Morceau 11

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J'avais énormément de mal à me concentrer. Même si les cours de français me passionnaient toujours autant. Ce matin, je ne pouvais m'empêcher de penser aux auditions.

Dès que j'avais déclaré à Olivia que j'allais auditionner, elle n'avait pas hésité une seule seconde à en parler au dîner le soir-même. Elle en avait délibérément fait part à sa mère et à Marcus pour que je ne puisse pas me défiler. Avec Tante Marie au courant, difficile de revenir sur ma parole.

Ce matin, juste avant d'aller en cours, je m'étais rendue dans la salle de musique voir ce fameux Mr. Vilpin. Grande fut ma surprise lorsque je découvris qu'il était un jeune professeur de musique. Je m'attendais au fameux cliché : dans la soixantaine, grand et mince —sans oublier les lunettes carrées et les longs cheveux gris. Je m'étais bien trompée. Mr. Vilpin était tout ce qu'il y avait de plus normal.

Lorsque je lui avais dit que je venais pour auditionner, j'avais vu un énorme soulagement sur son visage. Il m'avait ensuite dit que peu d'élèves s'étaient présentés et que j'étais en compétition avec une autre fille pour la place de violoniste. Il n'avait pas assez de temps pour nous faire faire une audition alors le professeur m'avait dit que je devrais apprendre les partitions du spectacle et que c'était après quelques répétitions qu'il choisirait entre nous.

Au début, je fus assez hésitante. J'allais devoir apprendre toutes les partitions du spectacles et je n'avais pas la garantie de les jouer lors de la prestation. J'avais eu la chance, par la suite, de découvrir que je connaissais déjà la majorité des morceaux. Mais je me faisais plus de soucis pour l'autre fille. Je ne savais pas si elle les connaissait. Mr. Vilpin n'avait pas jugé utile de me dire comment elle s'appelait où dans quelle classe elle était. Je n'allais connaître son identité que lors de la première répétition qui se déroulerait après les cours, cette après-midi. D'où mon étourdissement.

— Mademoiselle Rivera, me dit mon professeur. Le cours est terminé, vos camarades sont déjà partis.

Je regardai autour de moi et vis, qu'effectivement, tout le monde avait déserté. J'étais tellement plongée dans mes pensées que je n'avais pas entendu la cloche sonner.

Je m'excusai auprès de mon professeur de français pour mon étourdissement et partis en direction de mon casier.

Voilà quelque chose qui était complètement nouveau pour moi. Dans mon école privée en France, nous n'avions pas de casier. Nous n'en avions pas besoin.

Contrairement aux autres écoles, nous ne trimbalions pas des centaines de livres sur notre dos. Environ un an après mon inscription là-bas, le conseil d'administration avait mit en place l'utilisation de tablettes. C'était plus pratique et notre sac était beaucoup plus léger. Les élèves de l'école ayant tous des parents fortunés, l'achat d'une tablette éducative n'était pas une dépense faramineuse.

Je déposai mes livres de littérature et fermai mon casier. Je sursautai lorsque je vis Andrews, appuyé contre le mur juste à côté. Je ne l'avais pas remarqué avant maintenant.

Il avait décidé de mettre le maillot de son équipe préférée de hokey et avait coiffé ses cheveux en arrière, les aplatissant au passage. Dommage.

— Tu sais ce que c'est ?

— Un téléphone, lui répondis-je lorsqu'il agita le sien devant moi.

— Exactement ! Et figure-toi que tu en as un, toi aussi.

Je levai un sourcil, ne comprenant pas où il voulait en venir.

— Tu n'as pas répondu à mon appel, hier.

— Oh, je commençai ma marche vers ma prochaine salle. Vraiment désolée.

La joueuse de violonWhere stories live. Discover now