Chp 1 - Androcée

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Un frémissement dans les feuilles. Du bois qui grinçait, qui se plaignait sous une contrainte. Son déplacement était vif, agile et assuré. Lae viera juvénile se déplaçait rapidement, libre comme l'air. De ses pattes puissantes, iel se propulsait d'arbre en arbre, utilisant les larges feuilles comme tremplin ou toboggan. Tout était utile dans les bois, tout avait une raison d'être. Surtout aux yeux de lae jeune Ravel.

Un rire répondait parfois aux oiseaux quand iel ne pouvait contenir son plaisir. La petite silhouette filait dans la frondaison. C'était sa maison, la Jungle de Golmore, iel la connaissait parfaitement. Tout du moins, les bois proches de son hameau. Depuis tout.e petit.e, Ravel, comme tous les vieras juvéniles, avait appris à appréhender son environnement, à le faire sien. Les gardiennes de la forêt devaient être en parfaite communion avec le corps de celui qu'elles vénéraient, l'Esprit de la Forêt.


Ravel ne se voyait pas vraiment devenir une gardienne. Iel n'était pas suffisamment fort.e pour ça. Eirin, sa grande sœur, était une sentinelle. Elle était forte et courageuse, sa sœur. Elle patrouillait dans les bois pour veiller. Parfois même, elle accompagnait un détachement à l'extérieur de Golmore. Elle avait raconté les plaines de Nagxia une fois et Ravel avait écarquillé ses grands yeux verts. Et elle lui parlait de temps en temps d'une grande ville d'Othard, le continent au delà des plaines et des montagnes. Une ville grouillant de monde, aux couleurs chatoyantes mais dépourvue d'arbres millénaires. Ravel avait bien du mal à imaginer un monde sans arbres. Cela devait être bien vide.

D'un côté, iel aimerait bien visiter ces endroits. Par curiosité. Ça l'intriguait, tout de même. De l'autre côté... quitter sa forêt l'effrayait. Ravel aurait aimé avoir le courage de sa sœur mais ce n'était pas le cas. S'éloigner du hameau, c'était dangereux. Il y avait des monstres forts et les menaces étaient légions. Sans parler des mâles.

Les vieras mâles ne vivaient pas au clan. C'était la tradition. A la puberté, quand le genre était décelé, les mâles partaient dans l'ombre des bois et devenaient des protecteurs. Ils gardaient les frontières et s'assuraient qu'aucune menace extérieure se s'approchât du cœur de la jungle, là où résidaient les femelles et les petits. Ils étaient forts, les mâles, parce que les faibles ne survivaient pas. Mais ils avaient ce petit quelque chose qui impressionnait Ravel.

Iel en voyait, tous les ans, quand ils venaient au hameau pour la saison des amours et pour emmener avec eux les vieras qui s'avéraient être des mâles. Ils avaient cette prestance qui écrasait toujours les plus jeunes. Ravel ne pouvait s'empêcher de courber l'échine en les croisant, les oreilles bien basses. Eirin disait qu'il ne fallait pas en avoir peur, qu'ils étaient des leurs, mais qu'ils veillaient sur elles depuis les ténèbres des bois. Ravel avait quand même peur. Peur de là où ils venaient. Ça avait l'air excessivement dangereux.

Lae jeune viera s'arrêta dans sa course, haut dans un arbre. Iel était loin de la futaie, mais en baissant les yeux, iel voyait à peine le sol. Ravel fixa son regard loin devant, espérant y voir le lieu de vie des mâles. Iel les savait nomades. Peut-être l'un d'eux était en train de l'observer à l'instant-même. Un frisson lae parcourut et iel se frotta les bras. Ravel ne voulait pas aller si loin dans la forêt. Une chose était certaine, quand iel serait adulte, iel ne serait pas sentinelle comme Eirin, iel se choisirait un rôle qui ne l'éloignerait pas du hameau, où iel serait en sécurité.

Ce fut rassuré.e par cette idée, que lae jeune viera s'élança de nouveau et retrouva sa jovialité. Iel bondit de sa branche et fit résonner sa voix entre les arbres, répondant à nouveau aux oiseaux comme si leurs chants lui étaient destinés. C'était agréable. Il était tôt encore et la leçon de tir à l'arc n'était que dans l'après-midi. Ravel avait le temps. Lae viera grimpa sur un arbre haut, très haut. Iel voulait sentir les rayons du soleil sur sa peau dorée et le vent dans ses oreilles. Quand enfin la cime n'offrait plus de prises pour monter davantage, Ravel se tendit de tout son long et leva le museau vers le ciel. Iel avait fermé les yeux pour s'habituer à la grande clarté à travers ses paupières closes avant d'affronter le soleil, directement. Quand iel souleva ses longs cils bruns, iel dut papillonner pour y voir clair et un grand sourire éclaira son visage.

[FFXIV] AndrocéeWhere stories live. Discover now