𝕊𝕥𝕒𝕪 𝕝𝕠𝕟𝕘𝕖𝕣 | showho

[𝟚] 𝕔𝕙𝕣𝕠𝕟𝕠𝕤

✩✩

Maintenant qu'Hoseok avait trouvé une voix, il fallait qu'il cherche un but. Quelque chose d'assez fort pour le maintenir à un stade de plénitude aussi élevé qu'à cet instant précis.

D'abord, il ne sut où aller. La ville était grande, effrayante, quelque peu étrangère mais surtout existante. Le jeune homme serra tellement fort la montre dans sa main que celle-ci lui fit mal pendant un instant. En massant avec délicatesse sa paume, le destin, ou ce que l'on peut appeler l'inconscience, guida ses pas vers un endroit retiré de toute agitation.

Une salle de Kumdo.

À cet instant précis, le cœur d'Hoseok se mit à battre. Il fut d'abord surpris puis tellement fière de lui.

En regardant autour, il se souvenu de l'endroit. Sa mémoire fit défiler le peu de souvenir qui lui restait. À son époque, au même endroit, cette salle de Kumdo fut fermée depuis un long moment. L'enseigne arrachée, les portes closes et les gens passants devant sans lâcher le moindre regard : voilà de quoi Hoseok se souvenu. Mais pourtant, devant ses yeux ébahis, cette fameuse salle de Kumdo n'avait rien avoir avec ses réminiscences.

Ni même avec l'idée qu'Hoseok s'était fait du temps, d'une relation ou de l'amour en lui-même.

Ce qu'il adorait le plus dans cette salle de Kumdo était sûrement l'adrénaline qu'elle lui offrait. Une sorte de nouveau souffle, une corde à laquelle il pouvait s'accrocher et une passion si lointaine et abandonnée. À chaque pas frôlant le sol de celle-ci, le jeune homme se revit enfant, courant sur le tapis et regardant les plus grands s'entraîner. Aujourd'hui, ou trente-cinq ans plus tôt, ce fût lui à cette même place.

Le Kumdo cherchait à créer un caractère fort chez Hoseok. Quelque chose de puissant, de brusque et de tenace. Tandis que de l'autre côté, dans le reflet du miroir, il contribuait aussi à susciter un esprit de compétition, ardent comme le feu, mais tout en respectant les principes de courtoisie, de respect, et de fair-play. Celui qui magnait à merveille ses deux facettes était digne de pratiquer le Kumdo, digne du O-Gae.

Et Hyunwoo en était honorable.

Chaque fois qu'il positionnait le Homyeoum sur sa tête, la vision d'Hoseok fut troublée par les grilles métalliques et par son regard perçant. À tout moment, Hoseok perdait l'équilibre sous les coups de l'épée en bambou, mais aussi sous les contacts corporels qu'il lui offrait. Comme tombant au sol, Hoseok tombait aussi un peu plus sous son charme.

Mais à cet instant précis, à une ère moderne qui pour lui n'était que passé, des nouveaux principes s'étaient ajoutés. Reflétant le défi et la concurrence, Hoseok ne supportait pas perdre face à lui. La surprise, la peur, le doute et la confusion :

Les quatre poisons du Kumdo. Ce fut des choses qu'il ressentait en présence de Hyunwoo.

Il était... il était tout ce que voulait être Hoseok. Jamais il ne reculait devant un défi, jamais il n'abandonnait et quand bien même ses jambes tremblaient, il trouvait toujours de la force là où Hoseok en cherchait encore. Hyunwoo était le dernier sur les lieux et Hoseok arrivait toujours à cet instant précis. Lui partait, et l'autre arrivait.

Au début, ce ne fut que de la courtoisie. Quelque chose de semblable à du respect commun et de la politesse. Mais au fil du temps, ces sourires si neutres et vides de sens se changeaient en rires, en commentaires valorisants et en contacts corporels successifs. Hyunwoo avait cette chose si indescriptible qui permettait à Hoseok d'oublier son quotidien si fastidieux et vide de sens. Il lui procurait de l'adrénaline, une soif de victoire et quelque chose de plus subtile, plus tendre et mesquin qui se produisait dans tout son corps :

Ses jambes, ses mains, son ventre, son cœur.

Les premières fois, il ne l'avait pas réalisé. Mais il savait qu'il éprouvait de l'attachement et de l'affection. Tous les soirs où il frôlait le sol terne de son appartement, Hoseok ne pensait qu'à une chose : son prochain voyage dans le temps. Il ne savait pas comment, ni quels mots mettre dessus, mais ce qu'il ressentait ne faisait que grandir, peu à peu. Mais ce fut seulement le jour où il avoua à Hyunwoo qui il était vraiment et d'où il venait qu'Hoseok comprit.

Au début, il ne sût comment lui dire. Fallait-il que cela soit quelque chose de formel ou bien dit avec légèreté ? Finalement, cet aveu était sorti de sa bouche, sans prévenir.

"Quoi ?" Hyunwoo regarda un instant à sa gauche, puis sourit en fronçant ses sourcils.

"Ne rigole pas."

À nouveau, le plus grand se moqua.

"Je ne rigole pas. Mais... tu peux faire mieux que ça."

"Je savais que tu n'allais pas me croire. Je peux te montrer." Suggéra Hoseok en s'approchant de lui.

"Ok. Mais si c'est un jeu, sache que j'ai gagné d'avance."

"Hyunwoo. Je ne joue pas, vraiment. Je veux que tu le sache... c'est important"

Après s'être empêché de sourire pour la millième fois, Hyunwoo se leva à contre cœur du sol en bois. Hoseok tendit une de ses mains vers lui et celui-ci la prit, l'embarrassant quelque peu. À la suite de cela, Hyunwoo remarqua la montre qui se tenait autour de son poignet.

"Très bien, montre-moi."

Hoseok leva ses yeux et rencontra son regard. Ce fût comme si chaque parcelle de son corps réagissait à cette lueur si unique que dégageait Hyunwoo. Il sentit son estomac se tordre et mélangeait douleur et plénitude. À chaque fois qu'il fut près de lui, Hoseok adorait éprouver cette sorte de torture au doux goût d'épanouissement.

Alors, il lui montra et Hyunwoo comprit.

Il comprit et Hoseok ne s'était jamais sentit aussi proche de quelqu'un. Ça paraissait absurde mais Hyunwoo lui avait fait confiance, malgré les années qui les séparaient. Au début, bien sûr que le plus grand était restreint face à cette idée. Mais il avait décidé de croire en lui, de ne pas douter de son regard si sincère et de sa main tenant fermement la sienne.