Chapitre quatre : Aglae

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Média : I wanna be your girlfriend — girl in red

     Oui. Oui, je l'aime encore, bien sûr que je l'aime encore. Elle était tout pour moi, elle me rendait heureuse, me comprennait, me rassurait, m'aidait. Elle m'aimait. Et c'était bien la seule pour le faire. Elle m'a fait du mal plus que n'importe qui, mais je ne suis pas prête à ne plus l'aimer. Je déteste l'aimer, mais pourtant c'est ce que je sais faire du mieux. Elle m'a assommé de coups et pourtant, je suis encore en train d'espérer son retour. C'est tellement ironique puisque c'est moi qui lui ai dit de partir. Je suis si contradictoire que ça me donne envie de vomir.

      À mes côtés, Elois sent que sa question a éveillé de nombreuses pensées en moi, mais ce qu'il ne sait pas c'est qu'elle n'ont jamais vraiment disparu. Mes blessures n'ont jamais véritablement été pansées. J'ai juste menti à tout le monde, et à moi-même la première. Je suis si lâche.

      Mes états d'âme et mes plaies mal refermées au cœur ont coupé court à toute discussion et je commence peu à peu à m'enfermer dans mon monde noir. Apparemment j'ai un traumatisme dû à la surprise, la colère, et les blessures morales, mais je sais que c'est quelque chose de tout autre. Je sombre peu à peu. Les remarques de Joshua me font plus de mal que jamais, je n'arrive plus vraiment à me défendre comme je le faisais autrefois et un petit quelque chose - comme la rupture d'Elois - me ramène dans le passé.

— On retourne en cours ? me demande soudainement Elois, me faisant sursauter au passage.

      J'acquiesce, quoiqu'un peu surprise qu'il veuille retourner en cours, où tout le monde va encore le bombarder de remarques. Il fait sûrement ça pour m'empêcher de tergiverser, et lui aussi par la même occasion. Peut-être que ça me fera du bien de penser à autre chose que mon ancienne relation ayant pris fin trop tôt.

      Ne tenant plus, je me lève brusquement, je ne veux plus penser à elle. Elois m'imite en silence. Il sait que de temps en temps j'ai besoin d'être seule avec moi-même. Idem pour lui, alors souvent, nos silences parlent pour nous. C'est peut-être mieux comme ça ; ce que nous avons à dire n'est pas toujours très joli. Nous marchons avec pour seule compagnie les bruits de la vie. Quelques oiseaux chantent, inépuisables même pendant l'automne, les bruits des moteurs ne s'arrêtent pas. C'est un peu comme si tout vivait sans moi. Et c'est le cas, après tout.

     Elois et moi traversons la petite cour sans nous presser, puis nous montons jusqu'au premier étage, où l'on doit se séparer, sans avoir croiser quelqu'un. Le lycée paraît désert, rien ne bouge dans les couloirs aux murs blanc crème tachés de toutes parts. Les portes des classes sont presque toutes fermées et les sons qui sortent de celle ouvertes sont faibles, comme si tout s'était arrêté.

— À toute à l'heure, dis-je à Elois avant de m'engouffrer dans l'escalier une nouvelle fois pour accéder au deuxième étage.

      Dans mon dos, j'entends sa réponse, mais je me retourne pas, j'ai besoin de faire le vide. Je ne pense plus à grand chose, juste à mettre mes pieds l'uns devant l'autre à-vrai-dire. J'arrive vite devant la salle de maths, pour mon plus grand bonheur, bien évidemment. Je prends une grande inspiration et toque dans un geste craintif. Nous ne sommes qu'en novembre, et pourtant, je n'aime déjà pas la professeure de maths. Elle n'est pas sévère, bien au contraire, et de ce fait laisse tous les élèves s'en prendre à moi pendant ses cours. Pour tous, c'est cadeau.

      Après avoir entendu l'habituel “entrez” j'ouvre la porte et marmonne un vague bonjour. La prof, pas aussi bête que je le pensais, s'empresse de montrer sur ses grands chevaux en raison de mon retard. Je réponds à toutes ses questions, prenant sur moi pour ne pas être insolente ou autre. Je finis donc par aller m'asseoir à ma place qui s'avère être celle juste à côté de Joshua. On se demande très bien pourquoi, n'est-ce pas ?

     Joshua, c'est le typique garçon que l'on pourrait appeller “bad boy” dans les romans. Et pour continuer dans le gros cliché, lui aussi est un harceleur. Mon harceleur. La plupart de ses remarques, ou même insultes, sont à caractères homophobes. Depuis que je me suis vraiment assumée avec ma relation, l'an passé, tout le lycée est au courant de mon orientation sexuelle et sentimentale. Et même si je ne suis pas sûre que Joshua soit véritablement homophobe, il prend un malin plaisir à me les lancer à tout va. J'aimerai beaucoup savoir pourquoi il fait ça, il y a forcément une raison, il ne peut pas être foncièrement mauvais, quand même.

      Pendant que la prof continue son cours comme si mon interruption ne l'avait pas vraiment dérangé, Joshua commence à me parler de sa voix grave, sans même prendre la peine de chuchoter :

— Alors comme ça le p'tit secret de ton meilleur pote a été révélé ? Et t'en penses quoi, toi ?

     Je ne prends même pas la peine de lui répondre, mais il continue quand même. Il me parle, me susurre des insultes si près de mon oreille que je suis la seule à la entendre. Je le vois fourrer une boule de papier dans mon sac et devine que ce sont des mots on ne peut plus violents et dénigrants de pas mal d'élèves de la classe. Ils m'ont déjà fait ça tant de fois.

     Je soupire lassement, j'aimerai bien que le soleil apparaisse enfin et croise la pluie pour former un arc en ciel, celui de mon cœur.

***
j'aime pas ce chap, j'le trouve nul
j'sais pas vraiment pourquoi :'(
mais bon, vous en pensez quoi, vous ?

~ Il_lu-s_ion ~

Rayon de toi | romanWhere stories live. Discover now