19 mai 2007, 17h.

429 21 0
                                    

"You're just a memory of a love that used to be. You're just a memory of a love that used to mean so much to me."

Memory Motel - The Rolling Stones.

Cinq ans.
Cela faisait cinq ans que tout était terminé.
Cinq ans pour refermer les plaies, pour recommencer à vivre.
Cinq ans qu'elle n'avait plus parlé à ses parents, cinq ans qu'il n'avait plus vu son frère.
Cinq années qui s'infiltraient dans leur couple, qui s'immisçaient entre eux.

Le temps qui les avait fait grandir les avait aussi inexorablement éloignés l'un de l'autre. L'heure approchait, ils touchaient du doigt leur inévitable fin. Le lien qui les unissait s'était abîmé, étiolé.
Ils se tenaient là, assis sur un banc du domaine du Terrier.
Une légère brise les accompagnait, allégeant agréablement le silence qui se dressait entre eux.

- On a tout fait de travers, n'est-ce-pas ?
Elle lui adressa un sourire. Elle savait qu'il avait voulu paraître sur de lui, mais sa voix s'était trouvée peu assurée.
- Je suis désolée...
Il se rapprocha un peu d'elle, et pris sa main entre les siennes.
- Ne le sois pas. Nous avons vécu des moments merveilleux.
- Tu as raison.
- Et puis, tout est de ma faute. Si tu savais comme je m'en veux...
- Ron, je t'ai pardonné il y a longtemps. Elle était là lorsque je ne l'étais pas, c'est ainsi.
- Et il était là lorsque je ne l'étais pas...

Elle ne répondit rien. Il avait fauté, mais ce n'était pas une raison. Elle n'aurait pas du en faire autant.

- Nous nous sommes fait tant de mal... Pourtant, ajouta le garçon après un petit silence, je n'ai aucune rancœur. Je ne t'en veux pas.
- Je suppose que je m'en veux assez pour nous deux...
- Tu ne devrais pas.

Ils restèrent encore un peu sur ce banc, l'un contre l'autre. Parfois silencieux, et parfois pas. Ils écoutaient les oiseaux dans les chênes derrière eux, le doux ruissellement de la rivière qui passait près d'eux. Ils s'étaient tant aimés...
Ils se levèrent ensemble et rentrèrent sans un bruit, main dans la main, pour se donner le courage dont ils avaient besoin. Ils rejoignirent la famille du garçon, qui les attendait impatiemment.
- Eh bien alors, les accueillit Molly Weasley sur un ton plus qu'enjoué. Où étiez-vous ? Qu'en est-il de cette grande nouvelle que vous vouliez nous annoncer ?
- Alors voilà... commença Ron avant d'être interrompu.
- Vous allez enfin vous marier, c'est bien ça ? demanda sa mère, au comble de l'excitation. Deux mariages à organiser, c'est magnifique !
- Maman tu vois bien qu'elle n'a pas de bague ! la corrigea Ginny en rigolant malicieusement. Moi je trouve plutôt qu'elle a pris du ventre... ajouta-t-elle pour plaisanter.

Hermione leva les yeux et observa la famille qui se tenait devant elle. Tout le monde avait l'air curieux, joyeux. Tous avaient l'air heureux. Tous, sauf un.
Fred Weasley était un peu en retrait, il était le seul à ne pas la regarder. Il semblait concentré sur quelque chose de passionnant de l'autre côté de la pièce, impatient que cette conversation ne se termine. Il était le seul, Hermione exceptée, à sembler mal à l'aise.
- À vrai dire, entendit-elle Ron prononcer à côté d'elle, ce n'est pas ça. Nous voulions juste vous dire que nous nous séparons, c'est terminé entre nous.

Les mâchoires tombèrent. Molly poussa un petit cri aigu, Ginny s'approcha de sa meilleure amie pour la prendre dans ses bras.
Hermione regarda à nouveau Fred. Il semblait toujours aussi mal à l'aise, mais un air incrédule marquait à présent son visage. Il la fixait désormais avec un regard interrogateur, nul doute qu'il désirait obtenir des réponses. Toujours les yeux plongés dans les siens, elle rougit un peu en entendant George demander ce qu'il s'était passé.
- La vie, répondit Ron. Mais ne vous en faites pas, tout va bien !
- Oui, renchérit Hermione en détachant ses yeux de Fred. Nous sommes toujours amis, et nous entendons bien le rester.

Ron passa son bras autour de ses épaules et l'attira vers lui, lui déposant un doux baiser sur le front. Tout le monde entendit distinctement le gémissement de Molly Weasley, qui se croyait probablement discrète. 
- Dire que j'avais fait un gâteau...
Ginny, Ron et George éclatèrent de rire.
- Tu peux le servir maman, nous t'avons dit que tout allait bien !

Hermione vit Fred s'éclipser, probablement dans sa chambre. Elle prit Ron à part et commença à s'excuser :
- Écoute, je ne me sens pas très bien et je suis un peu mal à l'aise... Je vais rentrer chez moi, tu veux bien ?
- Bien sûr, vas-y, je les embrasserai de ta part.
- Merci Ron. J'ai laissé mon sac à l'étage, je monte le chercher et je transplanerai de là-haut. À bientôt, lui fit-elle en l'embrassant sur la joue.
- À bientôt, lui murmura-t-il à l'oreille. Prend soin de toi.

Elle s'enfuit discrètement, et une fois dans le couloir, elle s'autorisa à souffler un peu. C'était fait. Ils n'auraient plus à faire semblant, elle n'aurait plus à mentir. Enfin, presque plus.
Elle ouvrit doucement la porte de la dernière chambre, et le vit debout, face à la fenêtre, visiblement concentré dans sa contemplation du jardin.
- Pourquoi as-tu fait ça ? demanda-t-il sans se retourner.
Elle ne répondit pas. Ils restèrent silencieux quelques instants, puis il se décida à se retourner et s'approcher d'elle.
- Pourquoi as-tu fait ça ?
Cette fois, son ton était un peu plus élevé, un peu plus agacé.
- Parce qu'il le fallait.
- J'ai déjà tué un de mes frères, murmura-t-il en se détournant d'elle, et voilà que je suis responsable du malheur d'un autre d'entre eux.

Elle essaya de le prendre dans ses bras, mais sans succès.
- Tu n'as pas tué Bill, Fred... C'est un mangemort qui l'a fait.
- Il est mort par ma faute.
- Écoute-moi, reprit-elle en se rapprochant de lui. Ce n'est pas ta faute, ni pour ce qui est arrivé à Bill, ni pour ce qui nous arrive à Ron et moi.

Cette fois, il ne la repoussa pas. Il la laissa s'approcher, et lorsqu'elle voulu lui répéter que rien de tout cela n'était de sa faute, il ne la laissa pas parler. Il apposa ses lèvres sur les siennes, d'abord délicatement, plus de manière plus passionnée. Elle répondit à son baiser, s'accrochant de ses mains à son dos, à ses hanches, à ses cheveux...
- Nous ne pouvons pas...

Il avait murmuré ça dans un souffle, contre son oreille. Si le message aurait eu tendance à la refroidir, sa façon de lui susurrer ça lui avait au contraire procuré des frissons sur tout le corps. Elle le savait défendu, mais elle ne pouvait s'empêcher de le désirer de tout son être. Elle cherchait son contact, voulait sa peau, plus rien n'existait en dehors de leurs corps brûlants.
Ils étaient si proches, c'en était presque douloureux. Ils étaient prêts à se donner l'un à l'autre, n'attendant chacun qu'un signe pour se dévoiler, qu'une ouverture pour s'engouffrer...

Lorsqu'ils entendirent clairement quelqu'un taper à la porte, ils sursautèrent et mirent fin au contact qui les unissait. Elle n'eût que le temps de transplaner en une fraction de secondes avant que la porte ne s'ouvre sur Ron, à la recherche de son frère.

And this will be our favorite song. [FREMIONE]Where stories live. Discover now