oui, j'aimerais que Fanny reste en prison toute sa peine, c'est-à-dire, si j'arrive à convaincre le jury, 20 ans, mais si accepter de réduire sa peine me permet de retrouver le deuxième meurtrier, je suis prête à concéder à cela.

Moi et Stella quittons la salle, surexcitées. Nous allions enfin pouvoir résoudre notre enquête! N'est-ce pas fantastique? Seulement, lorsque je sors du bâtiment, une grande peine naît à l'intérieur de moi. Toutes ces contrariétés accumulées depuis la mort d'Emmalee... On dirait qu'elles ressortent toutes d'un seul coup. Ma tristesse, mon désespoir, ma peur, mes craintes... les revoilà, plus cruelles et intenses que jamais. Il est dommage que le soleil soit en train de se coucher. Dans le cas contraire, il est évident que j'irais tout de suite fouiller la maison de Fanny. Je démarre donc ma Tesla, qui exécute quelques pétarades avant que je sois satisfaite et que je rentre chez ma soeur.

Après une bonne nuit de sommeil revigorante, je suis prête à me lancer à nouveau dans l'affaire. Aujourd'hui, il faut que j'aille fouiller la chambre de Fanny, et inspecter son téléphone. J'aurais bien aimé effectuer une fouille dans toute la maison pour voir si ce qu'affirme Fanny à propos de ses parents est bien vrai, mais on ne peut pas toujours tout avoir! C'est une leçon que j'ai appris au cour de ma vie, grâce à toutes les épreuves que ma mère et moi-même, sans oublier Stella, avons dû affronter. J'embarque dans ma voiture, et je vais tout de suite chez elle. Lorsque je sonne à leur porte, les parents de l'ex-amie de ma fille ne m'accueillent pas très chaleureusement. Ils refusent même que j'entre dans leur demeure! Seulement, ils n'ont pas le choix. Mes collègues sont en train d'arriver sur les lieux, déjà. Je leur montre le papier attestant mon droit, signé de la main de leur avocate. À contre-coeur, ils finissent par me laisser entrer, sachant que dans le cas contraire, ce serait eux qui iraient au poste rejoindre leur fille.

Dans la maison, tout est étrangement calme et bien agencé. On n'aurait jamais pu penser, au premier abord, que celle-ci avait autrefois abrité une meurtrière. Sans surprise, les parents de Fanny me suivent comme des chiens de poche, sans même prendre la peine d'essayer d'être subtils. Avec un soupir, je sors le célèbre ruban jaune qui décore habituellement les scènes de crime. Dire que je n'avais aucune intention de l'utiliser aujourd'hui! La mère de Fanny me regarde d'un air féroce, puis s'éloigne à contre-coeur. Je peux donc enfin faire mon travail!

Étrangement, la chambre de l'ancienne amie de ma fille est, il semblerait, vide. Tout est à sa place, bien rangé, sauf le cellulaire de Fanny, qui traîne sur son bureau. Je l'ouvre à l'aide du code que celle-ci m'avait indiqué lors de notre rencontre, et ouvre l'application appel. Dans les contacts de Fanny, il y a, en effet, un jeune homme nommé Connor Dery. Son dernier appel remontait à hier. Il était donc tombé sur la boîte vocale de sa petite copine et complice. Je saisis le téléphone précipitamment et je quitte la pièce, saluant au passage mes collègues maintenant en train de s'affairer dans la chambre. Je prend mon propre téléphone, et j'envoie un texto à Noah, qui a, par chance, accepté de détecter d'où provenait le dernier appel de Connor.

- Allo! J'ai récupéré le cellulaire. Fais-moi signe quand tu seras prêt!

- Je suis prêt. Arrive dès que tu peux, j'ai hâte de me mettre au travail! À tantôt!

- Entendu. À tantôt!

Je saute dans ma voiture, et je me dirige vers son bureau, fébrile. À mi-chemin dans le stationnement, entre mon auto et l'immeuble qui abrite le bureau de mon technicien, un jeune homme me bouscule, et saisis le téléphone cellulaire de Fanny, qui reposait dans la poche arrière de mon jean. Il se relève et dit: "Allons, Irina... Pensiez-vous vraiment que ça allait être aussi facile que ça?" Et c'est à ce moment précis que je prends vraiment le temps de le regarder. Cheveux noirs d'ébène pareils à ceux de ma fille, yeux bleus perçants, camouflés sous des Ray-Ban fumées... Il correspond avec exactitude au portrait robot qu'a réalisé le concierge de l'école d'Emmalee du jeune homme qui aurait embarqué cette dernière.

Connor... que je dis, en constatant que, devant moi, se tient le meurtrier que je cherche depuis.... depuis les aveux de Fanny.

Bravo, inspecteur tête de noeud! s'exclame-t-il, sarcastique. Évidemment, il fallait que ma soeur s'ouvre la trappe, n'est-ce pas? Mon plan était parfait, jusqu'alors... Mais elle a dû intervenir, l'autre idiote.

Euh... Attends, je ne comprends pas... dis-je, sceptique.

Mais bien sûr! J'ai oublié de vous expliquer... Pauvre Irina! Trop centrée sur elle-même, sur ses petits problèmes personnels, sur ses malheurs et ses mélodrames pour voir les autres et constater que OUI! Ils ont eux aussi leurs problèmes et autres petits soucis. Vous n'avez pas le monopole de la douleur, Irina. Il est temps de le constater et surtout de l'accepter. Mais oui! Fanny n'est pas ma copine ni autre chose de ce genre. Elle est ma soeur. Ma soeur biologique, dit Connor, en prenant bien soin d'appuyer chaque syllabe comme si j'avais le quotient intellectuel d'une enfant de 3 ans.

Pendant un instant, je suis figée, assommée par la méchanceté qui suintait de toutes parts de ces paroles gratuites qu'il a prononcé sans même me connaître. Pourtant, j'aurais dû me douter que mes deux meurtriers avaients un lien de parenté. Ils ont une ressemblance trop flagrante pour qu'on l'ignore. Encore une fois, ce devait être un de ces nombreux secrets dont Emmalee était au courant... Ensuite, seuls deux mots arrivent à parvenir à mon esprit: "Capture-le." Je m'élance, essayant de saisir le pan de sa veste griffée Philipp Plein. Malheureusement, il anticipe mon geste, et m'esquive, se mettant à courir. Je retiens un mot grossier, en m'élançant à sa poursuite, dans les rues achalandées de New York. Par chance, cela fait 4 ans que je cours tous les matins au moins un petit 5 kilomètres. C'est donc facilement que je le ratrappe. Seulement, il a réalisé que je le suivait, alors il partit sur un sprint, et me sema. Noah, qui avait suivi la scène depuis la terrasse qui surplombe son bureau, arrive, le souffle court.

Il a pris le téléphone? demande-t-il.

Oui, répondis-je, découragée.


Sous enquêteWhere stories live. Discover now