L'addition,personne n'y échappe.

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Hier soir, toi et moi nous étions censés faire couler le champagne pour nos 24 ans de mariage. Hier, j'ai enfilé ma plus belle robe, je me suis ornée de mes plus beaux bijoux, j'ai essayé d'être aussi belle que le jour de notre rencontre (en essayant, bien sûr, de camoufler ses vilaines rides dont tu nies l'existence afin de me ménager). Puis à 20h nous étions censés nous rendre aux Milles Saveurs, le meilleur restaurant en ville ; et de ce fait, notre restaurant préféré. Mais hier soir, Charles, tu m'as encore surprise ... je devais me douter que rien ne se passerait comme convenu, car les changements de plan, ça te connait !

Hier matin, j'aurais dû rester sous mes draps, m'engouffrer dedans, voire m'enrouler la tête entière avec, afin qu'aucunes vagues d'oxygène, aussi légère qu'elles puissent être ne puissent atteindre mes poumons. Mais il fallait que tu déposes un tendre baiser sur ma joue et que par la suite tu me proposes avec ta voix de velours  de déjeuner en ta compagnie. Pour moi, c'était le plus beau des matins car ce fut le premier des douze derniers mois qu'on était véritablement ensemble. Ce matin-là, tu ne t'es pas caché dernières les pages du journal, tu n'as pas touché ton portable , qui sans surprise reposé près de ton assiette, ce dernier pourtant vibra plus d'une fois, mais surtout tu n'as pas jeté des regards répétitifs vers ta montre. Ce matin-là, Charles, les nouvelles nationales ou internationales, ton patron, tes collègues, le temps, n'avaient pas d'importance. Ce matin-là, j'ai remarqué tes efforts, ta bonne volonté, ton désir de faire les choses « correctement »pourtant jusqu'à présent je ne peux m'empêcher d'avoir des interrogations. Voulais-tu me faire plaisir ou voulais-tu te faire pardonner pour toutes tes absences ? Voulais-tu réellement me faire plaisir ou voulais-tu rattraper le temps perdu ? Ou encore, cherchais-tu à NOUS faire plaisir ou te sentais-tu dans l'obligation de te montrer présent et attentionné envers moi en ce jour si spécial ?

Tu sais Charles, lorsque tu as juré de m'accompagner dans le meilleur comme dans le pire tout en me serrant la main moite et toute tremblante et que  ton regard plongé dans le mien... Tu as prononcé tes vœux et j'y ai cru. J'y ai cru, et oui, j'y ai cru de toute mon âme. Avant de se promettre l'un à l'autre à l'autel et devant les personnes les plus proches à nos yeux, je n'arrivais pas à me projeter, je n'arrivais pas à m'imaginer devenir une femme ...plutôt devenir la femme de quelqu'un. D'ailleurs personne n'y croyait. Moi, Hélène, dont la vie rythmée avec petits boulots, fêtes en tous genres, consommatrice de substances peu recommandables sur la banquette arrière de la voiture de Jacques .... Bref, tout changea depuis notre rencontre. Toi, Charles, jeune homme ambitieux dont le métier d'avocat était un rêve dès gamin, dont la vie rythmée avec nuits blanches, voyages aux quatre coins du monde et aussi ...car tu me l'as confié bien après...de soirées arrosées en charmante compagnie -ce qui, je dois l'admettre m'a étonné- ; Tu l'as compris, m'unir à toi fut la plus sage des décisions et une fierté pour mes parents. Depuis notre mariage j'ai abandonné toutes mes toxiques mais enivrantes habitudes ...car je me l'étais promise ; Pourtant je n'ai pas décidé de changer pour moi mais pour notre mariage et par-dessus tout pour toi, dont le regard et l'opinion des autres à toujours énormément compté. Mais toi, Charles, as-tu changé tes habitudes pour moi ?

J'ai bien peur que ta passion pour ton travail à surpasser puis fit disparaître celle qui auparavant émanait de nos corps, celle exprimée par nos baisers, cette même passion qui nous amena à concevoir Lili seulement deux semaines après nos vœux. C'est cette passion qui contrôlait nos actes, nos paroles (Il aurait été préférable voire plus sage qu'elle les guide et non les contrôle, tout aurait été différent). De sa présence l'étape mariage fut une évidence et ça seulement dix mois après notre rencontre... cette passion elle nous habitait. Et aujourd'hui je là maudis. Cette passion qui m'a envahi dès l'instant où mon regard a croisé le tiens. Puis, c'est toi que je maudis. Toi, qui as laissé la flemme s'éteindre en repoussant toutes mes tentatives afin de la ranimer. Toi, qui m'as été volé par ton satané boulot.Néanmoins, je n'oublie pas tous les bons moments que nous avions passé toutefois ils furent trop peu ou pas assez intenses, pas assez marquants..... Je te blâme mais c'est peut être moi ou plutôt en moi que le problème réside car inexplicablement je sais que tu m'aimes. Serais-je trop avare ? Serais-je trop romantique ?

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⏰ Last updated: Mar 26, 2022 ⏰

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