Chapitre 5 - Nolan

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Mon dieu je suis chez lui. Je triture nerveusement mon t-shirt en admirant la décoration, le soleil qui me tombe dessus par la grande baie vitrée. Je ne devrais pas être ici.

Pourquoi n'ai-je pas totalement refusé ? J'aurais dû partir dès que je lui ai rendu ses clefs au lieu d'attendre et d'hésiter. Je serais reparti tranquillement, le ventre vide, avec la hâte de dévorer ma plâtrée de nouilles. Mais non, il a fallu que je minaude et qu'il insiste très légèrement pour que je reste. J'ai bien eu un sursaut de lucidité quand, quasiment arrivé devant sa porte, j'ai raté une marche. Il m'a rattrapé, et je suis conscient que j'ai ainsi évité quelques douleurs, mais fallait-il réellement que le hasard fasse poser sa main pile sur mes brioches ? J'ai fait un bond, commençant à vouloir partir, tellement gêné : dès qu'on me touche cette partie du corps je commence à bander et ça m'allume. Et il a encore fallu que, de sa voix douce et grave, il "m'impose" de rentrer avec lui. Alors, quitte à ce qu'il apprenne que je suis gay, que je me ridiculise plus encore devant lui avec mon érection, je n'ai pas insisté. J'ai fonctionné en mode automatique, enlevé mes chaussures, répondu simplement à sa question et suis parti l'attendre dans le salon. Pendant plus de cinq minutes.

Je me rends soudain compte qu'une douce musique retentit dans la pièce, un air d'Opéra comme maman aimait tant. Mon estomac se serre et je froisse encore plus nerveusement mon vêtement.

– Attention tu vas l'abîmer sans que cela ne soit récupérable!

Mes gestes se figent et je reste, le haut à moitié relevé, frippé entre mes doigts. Je le regarde apporter deux verres - vides pour le moment - ainsi que quelques trucs à grignoter.

– Alors, que veux-tu boire?

– Je... Est-ce que vous pouvez changer la musique, s'il vous plaît?

Je vois son sourcil se lever et il m'interroge du regard. Je laisse donc ma langue se délier très légèrement.

– Maman adorait l'opéra. Elle est décédée. Et je veux bien un jus de fruits.

Je baisse les yeux et lisse mon haut, les joues rouges comme une tomate. J'entends vaguement un "je te l'apporte, assieds-toi en attendant". Je me laisse tomber dans l'immense canapé ultra confortable - c'est autre chose que mon clic-clac acheté d'occasion - la bouche sèche et les yeux baissés. Je le remercie quand il revient, un grand verre de jus d'orange pour moi, je ne sais quel alcool pour lui. La couleur doré me donnerait presque envie de tremper les lèvres dedans, ou mieux encore : partager la dernière goutte du breuvage en la récupérant directement sur sa pulpe charnue. Je me secoue, ne reconnais pas la musique beaucoup plus neutre qui nous entoure maintenant, mais le remercie encore une fois. Le seul moment où je lève les yeux c'est quand nous trinquons. Et je me replonge ensuite dans mon verre.

– Et bien manges, Nolan !

Toujours sonné et obéissant, je tends la main vers les petites entrées et dévore ce qu'il a mis sur le plateau. Jambon, fromage, olives, tomates,... Du coin de l'oeil je vois qu'il déguste son verre, et j'ai l'impression de voir une étincelle d'amusement dans ses prunelles. À moins que ce ne soit le soleil couchant.

Après avoir vidé les trois quarts de ces délicieux mets qui coûtent probablement le prix de ce que je mange en une semaine, je le remercie une fois de plus et tente de m'échapper. Peine perdue ! J'ai l'air d'avoir si faim, il veut me contenter... Je bafouille que je suis gêné, mais d'un haussement d'épaules il me laisse entendre que c'est ridicule, je vais l'aider à vider son frigo. Quand il me demande quel reste je veux manger, je salive. Depuis combien de temps n'ai je pas eu de vrai bon repas ? Et en plus je me fais servir, il refuse que je l'aide. Je n'arrête pas de le remercier jusqu'à avoir la bouche pleine, savourant un bon petit plat maison. Il re-remplit mon assiette une fois qu'elle est vide, ce n'est que quand il finit à son tour qu'il me propose un dessert. Mon regard s'égare quelques instants sur les boutons de sa chemise avant que je n'accepte, l'estomac déjà bien plein. Je reste sagement assis et regarde les courbes du chino beige disparaître dans la cuisine. Heureusement qu'il y a de la musique pendant le repas car je reste muet, contrairement à mon corps qui est en feu...

Gay Anatomy (B&B)Where stories live. Discover now