la mer est plus belle

xx

j'ai toujours crû que toi et moi c'était quelque chose qui était écrit et que l'univers avait prévu depuis toujours.
je pensais que rien ne pouvait se mettre entre nous parce que, justement, ce nous, c'était une évidence.
je pensais que cette étincelle qui m'enflammait à chaque fois que ma peau entrerait en contact avec la tienne brûlerait éternellement mais j'ai eu tort.

j'ai mis du temps à écrire ce message, je l'ai recommencé encore et encore et ce n'est sûrement pas la meilleure version, peut-être la plus authentique.
et pourtant, j'te l'envoie parce que je suis terrifié à l'idée de passer à côté d'une magnifique histoire juste parce que je n'aurais pas eu les tripes d'appuyer sur un bouton.
peut-être que je ne suis qu'un abruti qui se fait des idées et que t'as déjà refait ta vie avec quelqu'un d'autre mais au moins, je n'aurais pas de regrets.

alors si l'étincelle brille encore un peu de ton côté, sache que je t'attendrai sur notre plage la date de l'anniversaire du jour où t'as chamboulé ma vie.

je t'aime,
taehyung.

jimin ne cessait de se répéter les mots de taehyung alors que ses pieds reprenaient instinctivement le chemin de la crique qui avait assisté à la naissance de la fameuse étincelle.

il avait longtemps hésité avant d'ouvrir le message envoyé près d'un mois après leur rupture, mois pendant lequel jimin n'avait jamais reçu de nouvelles de taehyung.

puis, après une semaine de réticence, il l'avait lu et l'avait relu chaque jour depuis.

il avait fini par le connaître par cœur, de la première lettre au point final, sachant placer toutes les virgules.

il avait décidé d'aller rejoindre taehyung quelques jours auparavant et le billet lui avait coûté un bras mais jimin était persuadé que cela en valait la peine.

rien n'avait réellement changé en un an, la mer était toujours aussi belle, le ciel toujours aussi bleu et le sable toujours aussi chaud.

il devait être dix-huit heures et la chaleur étouffante était retombée.

jimin n'avait pas pu arriver plus tôt à cause d'un énième grève des conducteurs de trains.

il angoissait à l'idée que taehyung ne soit pas sur la plage, qu'il soit parti, las d'attendre ou bien pire, qu'il ne soit jamais venu.

mais taehyung était bien là, à l'attendre sous le soleil, un livre de poèmes dans les mains.

il était de dos et alors que jimin déposait ses mains sur ses paupières, il se rappela du soir de leur premier baiser.

un sourire se dessinait sur son visage.

— j'ai pensé que tu ne viendrais pas déclara taehyung. sa voix n'avait pas changé. jimin, je suis dé-

— non tae', c'est moi qui suis désolé, c'est moi qui n'ai pas eu le courage de continuer et je m'en veux tellement le coupa l'aîné.

ils n'avaient pas besoin d'en dire beaucoup plus, ils se comprenaient.

en quelques phrases et regards exprimant leurs émotions, les derniers mois avaient été oubliés.

jimin s'était assis aux côtés de son amour et leurs doigts étaient tendrement entrelacés.

ils avaient discuté pendant des heures si bien que le soleil était en train de disparaître les éclairant d'une jolie lueur orange.

— j'ai vraiment crû que je t'avais perdu dit soudainement taehyung en resserrant son étreinte sur les doigts de jimin.

— tu ne m'as jamais perdu, j'avais juste du mal à retrouver le chemin.

taehyung sourit et jimin l'imita.

il était heureux d'être là, si heureux que son cœur pourrait exploser.

et jimin se dit que si ce coucher de soleil aux côtés de taehyung était la dernière chose qu'il avait à vivre avant de mourir d'une overdose d'amour et de bonheur, alors cela lui convenait parfaitement.

fin.