Chapitre 6

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Heather

Jack me fixe, les yeux ronds, la bouche entre-ouverte comme s'il s'apprêtait à parler. Je vois dans ses yeux qu'il me voit comme une menteuse.

— Qu'est-ce que tu racontes ? se défend-il en faisant un pas en arrière comme si je lui avais flanqué une baffe.

Je ne voulais pas être aussi direct, je ne savais pas que les humains étaient choqués aussi rapidement.

— Je ne suis pas ta sœur. Je suis simplement... (Je pousse un soupir.) Il faudrait tout te détailler de A à Z.

Il s'appuie au chambranle de la porte.

— Je t'en prie, dis-moi tout. J'ai toute la nuit s'il le faut.

Je m'adosse au mur, jambes croisées.

— As-tu le même esprit ouvert que ton père ? le questionné-je.

Il hoche la tête.

— Oui, du moins je pense.

— Est-ce que tu me croiras sur parole ?

— Comment le pourrais-je ? Peut-être que tu es une Privilégiée infiltrée, argumente-t-il.

Je hausse les sourcils. C'est absurde.

— Moi ? Une Privilégiée ? Bien sûr que non.

Vu le type d'habitation dans lequel il vit, c'est plutôt lui qu'on pourrait prendre pour un de leurs rangs. Mais je dois me rappeler que les membres du CRC ont, eux aussi, droit à des habitations comme dans l'ancien temps, échappant à ces misérables conteneurs destinés à la Communauté basique.

— C'est ce qu'une Privilégiée dirait.

Je lève les yeux au ciel. C'est vraiment mal parti et ça promet d'être long s'il continue de garder ce point de vue.

— Je ne suis pas une des leurs, je te le jure. Par contre, les gens comme moi existent parceque les Privilégiés l'ont voulu.

Il se penche, le nez retroussé, attendant vainement que je m'explique. Je m'exécute, en commençant par lui poser une question essentielle.

— Je suis très différente de toi. Extrêmement différente, en fait. Ton père ne t'a jamais parlé de son projet ?

Il se mord la lèvre et lève les mains.

— Si, mais...pas en détail. Je sais qu'il cherchait à créer le remède capable de sauver ma mère du Virus.

Je baisse les yeux, mal à l'aise. Je savais déjà que Harris n'avait pas pu sauver sa femme malgré l'aide que je lui avais apportée par le passé.

— Je l'ai aidé à trouver un antidote (Jack plante son regard empli d'espoir dans le mien), mais malheureusement, nous avons échoué. Il ne t'a pas parlé d'un autre de ses projets ? m'enquis-je.

— Non, pas que je m'en souvienne. Tu sais de quoi il s'agit ?

— Je le sais mieux que quiconque, parceque tu l'as devant toi.

Il tressaille.

— Quoi ?

— Je suis...son projet, dis-je en me montrant de la tête aux pieds à l'aide de ma main droite.

Il ne comprend pas, il a le front creusé et me regarde comme si j'étais un spécimen de foire à faire bannir par les Privilégiés pour cause de démence.

— Je ne suis pour ainsi dire...pas réelle.

Il écarquille les yeux.

— Je me doutais bien que quelque chose clochait chez toi.

Virus, tome 1: MortelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant