XI

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J'ai peur qu'ils recommencent. Cela fait une semaine que je me réveille en pleine nuit, couverte de sueurs. Je regarde dans le réveil, il n'est que 5hres du matin. Ah! Aujourd'hui c'est pire, je me suis réveillée deux fois. Au moins, ils ne me font plus pleurer comme autrefois.

J'attends qu'il fasse jour, je prends ma douche, je sors prendre mon petit déjeuner.
La matinée s'est passée sans aucun intérêt. Moi, ressasant sans cesse ces moments sinistres. Des moments que seul deux personnes connaissent, Liam et moi.
J'ai été voir le Dr Laval, je lui ai parlé de mes cauchemars, de ce que je rêvent, et ce qu'ils représentent pour moi. Couchée sur le dos, à même le gazon, sous mon arbre préféré, les bras repliés sous ma tête, je n'ai pas entendu arriver Mivida.
Elle me salua, me demanda ce qui ne va pas avec les bancs aujourd'hui, pour que je me retrouve sur le gazon.
Elle parle de je ne sais quoi, assise en position de lotus à ma droite.
je me retourne vers elle,

-Je faisais des cauchemars à mon admission ici. Ils avaient cessé, cela fait une semaine qu'ils ont recommencé.

-Oh! Tu en as parlé à Jarred?

-Oui. Je lui en ai parlé.

-Et qu'est-ce-que tu vois? Me demanda-t-elle, d'une petite voix, comme si elle avait peur de me brusquer.

-Des choses que j'ai déjà vécu. Autrefois, je me réveillais toujours en pleurant, et cette semaine à chaque fois que je me suis réveillée je ne pleurais pas.

- C'est bien. Tes blessures commencent à guérir. Elles ne te font plus autant mal qu'auparavant.

-Ma première fausse couche est le déclencheur du côté obscur de Liam.

"Malgré ma grossesse, je n'arrête pas pour autant mon travail, d'ailleurs je n'ai aucune raison de le faire, puisque je ne suis qu'à mon 8ème semaine et jusqu'ici je ne ressens aucune malaise. Je viens d'avoir une promotion, plus de boulot, plus de responsabilité, mes supérieurs s'attendent à beaucoup plus de ma part.
Dans le feu de l'action, certaines fois, j'oublie de manger et Liam me gronde à chaque fois qu'il le remarque. Toutefois je prends des vitamines"

- Le contraire m'aurait étonné d'un mec qui a lui-même choisi ta robe. Me coupa Mivida.

Je la regardai du coin de l'oeil,

-Ce matin-là, au travail, je me suis sentie fatiguée. Je me sentais vraiment pas bien. J'avais une réunion importante, après celle-ci, j'ai expliqué à mes patrons que je devais rentrer et ils m'ont donné ma journée.
Dès que je suis arrivée à la maison, j'ai pris une douche, puis mes vitamines et je suis allée dans mon lit.

"Cette douleur, qui lacère mon bas ventre me réveille. Je ressens comme un liquide collant entre mes cuisses. Je m'asseois, regarde le pantalon en coton que je porte. Ce que je vois, brouille instantanément ma vision, mes yeux sont remplis d'eau. Je commence à pleurer. J'attrape mon portable, et appelle tout de suite Mél. Elle me demande de simplement me passer quelque chose sur le dos, elle vient me chercher."

-Pourquoi Mélanie au lieu de Liam?

-Liam voulait tellement cet enfant. Je ne voulais pas croire ce qui était en train de m'arriver. Je ne pouvais pas m'imaginer demander à Liam de venir parce que je saignais, je ne voulais pas de Liam, je n'allais pas pouvoir supporter son regard.

"À l'hôpital, je saigne toujours et cette douleur ne m'a pas encore quittée.
Je me réveille doucement, Liam me regarde, les sourcils froncés, il se tient debout, l'un de ses bras se replie sous l'autre, dont la main caresse la barbe. Il ne cille pas, ne sourit pas, même tristement, il se contente de me regarder.
Mélanie rentra en compagnie du docteur.

-Bonjour Liya, je suis le Docteur Manfred. Je suis content que tu sois réveillée. Liya, comme je l'ai expliqué, pendant votre sommeil, à votre mari et votre belle-soeur, vous avez eu une fausse couche. Je suis navré.

Comme si je ne le savais pas. Dès que j'ai vu ce sang sur mon pantalon, sentie cette douleur, j'avais compris. J'espérais néanmoins m'être trompée. Je ne dis pas un mot, et les larmes répondent au médecin qui attend une réaction de ma part.
Mélanie s'approche de moi, me caresse le dos. Liam ne bouge toujours pas. Il continue de me fixer.
Dr Manfred, me toucha la main, en me souriant tristement et s'en alla. Liam lui serra la main, en lui remerciant, soupira après que le Docteur ne soit plus dans la chambre. Il s'approcha du lit, s'asseoit à mes côtés.

-Je suis désolée,  Li. Si tu savais comme j'ai mal.

-Ne t'en fais pas ma chérie. Je t'en ferai un autre, sois-en sûre.

Il m'embrasse le front et me prend dans ses bras"

- Tu es d'accord avec moi? Que cette dernière phrase n'avait vraiment pas sa place, pas en ce moment. Cela n'a pas déclencher un tilt dans ton esprit?

-Non. J'étais déboussolée. Je pleurais mon enfant, je pleurais ma peine, je pleurais la peine de mon mari, je pleurais le rêve bafoué de notre couple. Être dans ses bras me suffisait amplement.

-Que s'est-il passé ensuite?

-Les jours ont écoulés. J'avais repris mon travail, Liam et moi ne parlions pas de ma fausse couche. On continuait d'avancer. On ne voulait ni l'un, ni l'autre brusquer son conjoint.
Puis un jour, je me suis rendue compte que j'avais du retard. Cela faisait déjà deux semaines. J'avais peur d'y croire, je me disais que je n'étais pas prête à une nouvelle fausse couche. Toutefois, en rentrant du boulot, je suis passée à la pharmacie et acheta trois tests de grossesses.
Je sortais de la salle de bain, et Liam était sur le lit avec son portable en main. Je me tenais au pied du lit, juste en face de lui, ne sachant sur quel pied me tenir. Il leva les yeux vers moi..

"-Je suis enceinte. Encore.

Il dépose son portable, croisa son bras, me sourit,

-Je le sais. Je t'avais promis de t'en faire un autre.

Je ris, et il se joint à moi. Je grimpe sur le lit, l'embrasse et pose ma tête sur son torse. Il caresse mon côté, en faisant des petits cercles imaginaires sur le bout de tissu en soie que je porte. Je n'arrête pas de sourire. Je me demande si c'est le fait de porter encore une fois la vie, si c'est le battement du coeur de l'homme que j'aime, que je ressens sous ma paume, ou si ce sont ses cercles imaginaires sur ma peau. Mais je sais qu'au fond de moi, il y a de l'espoir et que je suis bien là où je suis.

-Tu sais, je le savais. Ce n'est pas pour moi une surprise.

Je lève ma tête, regarde Liam, ne comprenant pas ce qu'il essaie de me dire.

-Cela fait deux semaines que tu as du retard. Et tu n'as rien vu venir. Je ne voulais pas t'acheter les tests, vu ta réaction la dernière fois.

Je l'embrasse, en riant. Je me dis qu'il est très compréhensif.

-Je t'aime, mon amour.

-Moi aussi, tendre femme. Je t'aime."

Mivida fit un rire nerveux, s'allongea sur le côté, soutenant sa tête par son bras en appuyant sur son coude.

-S'il n'avait pas remarqué ton retard, Liam James Donald ne serait pas Liam James Donald.

RenaissanceWhere stories live. Discover now